Le Bâtiment souffre, mais il peut encore guérir : les remèdes de la FFB
En commentant les chiffres d'activités de l'année écoulée et ses prévisions pour 2024, la Fédération Française du Bâtiment parle de "récession" dans la construction. Elle s'adresse au gouvernement pour enrayer la crise du neuf et le ralentissement de la rénovation face à la gravité de la situation.
« Nous n’avons plus le temps de tergiverser ! ». En conclusion de son discours lors d’un point presse tenu le 13 décembre, Olivier Salleron, président de la FFB, s’est montré volontairement alarmiste sur la situation que traverse la construction. Les chiffres 2023 et les perspectives pour 2024 (voir graphes ci-dessous) ont effacé toutes traces d’espoir. Depuis plusieurs années maintenant, la Fédération Française du Bâtiment alerte sur les risques de récession, et pour elle, il semble bien qu’on soit entré maintenant dans la dernière ligne droite avant de prendre la crise de plein fouet.
Ces cris d’alerte étaient surtout orientés sur le segment du neuf, et plus précisément sur le logement neuf. Aujourd’hui la FFB craint également un net ralentissement sur les travaux de rénovation, y compris de rénovation énergétiques. En 2023, la rénovation énergétique a progressé de 3 % en volume : +4,1 % en non résidentiel et +2,6% en logement. Les travaux non énergétiques, ont enregistré respectivement +2,6 % et +2,3 % dans le non résidentiel et le logement. Pour 2024, selon la FFB, l’activité en amélioration-entretien ralentirait, à +1,6 % en volume après +2,6 % en 2023. Bémol positif apporté par la fédération : « Dans le non résidentiel, l’activité continuerait de croître à bon rythme, soit +2,3 %, de même que +3,5 % pour la rénovation énergétique. Ce dernier sous-marché bénéficiera encore des effets positifs liés au crédit d’impôt pour la rénovation énergétique des locaux des TPE et PME, mais également de l’entrée en vigueur de l’audit tertiaire et du plan de rénovation des écoles. » En revanche, tous les autres segments connaitraient un tassement.
Mon Accompagnateur Rénov' à repenser
En cause, certes le manque de confiance et de moyens des Français, mais aussi une réforme de MaPrimeRenov’ pour 2024, qui ne passe pas. Tout en annonçant un relèvement d’1,6 Md€ des aides, le gouvernement restreint le champ d’application au profit du changement du système de chauffage et au profit surtout des rénovations globales. Pour bénéficier de la prime, il y introduit au passage l’obligation d’être conseillé par un nouvel acteur : Mon accompagnateur Rénov’. Or aujourd’hui, relève la FFB, « Ce ne sont pas les 2 000 Mon Accompagnateur Rénov’ agréés en janvier prochain pour tout le territoire qui permettront de répondre à la demande. » Ses contre-propositions sont simples : que « la possibilité d’approche par geste(s) sans changement de système de chauffage soit réouverte et que les entreprises de bâtiment dûment qualifiées puissent devenir Mon Accompagnateur Rénov’. Il en va du maillage du territoire. »
PTZ et PInel à conserver
Sur la construction neuve de logement, là aussi, elle réitère ses pistes d’action pour inverser la tendance. En premier lieu, le redeploiement du PTZ à 40 % sur tout le territoire et la revalorisation de ses barèmes, qui datent de 2016. Les finances publiques n’y perdraient pas puisque selon ses calculs, « chaque logement neuf financé par PTZ rapporte 24 000 € en solde net à la Nation sur la base des données du premier semestre 2023 ». Deuxième action à mener urgemment : « le retour au Pinel de 2022 dans l’attente de la mise en place du statut du bailleur privé, avant que le locatif ne se trouve totalement sclérosé faute d’alimentation du parc. »
Le bilan 2023 devrait se solder par une chute de 22% des mises en chantier de logements, soit seulement 286 000 unités, et un recul de 24% des permis de construire. Pour 2024, la FFB prévoit encore une baisse de 14% des mises en chantier et -12% pour les permis.
Des chiffres qui peuvent faire peur, mais sur lesquels il est encore temps d'agir. Une position que la FFB résume d’une formule « Le Bâtiment entre en récession. Réveillez-vous ! »