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Q-bot, le robot malin qui isole en sous-main

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Voilà des robots qui ne seraient pas pour déplaire à Q, le responsable de la division R&D du MI6, qui fournit à James Bond ses fantastiques gadgets. Ces petites machines téléguidées se faufilent en effet discrètement sous les planchers, non pas pour espionner, mais pour isoler les maisons du sol. « Betty » et « Emmeline » – leurs noms de code – projettent de la mousse PU et permettent ainsi de gagner la Guerre froide ! Révélation sur ces armes secrètes avec Martin Jervis, directeur commercial et opérationnel de Q-bot.

Il y avait eu « Little Nellie » le gyrocoptère de poche de James Bond dans « On ne vit que deux fois ». L’agent secret britannique pourra désormais compter sur du renfort avec « Betty » et « Emmeline », deux mini robots dévouées et dures à la tâche. Montées sur roues et disposant de bonnes suspensions, ces petites merveilles de technologie sont téléguidées par un seul opérateur pour effectuer une mission primordiale : isoler les planchers bas en sous-face, en évoluant dans le vide sanitaire. Martin Jervis, le directeur commercial & opérationnel de la firme Q-bot, nous révèle les dessous de l’affaire : « L’idée est venue à Tom Lipinski il y a quelques années, quand il s’est rendu compte qu’il était nécessaire d’isoler les planchers, en plus des combles et des murs, pour ne pas voir toutes les économies d’énergies fuir dans le vide sanitaire… Avec le professeur Peter Childs (Imperial College de Londres) il a déterminé que la robotique était LA réponse pour atteindre ces espaces exigus ».

Entre 2012 et 2017, les chercheurs et techniciens travaillent donc à divers prototypes et à la mise sur pied d’un modèle économique viable. Selon leurs estimations, 8 millions de maisons britanniques auraient des vides sanitaires non isolés, qui pourraient donc bénéficier de leur invention. Les avantages sont multiples : « Cette technologie est non invasive, le robot se déplace sous le plancher et atteint des zones où un intervenant humain ne pourrait pas aller. C’est ainsi beaucoup plus sûr pour les applicateurs et moins pénible. Cela permet également de réduire le nombre d’opérateur à un seul au lieu de deux, habituellement, pour une intervention ». L’unique opérateur pilote donc le robot depuis l’extérieur – potentiellement depuis la camionnette qui contient les réservoirs d’isolant polyuréthane – ce qui constitue un atout de plus en période de pandémie où les particuliers hésitent à laisser rentrer chez eux des étrangers… « Betty » peut descendre dans des vides sanitaires de 30 centimètres de hauteur et sa petite sœur, « Emmeline », est utilisée dans les espaces les plus petits, puisqu’elle peut évoluer dans seulement 20 centimètres. Toutes deux pulvérisent du PU, soit à cellules fermées (plus efficace thermiquement), soit à cellules ouvertes (plus économique et plus facile à mettre en œuvre). Le plus long reste finalement de créer une trappe pour descendre la machine sous le plancher. En mobilisant un opérateur et un robot, Q-bot promet d’isoler environ 125 m²/jour. Le prix de l’intervention dépendra grandement de sa difficulté et de l’isolant PU retenu, mais il faudra compter environ 2 000 € pour une maison standard, soit environ 30 à 50 €/m².

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N’y a-t-il pas un risque à enduire des soubassements de cette mousse chimique ? « Il faut faire attention à toute trace de moisissure, d’infestation du bois ou de présence de nuisibles, ainsi qu’à d’éventuelles fuites d’eau ou problèmes d’électricité. Tous ces soucis sont à résoudre en premier, avant d’isoler », nous explique Martin Jervis. Pour ce qui est de la sécurité incendie et des émissions de COV, pas d’inquiétude, le PU se pulvérisera bientôt sans CFC et ne se dégradera pas, sauf s’il est exposé aux rayons ultraviolets… ce qui n’arrive normalement pas dans un vide sanitaire. La seule précaution à prendre sera de laisser les pièces situées à l’aplomb inoccupées pendant 1 heure.

La flotte de Q-bot ne fait que grandir et elle dispose de 25 machines outre-Manche, avec une quinzaine d’autres en commande. La technologie, déjà déployée au Royaume-Uni et aux Pays-Bas est également disponible comme service en France, où quelques applicateurs l’ont testée. Une vingtaine de bâtiments ont ainsi été isolés dans l’Hexagone dont 6 maisons d’un bailleur social en Bretagne et un groupe scolaire en Isère. Martin Jarvis avance : « Ce marché présente un grand potentiel, peut-être aussi important que celui du Royaume-Uni, avec plus de 7,6 millions de maisons sur vides sanitaires non isolés. D’autant que les considérations de prévention santé des applicateurs sont mieux prises en compte en France ». Deux d’entre eux ont déjà signé et d’autres sont en cours de discussion avec Q-bot qui pourrait détacher une partie de sa flotte dans notre pays. D'ailleurs le géant Saint-Gobain ne s'y est pas trompé puisqu'il a investi dans la société britannique à la fin de 2019. Brexit ou pas, l’Entente Cordiale se perpétuera grâce au tunnel sous la Manche et aux robots sous les planchers !

Noble... Grégoire Noble.

Quelles implications pour la maintenance ?

Les conduits d'eau froide et de gaz longent normalement le sol ou se trouvent au milieu du vide sanitaire et restent donc dans un espace ventilé, conformément à la réglementation ;

Les conduits d'eau chaude sont normalement isolés (sauf si présence d'une vanne ou d'un point de service) ;

Les câbles électriques peuvent être laissés non isolés, mais s'ils sont enduits de PU la valeur nominale doit être vérifiée par un électricien qualifié. Généralement les câblages ne traversent le sol qu'au point d'entrée/sortie et ne transitent pas dans le vide sanitaire.

Grégoire Noble
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