PME du bâtiment : une embellie incontestable

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] L’U2P fait le point sur l’activité des PME du bâtiment au 1er semestre et sur les défis qui les attendent au second. Dominique Métayer (U2P) et Jean-Christophe Repon (Capeb) s’expriment sur la situation économique, la formation ou encore les prochaines élections des chambres de métiers et de l’artisanat.

Les réunions s’enchaînent pour les responsables de l’Union des entreprises de proximité (U2P) qui sortent à peine d’une réunion avec d’autres partenaires sociaux à Matignon, à l’invitation de Jean Castex, pour évoquer la réforme des retraites (mais également la question de la revalorisation des salaires et celle des conditions de travail). Une question que Dominique Métayer juge utile sur le fond, « pour assurer l’équilibre et la pérennité du régime des retraites » mais inopportune pour l’instant. « Pas avant la présidentielle et les élections législatives. La période est encore trop sensible pour traiter ce sujet-là », poursuit le président de l’U2P. Car l’année 2020 a freiné la dynamique de nombreuses entreprises. En moyenne, l’activité a chuté de -12,5 % avec un impact très focalisé sur le 2e trimestre, puis un retour à la quasi-normale aux 3e et 4e trimestres. « Les mesures d’accompagnement pour absorber le choc ont joué leur rôle », estime-t-il.

Spécifiquement dans le BTP, près de 233 000 entreprises ont bénéficié du Fonds de solidarité, dont la création a été suggérée par l’U2P ; 145 000 entreprises ont fait remonter l’activité partielle de presque 518 000 salariés en avril 2020 (elles n’étaient plus que 10 000 en novembre pour moins de 23 000 salariés indemnisés) ; tandis que le Prêt Garanti par l’Etat a été accordé à près de 79 000 sociétés pour un montant moyen de 81 000 €. Dominique Métayer argumente : « Les défaillances ont baissé en 2020 grâce à l’efficacité du dispositif ». Les entreprises, ayant traversé l’œil du cyclone, ont donc repris leur marche en avant : l’emploi salarié a même progressé en 2020 dans la construction, avec 22 000 emplois créés (+4 %). Tous les segments ont bénéficié de la bonne conjoncture du bâtiment, les corps d’état techniques comme l’électricité ou la plomberie (+7 670 salariés), le gros œuvre (+7 260 salariés) ou le second œuvre/finition (+ 7 080 salariés). Du côté de l’emploi non salarié, le nombre de micro-entrepreneurs a lui aussi augmenté : il représente aujourd’hui 50 % des 427 000 travailleurs indépendants. Le chiffre des créations d’entreprises reste orienté à la hausse, avec 82 500 nouvelles entités en 2020 (+1,8 %).

Difficultés d'embauche

En 2021, le chiffre d’affaires a progressé, mais l’U2P note de fortes disparités selon les activités, et elle rappelle que le niveau d’activité pré-Covid n’a pas encore été retrouvé. « L’embellie est modeste mais incontestable », déclare Dominique Métayer, qui souligne les difficultés des entreprises à recruter des personnes qualifiées. Environ 12 % des entreprises prévoient d’embaucher cette année (contre la moitié en 2020). Pour assurer la continuité de l’activité, l’U2P rappelle l’importance de la vaccination des salariés et l’accompagnement des entreprises en sortie de crise, avec une continuation des aides afin de soutenir les plus fragiles. L’Union plaide pour une procédure simplifiée de restructuration de la dette pour les PME de moins de 20 salariés (et dont la dette est inférieure à 3 M€) pour qu’elle puisse être étalée sur 10 ans au maximum. Sur la formation professionnelle, l’organisme souhaite participer davantage aux décisions prises sur le sujet. Le CPF notamment devrait, selon l’U2P, être réorienté vers des formations plus efficaces pour les compétences opérationnelles des salariés. Sur l’alternance, elle indique rester attentive au coût-contrat avec une convergence à appliquer entre les différents référentiels. Enfin, elle souhaite encourager la transition professionnelle des salariés en poste, « qui doivent pouvoir changer d’emploi y compris au sein de leur entreprise » notamment en employant de nouveaux moyens numériques.

Sur la représentativité, sujet cher à Jean-Christophe Repon, le président de la Capeb explique : « Il est essentiel de revoir les règles. Cela avait déjà été discuté avec Elisabeth Borne, la ministre du Travail, en 2020. Nous sommes à la veille de la refont du paritarisme et nous restons attachés au principe ‘1 entreprise, 1 voix’. Pour l’heure, trop de poids est accordé à la masse salariale. Nous souhaitons instaurer un droit d’opposition pour les petites entreprises, et modifier la répartition des sièges dans les organismes tout en améliorant la mesure de l’audience et des chiffres. Plus de transparence est nécessaire ». Cet antagonisme avec la FFB se traduit également dans une autre échéance proche, celle des élections aux Chambres de Métiers et de l’Artisanat (CMA) qui doivent se tenir lors de la première quinzaine d’octobre. Dominique Métayer explique : « Elles sont cruciales pour élire des représentants aux chambres pour 5 ans. L’U2P présente des listes sur l’ensemble du territoire. Nos concurrents représentent d’autres catégories d’entreprises… ». Le président de l’U2P évoque de futurs entretiens bilatéraux avec Bruno Le Maire (ministre de l’Economie) et Elisabeth Borne (Travail) pour évoquer les financements et les compétences.

Enfin pour l’apprentissage, en plein essor, Jean-Christophe Repon note : « La rentrée est très favorable dans le BTP. Nous sommes en bonne voie mais il n’y a pas encore assez de personnes qualifiées. Nous avons plein de propositions à faire sur l’attractivité des métiers et la question de l’orientation gérée par l’Etat. Le CCCA-BTP a notamment lancé une campagne de communication ‘Parcours d’avenir’ ». L’U2P souhaite notamment que l’aide à l’embauche des jeunes soit prolongée, au-delà du 31 décembre 2021. Des demandes formulées à Jean Castex qui seraient « en bonne voie ».

G.N.

Grégoire Noble
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