Un quartier d’Annecy profitera des bienfaits thermiques de son lac
Le futur quartier des Trésums à Annecy (Haute-Savoie) sera les pieds dans l’eau, à tous les sens du terme. Grâce à une installation de lacustrothermie – une première en France – ses logements pourront couvrir la plus grande partie de leurs besoins en froid et en chaud avec les eaux profondes du lac. Détails.
On connaissait la géothermie qui va chercher des calories dans les profondeurs du sol. Et la thalassothermie qui se déploie sur les rivages marins. La transition énergétique pourra désormais également compter sur la lacustrothermie, c’est-à-dire l’utilisation de l’inertie thermique d’une grande masse d’eau douce. À Annecy, en descendant à 20 mètres sous la surface du lac, il sera possible de trouver une eau constamment à 7 °C, quelle que soit la température extérieure. En été, on pourra donc rafraîchir des constructions grâce à un moyen naturel de circulation d’eau fraîche, tandis qu’en hiver, lorsque le thermomètre baissera sous la barre du 0 °C en surface, il sera encore possible de trouver une eau moins froide et d’y grappiller un peu d’énergie.
La société Idex a obtenu, au début de l’année, les autorisations nécessaires à la création et l’exploitation sur 30 ans d’un réseau de chaleur et de froid renouvelable qui répondra aux besoins du quartier des Trésums, en reconstruction. Sur les bords du lac, sont prévus 18 bâtiments totalisant 550 logements (dont 30 % de logements sociaux) et divers équipements (hôtel, maison de repos et centre nautique). La boucle d’eau couvrira 95 % des consommations de chauffage et production d’eau chaude sanitaire et même 100 % des consommations de climatisation. Soit respectivement 11 000 et 400 MWh/an de production grâce à des pompes à chaleur. Idex a calculé que le réseau urbain consommera 15 fois moins d’électricité qu’un système de climatisation standard et qu’il permettra d’éviter l’émission de 2 250 t CO2/an par rapport à du chauffage classique. L’entrée en service était prévue pour l’automne 2021 (avant la crise du Covid), tandis que le budget de l’opération était initialement chiffré à 5,7 M€ (dont 1,7 apportés par l’Ademe). Une étude environnementale a été réalisée pour s’assurer que le projet n’aurait pas d’impact sur le milieu naturel tandis qu’un suivi sera mené pour préserver la qualité des eaux du lac.
Quid du Léman et du Bourget ?
Des réseaux de froid fonctionnent déjà sur des cours d’eau comme la Seine à Paris. Mais l’installation d’Idex à Annecy sera la première du genre sur un lac qui, plus que jamais, justifiera son origine « glaciaire ». D’autres projets sont en cours, notamment B’eeauLac (Bourget Environnement Energie Aménagement Urbanisme) annoncé à la fin de 2016 par la métropole de Chambéry et Savoie Technolac qui vise à pomper l’eau du lac à 35 mètres de profondeur cette fois, pour y trouver une température de 6 °C. A Genève, sur le Léman, l’installation suisse GeniLac fait office de référence : le réseau puise l’eau à 45 mètres de profondeur et alimente le quartier des Nations où sont installées de nombreuses organisations internationales. Lancé en 2015, ce réseau urbain pourrait contribuer à une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 70 000 t CO2/an grâce à des extensions vers le centre-ville et l’aéroport. Des villes françaises, comme Thonon-les-Bains ou Evian, pourraient également profiter d’installations lacustres équivalentes pour rafraîchir/réchauffer leurs bâtiments de façon plus durable.
G.N.