TOP 100 Zepros Négoce : AkzoNobel maintient les investissements planifiés pour son développement

Grégoire Noble
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Frédéric Guetin (directeur Akzo Nobel France) et Pierre Orbiscay (directeur Bâtiment) font le point sur la période 2019-2020.

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Zepros Négoce : Pouvez-vous faire un bilan de l’année 2019 ?

Frédéric Guetin & Pierre Orbiscay : Il y a eu la mise en place d’un plan stratégique de reconquête, avec un redéploiement raisonné de notre réseau propre. Nous avons revu les secteurs où nous souhaitions nous développer : une dizaine d’agences ont été fermées et quatre ont fusionné. L’idée était de concentrer les moyens où l’effet réseau joue, en se focalisant sur des villes importantes avec 2 ou 3 points de vente. Et nous avons arrêté le concept de « shopping shop » Sikkens chez Point.P. Un nouveau concept a été proposé à la place, plus adapté à leur clientèle avec la gamme Sikkens Artisans, de façon à nous adapter aux différents métiers qui peuvent avoir besoin de peindre. Les performances ont été en ligne avec celles du groupe. Les engagements ont été tenus. Le but était de retrouver le chemin de la croissance avec des distributeurs indépendants (qui représentent 40 % de notre CA) dans un marché divisé.

Zepros Négoce : Quelles tendances avez-vous identifiées ?

F.G. & P.O. : La déspécialisation est à l’œuvre ; les frontières sont moins nettes, plus ténues. Les professionnels peuvent aller s’approvisionner dans des magasins grand public. Une partie du marché est tenue par des non spécialistes. Malgré tout notre réseau reste notre premier débouché.

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Zepros Négoce : L’épidémie est arrivée, comment AkzoNobel a fait face ?

F.G. & P.O. : Notre usine est située à Creil, à proximité d’un des premiers foyers du coronavirus. La sécurité chez AkzoNobel est notre priorité. A la fin du mois de février, nous avons donc mis en sécurité l’entreprise et protégé nos collaborateurs en les « confinant » très tôt pour travailler en sécurité. Nous avons eu la « chance » d’être confrontés très tôt au problème, d’où une bonne réactivité. Sur 1 600 collaborateurs en France nous n’avons eu aucun cas grave. La sécurité sanitaire était notre priorité, tout en continuant le business et en maintenant le contact avec nos clients. Le lundi 16 mars, l’affluence dans nos points de vente avait doublé et le lendemain, à midi, il a fallu fermer… Nous avons travaillé sur les mesures barrières au sein du groupe et au bout de 15 jours, nous avons réouvert en mode drive avec des commandes préparées à l’avance et aucun contact physique. Les employés travaillaient sur la base du volontariat. Au fur et à mesure des semaines, nous avons passé beaucoup de temps à rassurer et partager, pour garder le contrôle en toute circonstance. Nous n’avons pas eu de clients particuliers pendant 1 mois pour éviter de les inciter aux déplacements. Aux alentours du 20 avril, le click & collect a été proposé au grand public. Et le 8 mai, le réseau était rouvert à 100 %. Tout s’est fait simplement et naturellement.

Zepros Négoce : Quels sont les enseignements à tirer de cette période ?

F.G. & P.O. : Beaucoup d’écoute, beaucoup de formations en vidéo et un professionnalisme reconnu. Nos commerciaux ont gardé le contact avec les clients par téléphone. Nous avons souhaité nous positionner sur l’après-Covid pour les servir encore mieux et nous projeter vers l’avenir. Tout a été fait pour éviter le chômage partiel toujours en adéquation avec le niveau d’activité. Les dispositifs utilisés ont été limités dans le temps. Au niveau européen, AkzoNobel avait une cellule de crise qui permettait de prendre les bonnes décisions en amont de phase. Nous avons commandé 100 000 masques et nous avons du stock aujourd’hui.

Zepros Négoce : Économiquement, ces mesures et la perte d’activité ont un coût…

F.G. & P.O. : En mars, nous avons enregistré un recul de -40 %, qui est passé à -60 % en avril. En revanche, le mois de mai a été quasiment normal. L’activité est encore faible du côté des professionnels et le retour aux affaires est un peu lent. Mais elle est très forte côté grand public. Nos clients distributeurs indépendants, de plus petite taille, ont été agiles et réactifs. Et finalement, le mois de juin a été assez proche de la normale. Donc si nous terminons l’année en progression en ne tenant compte que des 10 mois « normaux » (moins mars et avril) alors nous serons contents et satisfaits d’avoir servi nos clients.

Zepros Négoce : Pour la suite, comment l’envisagez-vous ?

F.G. & P.O. : Nous avons beaucoup de projets, avec des annonces qui seront faites au 4e trimestre. Rien n’a été arrêté ni remis en cause. Les investissements restent maintenus et le plan de développement reste d’actualité. Nous ne faisons pas de repli frileux. Nous sommes très focalisés sur l’importance du service et nous travaillons au maximum à faire gagner du temps et de la productivité à nos clients en proposant de nouveaux services. Avec l’exemple du drive nous avons vu qu’avec des commandes anticipées et des horaires de rendez-vous respectés, nous étions capables d’« industrialiser » nos processus, là où d’habitude il y a un certain désordre. Nous avions même un créneau de tout début de journée, « l’express 6’ » pour des commandes passées la veille, soit 30 minutes dédiées exclusivement à nos clients privilégiés. Quoi qu’il en soit, la France reste une priorité pour le groupe. La dynamique est positive malgré un marché complexe et très éclaté.

Zepros Négoce : Un accent a été mis sur le digital ?

F.G. & P.O. : L’usage de nos outils a explosé, avec des passages multipliés par 1 000 mais nous étions prêts. Tout a tenu le choc. Face à l’accroissement de la demande, nous allons investir pour améliorer le digital, en optimisant les outils existants. Le groupe AkzoNobel est également en ordre de marche pour le télétravail, nous n’avons eu aucun problème de connexion.

Zepros Négoce : À titres personnels, comment avez-vous vécu cette crise ?

F.G. & P.O. : Elle a été passionnante. Tout est allé très vite, les décisions n’étaient pas simples à prendre mais il sera possible d’être plus forts après. Nous avons su faire avancer nos projets. L’atmosphère d’équipe était positive, prête à aller au combat. Il y a une énorme fierté d’avoir eu des équipes réactives, qui n’ont rien lâché, même si psychologiquement c’était un peu dur pour tout le monde. Paradoxalement, même si nous avions déjà l’habitude d’un peu de télétravail en étant une entreprise décentralisée, cette période a resserré les liens. Tout n’est pas possible à travers un écran mais il y a un équilibre à trouver. Et il a y eu un vrai plaisir de revenir progressivement au siège à partir du 11 mai. Ce moment de crise a été révélateur.

Propos recueillis par Grégoire Noble

Grégoire Noble
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