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La chaleur solaire s’invite dans les réseaux urbains

Grégoire Noble
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[Zepros Energie] Répandues dans d’autres pays, notamment d’Europe du nord, les centrales solaires thermiques collectives font une timide apparition en France. La ville de Narbonne (Aude) vient de débuter le chantier d’une grande installation qui alimentera le réseau de chaleur local, contribuant ainsi toujours plus à son verdissement.

Si les centrales solaires photovoltaïques se multiplient sur le territoire, il n’en va pas de même pour les centrales solaires thermiques qui exploitent la chaleur de l’astre du jour. Elles demeurent rares en France, contrairement à d’autres pays européens, notamment scandinaves, qui les développent fortement. Pourtant, la chaleur solaire se montre bien adaptée aux besoins du chauffage urbain, surtout dans les réseaux à basse température (70 °C au départ). La société bordelaise NewHeat s’est fait une spécialité de ces centrales : après avoir mis en service le réseau de chaleur de la ville de Pons (Charente-Maritime) en 2019, elle s’est lancée en 2020 dans la construction d’une grande installation solaire thermique pour la Société narbonnaise de chauffage (filiale de Dalkia).

Le projet « Narbosol », soutenu par le Fonds Chaleur de l’Ademe, déploiera une puissance de 2,3 MWth grâce à un champ de 2 872 m² de capteurs. Reliée au réseau de chaleur de la ville dans le quartier de Saint-Jean-Saint-Pierre en bout de branche, la centrale alimentera des logements sociaux et des bâtiments communaux. Elle permettra de verdir les sources d’énergie et de porter la part des EnR à plus de 70 % en remplaçant du gaz naturel. Un stockage d’eau chaude de 1 000 m3 assurera le lissage de la production et améliorera le fonctionnement de la chaudière biomasse en période hivernale. Le Cerema explique : « Idéalement un réseau doit fonctionner en basse température avec un bon delta T et des températures de retour basses. C’est pour cette raison que les écoquartiers présentent une bonne opportunité car ils conviennent bien aux réseaux basse température. L’alliance du bois et du solaire thermique permet d’arrêter la chaufferie biomasse souvent surdimensionnée pour les besoins estivaux (ECS uniquement) sans pour autant utiliser le gaz ». Avec environ 2 200 MWh de production annuelle, il est attendu que Narbosol évite l’émission de 500 à 600 tonnes de CO2, concourant ainsi à l’amélioration de la qualité de l’air localement.

Un fort potentiel, même dans le Nord

C’est avec les solutions techniques de la société suédoise Savosolar que NewHeat développera la centrale de Narbonne. Le contrat passé entre les deux entités se monte à 850 k€ environ. L’entreprise française sera propriétaire et exploitante du système, et elle revendra la chaleur à la compagnie de chauffage urbain. Jari Varjotie, le p-dg de Savosolar, explique : « NewHeat est un développeur de projets solaires thermiques à grande échelle très actif et compétent sur un marché en forte croissance. Savosolar a déjà livré en 2018 le système de Condat-sur-Vézère, pour la production de chaleur dans un process de papeterie ». Car les systèmes de valorisation de la chaleur solaire sont également parfaits pour diverses applications industrielles, dont la production de papier ou encore l’agroalimentaire (brasserie, laiterie…).

La puissance déployée en Europe, avec 250 installations solaires reliées à des réseaux de chaleur, s’établit à 750 MWth. La France, pour sa part, se contente encore de quelques milliers de m² seulement, à Vidailhan (Haute-Garonne), Juvignac (Hérault), Chateaubriant (Loire-Atlantique), et à Narbonne, au début de 2021 donc. À elle-seule, la région des Hauts-de-France estime disposer d’un fort potentiel d’intégration du solaire avec 32 réseaux de chaleur. Les résultats obtenus seraient très positifs avec des productivités supérieures à 600 kWh/m² et des rendements solaires de 45 % sur l’année.

G.N.

Grégoire Noble
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