Saint-Gobain joue le retour à la terre

Grégoire Noble
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terre crue Saint-Gobain

C’est tout le groupe Saint-Gobain (ou presque) qui unit ses forces pour déployer à l’échelon national une offre complète de modes constructifs en terre crue. Blocs, béton à bancher ou à projeter… un programme de masse, pour un matériau abondant aux propriétés quasi-miraculeuses. Il s’appuiera sur les capacités de Weber, Chryso, Isover et Placo pour le côté industriel, et sur le réseau Point.P pour assurer la commercialisation.

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C’est Patrice Richard, président de Saint-Gobain Distribution Bâtiment France, qui est venu présenter un vaste programme pour le groupe : celui de valoriser les terres excavées pour en faire un matériau de construction durable, économique et performant. Il explique : « C’est un programme de masse, pour une ressource abondante, qui s’appuiera sur des dizaines de milliers d’artisans (maçons, projeteurs, charpentiers) et qui apportera du confort aux Français. C'est une solution globale technique qui comprend également de la formation et une offre assurancielle ». Car la terre, s’il est vrai qu’il suffit de se baisser pour en ramasser des pleines brouettes, il est également difficile d’en faire un matériau de construction normé et pérenne.

Matériau séculaire, ressource d’avenir

Le président de SGDB France poursuit : « La terre présente des qualités intrinsèques contribuant à répondre aux exigences de confort d’été et de confort d’hiver. Son inertie écrête les variations de températures. Elle régule également l’hygrométrie dans le bâtiment, en absorbant ou restituant de l’humidité. C’est aussi un excellent isolant phonique ». D’autre part, le matériau répond aux exigences environnementales de préservation des ressources naturelles – telles que le sable entrant dans la composition des bétons classiques – et de valorisation des terres excavées sur les chantiers français (Grand Paris, Euromed à Marseille…). Or, si l’utilisation classique de la terre crue, en pisé, adobe ou briques, était jusqu’ici artisanale, il faut aujourd’hui passer au stade industriel. « Saint-Gobain a uni ses forces : Weber (enduits), Chryso (liant faiblement carboné), Isover et Placo (isolation intérieure et extérieure) et Point.P pour la commercialisation, la formation et le développement technique. Nous avons travaillé avec des bureaux d’études (Ginger, FCBA, Cerib, CSTB, Socotec) et des assureurs (Allianz, Marsh) », souligne Patrice Richard.

Mais concrètement, sur quoi repose l’offre ? Sur de la terre, dont 4 400 gisements ont été identifiés en France (et une soixantaine déjà qualifiés), un liant chimique à base de laitier de haut-fourneau trois fois moins carboné que le ciment classique, du granulat recyclé, des fibres végétales et de l’eau. Une recette relativement simple, mais délicate à adapter à chaque composition de terre. La granulométrie, elle, reste constante : 0,6 mm. Et le béton de terre obtenu peut être utilisé en projection, pour remplir des caissons de bois isolés (laine de verre+plaques de plâtre à l’intérieur, laine de bois à l’extérieur) ou en coulage dans des banches classiques (avec isolant en laine minérale et enduit extérieur). Avec cette seconde solution, la terre crue s’offre la possibilité d’aller bien au-delà des maisons individuelles, et de grimper dans les étages pour atteindre des R+6 voire R+8 en collectif. Deux immeubles sont d’ailleurs prévus à EuroMed (Marseille) en partenariat avec Eiffage qui mettra en œuvre la technique sur un socle béton au rez-de-chaussée et une ossature bois dans les étages. Saint-Gobain a également développé des solutions complémentaires pour la filière sèche cette fois, comme les blocs et les carreaux de terre (avec liant et fibres végétales). « À terme nous travaillerons sur les chapes et bétons structurels », assure Patrice Richard.

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De son côté, le directeur général de Point.P, Nicolas Godet, explique le rôle réservé à l’enseigne : « Notre mission sera de distribuer partout cette innovation. Un déploiement commercial massif, en s’adressant à la fois aux artisans, aux CMIstes, aux particuliers et aux territoires ». Pour les clients finaux, particuliers qui ont un projet de construction ou d’extension, le groupe s’appuiera sur la puissance de son site Internet et de celui de la Maison Saint-Gobain. Pour toucher les artisans, ce sera encore plus simple : plus de 200 000 viennent tous les mois dans les points de vente afin de s’approvisionner en matériaux. Là, ils pourront bénéficier de l’accompagnement du service technique Opti+ et de formations certifiées Qualiopi à la projection de terre. Enfin, les CMIstes participeront au succès commercial majeur que doit être la terre crue. Si pour l’heure, ce sont les 1 000 points de vente Point.P qui seront concernés, il n’est pas exclu que, dans un 2e temps, les enseignes Dispano et Panofrance ne viennent elles-aussi proposer les solutions de construction en terre crue, tout comme La Plateforme du Bâtiment qui pourrait le faire en rénovation.

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La maison Opio

Sur des fondations en béton armé, vient se poser une structure mixte en béton, parpaings et ossature bois préfabriquée. Le béton de terre est coulé en place dans des banches classiques pour constituer les murs isolants et perspirants. La mise en œuvre est rapide, à raison de 50 m² de mur par jour pour une équipe de 3 ou 4 personnes. 

Grégoire Noble
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