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"Nous sommes mieux organisés maintenant", Christophe Blaise (entrepreneur des TP)

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Christophe Blaise, chef d'entreprise (Chris TP) dans la région d'Aix-en-Provence nous livre son sentiment sur la situation actuelle. Reprise des chantiers, gestion des mesures barrières, difficultés d'approvisionnement, location de matériels, surcoûts et aides, il passe en revue tous les points cruciaux de son activité de travaux.

Zepros Bâti : Quelle était votre activité avant la crise du coronavirus puis celle pendant la période de confinement ?

Christophe Blaise : L’entreprise a été créée en 2010 et ses effectifs étaient montés à 12 salariés mais, suite à un accident, nous avons été contraints de les réduire à 3 employés. Nous avons une clientèle de particuliers et de professionnels, petits ou gros, pour des travaux de terrassement et aménagement. Avant la crise, notre carnet de commandes était rempli sur 2 ou 3 mois de travail. Depuis, nous n’avons plus que 2 semaines de visibilité devant nous, car il y a eu pas mal de pertes. Sur le premier mois, l’activité a plongé de -70 % sur les travaux publics. Heureusement, nous avons eu la chance que des particuliers nous appellent encore. Aujourd’hui, à la mi-mai, nous en sommes à -50 % environ, car nous avons un peu remonté la pente. Nous sommes mieux organisés avec les fournisseurs, comme les carrières, et les loueurs qui ont réouvert, ce qui nous permet d’accéder à d’autres chantiers. Auparavant, nous avions eu des difficultés d’approvisionnement lors des deux premières semaines du confinement. La reprise des chantiers n’était pas un manque de volonté de notre part.

Zepros Bâti : Vous avez donc continué les chantiers. Comment se passent-ils désormais ?

Christophe Blaise : En VRD le cotravail n’est pas évident à gérer. Il y a un zonage à respecter et duquel il ne faut pas sortir, des distances de sécurité et des gestes à adopter, comme la désinfection des équipements, le port du masque qui n’est pas évident ou encore la distanciation physique. Des réunions de chantiers se tiennent donc en amont pour organiser un planning et cloisonner les activités. Nous faisons des points avec les architectes ou les maîtres d’œuvre. Il nous a fallu réinventer notre travail, car si l’activité en extérieur reste fondamentalement la même, certains gestes doivent être repensés. Dans le fourgon par exemple, nous ne laissons plus monter que deux personnes avec masques et gel hydroalcoolique. Si une 3e personne doit se rendre sur le chantier, elle emprunte un autre véhicule. La consigne a été passée auprès des salariés et nous leur faisons confiance pour la respecter.

Zepros Bâti : Ces nouvelles méthodes ont des conséquences et des coûts ?

Christophe Blaise : Elles prennent du temps mais nous faisons avec. La sécurité avant tout. Pour ce qui est du surcoût, nous ne l’avons pas encore réellement calculé mais il pourrait être évalué à environ 500 €/mois pour l’achat des matériels de protection. Pour l’heure, nous ne le répercutons pas mais si cette situation devait perdurer alors à un moment il serait nécessaire de le faire. Mais notre petite structure a moins de frais et nous nous en sortons donc mieux que d’autres plus importantes. De plus, notre activité en extérieur est plus simple à faire accepter que celle des plombiers, des électriciens ou des plaquistes qui ont de grosses difficultés à rentrer chez des clients qui n’ouvrent pas leur porte face à la psychose du coronavirus.

Zepros Bâti : Avez-vous rencontré des difficultés de trésorerie ou d’allongement des délais de paiement ? Avez-vous reçu des aides ?

Christophe Blaise : Au début, nous ne savions pas si nous avions droit au chômage partiel ou pas. Finalement c’est le cas, ce qui nous permet de pallier un peu le manque de travail. Heureusement que cela a été mis en place, cela nous aide grandement. L’Etat a été là. Nous n’avons pas eu de soucis de délais de paiement, ça s’est bien passé ave les particuliers. Avec les professionnels, nous travaillons déjà toute l’année avec eux en confiance et il n’y a pas eu de problèmes de règlements non plus. Au niveau de la trésorerie, les banques ont joué le jeu et le Prêt Garanti par l’Etat nous a été accordé avec un taux intéressant. Cela nous a permis de rester solides.

Zepros Bâti : Pour les matériels, disposez-vous de tout ce qu’il vous faut en propre ?

Christophe Blaise : Nous faisons de la location chez Kiloutou en complément de notre matériel, principalement des minipelles, mini-chargeurs et compacteurs. C’est un travail en partenariat assez simple en termes d’organisation. Nous avons été informés par mail de la réouverture des agences et des nouvelles conditions mises en place. Il n’y a pas eu de souci avec la commande par Internet puis la prise de rendez-vous. C’est très bien géré. Le parcours est bien indiqué, sans aucun contact, avec des bons envoyés par mail. L’avantage est que les machines étaient très disponibles !

Zepros Bâti : Comment envisagez-vous la poursuite de votre activité et la fin de l’année ?

Christophe Blaise : Les perspectives ne sont pas négatives, il faut aller de l’avant. Au niveau des Travaux Publics il y aura un gros ralentissement certes, jusqu’à la fin du mois de septembre sans doute. Mais les particuliers en revanche, qui ne partiront pas en vacances à l’étranger, souhaiteront sans doute améliorer leur habitat, leur jardin, ou finalement faire construire leur piscine. Ils vont se reconcentrer sur leur « chez eux ». Nous aurons pas mal de boulot à développer pour répondre à cette demande. C’est une carte à jouer pour les petites sociétés comme la nôtre. Le travail est plus varié chez les particuliers, ce qui est très plaisant. Nous sommes capables de faire de belles choses.

Propos recueillis par Grégoire Noble

Grégoire Noble
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