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Stephan Kreutzer (Hager) : "Comment va évoluer le métier d'installateur"

Jérémy Becam
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Un grand industriel, leader sur certains marchés des composants pour les installations électriques, n’est pas qu’un fabricant de produits à destination des négoces et des installateurs. C’est aussi la possibilité de bénéficier d’une vision cohérente et réaliste des grandes évolutions actuelles et à venir que vit ce secteur d’activité, fortement lié à la transition énergétique et à la connectivité grandissante de nombreux écosystèmes.C’est évidemment le cas pour Hager qui, par la voix de son directeur général Europe de l’ouest Stephan Kreutzer, nous propose des pistes de réflexion sur ce que sera le métier d’installateurs dans les prochaines années.

L’avantage multiculturel

Ce qui est intéressant avec Hager, c’est sa faculté à s’adapter aux 2 principaux marchés de part et d’autre du Rhin. Pour Stephan Kreutzer, « l’Allemagne et la France ont toutes les 2 des spécificités qui nous font avancer. Si la France est riche d’enseignements en termes de circuits de distribution, l’Allemagne est un peu plus en avance pour ce qui concerne les énergies renouvelables et plus spécialement l’électricité d’origine photovoltaïque ». En effet, depuis plusieurs années, une construction neuve doit disposer de panneaux solaires visant à diversifier la production pour aller vers plus d’autoconsommation, conséquence directe du changement de la politique énergétique décidé par le gouvernement allemand. « Ce contexte lié au mix énergétique différent de celui en France et la volonté du gouvernement allemand de sortir de l’énergie nucléaire a occasionné une forte inflation du prix du kWh outre-Rhin qui atteint aujourd’hui les 32 cts d’euro, soit le double de ce qui est facturé en France. Les pistes de l’autoconsommation ont mené au rachat récent de l’entreprise E3DC, spécialisée dans le stockage d’énergie dans le secteur résidentiel, qui propose des systèmes de stockage et de gestion intelligente de l’électricité produite localement. Ces nouvelles compétences vont nous permettre très bientôt de lancer une solution performante que les installateurs pourront proposer à leurs clients. D’ailleurs, 2 projets pilotes sont actuellement en cours de déploiement en France afin de tester, en conditions réelles, l’efficacité et la fiabilité de ces systèmes » précise encore le dirigeant.

La connectivité encore et toujours

Toujours en termes de solutions techniques, l’autre cheval de bataille de Hager est le développement intensif des bornes de recharge pour les véhicules électriques. « Outre le marché du particulier sur lequel nous sommes déjà bien implantés, nous souhaitons intensifier notre présence sur celui des bornes collectives qui devrait connaitre un boum des ventes dans un futur proche, lié au développement de la mobilité électrique. Pour cela, nous travaillons sur la connectivité et l’intelligence de nos bornes. Ces paramètres vont nous amener, grâce au “load management”, à optimiser à terme les flux d’énergie en fonction de l’offre et de la demande électrique dans l’ensemble de l’écosystème désormais connu sous le nom de smartgrid », explique Stephan Kreutzer.La connectivité est désormai intégrée dans la plupart des solutions que propose la marque. C’est déjà le cas de la toute récente ligne d’appareillages baptisée “Gallery” qui bénéficie d’un minimum de fonctionnalités liées au pilotage de l’éclairage ou des volets, par exemple. Pour le porte-parole de Hager, « Il s’agit du premier niveau de connectivité. Une seconde option est la solution coviva avec une box qui communique en radio pour piloter des fonctions comme l’éclairage, les volets, l’alarme ou le chauffage. Au sommet, on trouve les solutions sur mesure avec domovea qui permet de gérer l’ensemble d’un bâtiment, voire d’un quartier, grâce aux fonctionnalités étendues permises par le protocole KNX en filaire ». Cette dernière solution est plus fréquemment utilisée en Allemagne, moins en France où l’on préfère les systèmes sans fil.

Formation : la pierre angulaire

Le déploiement de ces techniques dernier-cri ne pourra être possible et viable que si les professionnels du secteur sont capables de préconiser et d’installer dans les règles de l’art tous ces produits de plus en plus sophistiqués. Pour cela, sans la formation, point de salut. L’industriel franco-allemand l’a bien compris puisqu’il peaufine en permanence son dispositif de formation à destination des installateurs et des intégrateurs. « Car oui, à terme, il y a fort à parier que le métier du génie électrique se scinde en deux branches : celle des installateurs électriciens qui garderont leurs prérogatives de mise en œuvre d’installations électriques “standards”. Et celle des intégrateurs, métier à mi-chemin entre l’électricien et l’informaticien », reconnaît Stephan Kreutzer. D’ailleurs, les faits parlent d’eux-mêmes car les formations les plus fréquentées par les professionnels sont celles traitant de la maison connectée (avec un parcours certifiant) et des bornes de recharge pour les véhicules électriques.Pour être encore plus en phase avec la demande, la formation a été repensée en 10 blocs de compétences comptant au total environ 70 modules, que ce soit en standard ou en sur-mesure. Ce cursus est dispensé au sein des 10 centres répartis sur le territoire français mais aussi chez les clients. Il est complété par du e-learning et des vidéos didactiques, tandis que des Webinars sont à l’étude pour peaufiner le dispositif. « L’année prochaine verra également l’ouverture du nouveau centre de compétences à Paris afin de rayonner sur toute l’île-de-France. Et pour anticiper la transformation en profondeur des métiers du secteur, nous venons de créer un groupe d’experts qui sera en charge de développer l’outil pédagogique de demain », conclut Stephan Kreutzer.
Jérémy Becam
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