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Les désordres qui reculent et ceux qui risquent de progresser

Grégoire Noble
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pose carrelage

L’AQC a publié son Observatoire de la Qualité Construction 2024, qui présente les chiffres des sinistres rencontrés dans les bâtiments, s’appuyant sur la base de données des pathologies Sycodés. Les défauts d’étanchéité à l’eau restent la manifestation la plus courante des désordres.

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Pour l’Agence Qualité Construction (AQC), l’étanchéité à l’eau reste le principal problème des constructions françaises. Catherine Labat, ingénieure experte pour Neoxa, souligne : « Que l’eau rentre de l’extérieur vers l’intérieur, ou qu’elle provienne de l’intérieur même du bâtiment, ce sont souvent des points de détail qui causent le problème. L’eau passe où elle veut, et profite de n’importe quelle négligence. Le phénomène est accentué par les tempêtes, de plus en plus nombreuses et pénalisantes ». Son confrère Arnaud Bury, spécialiste du béton pour l’Apave, ajoute qu’avec l’évolution des méthodes de construction, et notamment l’usage accru des biosourcés qui sont sensibles à l’eau, il faut « une attention particulière pour ne pas conduire à un développement de sinistres ».

En maison individuelle

Dans les maisons individuelles, les désordres les plus rencontrés sont ceux touchant les revêtements de sols intérieurs, principalement les carrelages (11,4 % de tous les désordres). La cause ? En général une inadaptation du support (chappe, plancher, revêtement), ou un problème avec le joint (inadapté, insuffisant voire absent), voire un défaut de scellement/collage. Les parquets et autres types de sols ne posent que peu de problèmes. Catherine Labat note : « La NF DTU Carrelage collé ne rappelle pas les règles concernant le fractionnement des chapes, ce qui crée un flou à la réalisation. Les chapes sont elles-mêmes couvertes par une NF DTU ou des règles professionnelles spécifiques, avec des contraintes importantes en termes de fractionnement pour éviter les fissures, surtout dans le cas de pièces avec des angles saillants, tout en longueur ou avec des rétrécissements. Sans doute faudrait-il rappeler ces règles ». Ces désordres sont également ceux qui engendrent le plus de coûts (17,7 %).

La « couverture en petits éléments » est le deuxième type de désordre le plus rencontré en maison individuelle (9,4 des cas). Cette pathologie est en baisse depuis le début des années 2000. Le spécialiste de l’Apave précise : « Les points singuliers tels que les rives, les faîtages et les points bas sont autant de sources d’infiltrations s’ils ne sont pas bien traités ». Côté coût, la couverture en petits éléments ne représente « que » 4,8 % des montants. Elle arrive troisième derrière une autre catégorie de pathologies : les problèmes de « fondations superficielles », qui sont moins nombreuses mais autrement plus chères à résoudre. Arnaud Bury remarque : « La catégorie pèse lourd en termes de coût. Ces fondations ne sont pas ancrées à la bonne profondeur pour s’affranchir des phénomènes de dessiccation des argiles du sol. Mais, avec les arrêtés de 2020 sur les dispositions à respecter en zone de retrait-gonflement des argiles, et l’obligation faite aux maîtres d’ouvrage depuis le 1er janvier 2024 de fournir une attestation de prise en compte des règles de prévention de ce risque, la sinistralité pourrait diminuer d’ici quelques années ».

En logement collectif

En logement collectif, les désordres les plus fréquents sont liés aux équipements sanitaires (10,7 % des cas) et qui sont en forte hausse. Arnaud Bury analyse : « Une évolution qui s’explique en grande partie par l’installation croissante de douches à faible ressaut et receveurs extra-plats en acrylique qui ont tendance à se déformer. Leur très faible garde d’eau crée des débordements dès que des cheveux s’accumulent dans la bonde ». Le spécialiste constate également des difficultés de raccordement des bacs de douche aux parois verticales, en raison d’un jointoiement insuffisant. « Il faut appliquer au préalable le mastic sanitaire d’étanchéité du plombier et le traitement d’étanchéité du mur », précise-t-il.

Dans les immeubles, les problèmes de fenêtres et portes-fenêtres sont également nombreux (8,6 %). Catherine Labat livre son expertise : « De nombreux problèmes d’infiltration sont causés par des défauts de liaison entre la menuiserie et la structure. On constate également parfois de petits défauts de fabrication, notamment au niveau des points de drainage de la fenêtre ». Autant de points qu’il faudra surveiller, tant en construction neuve, qu’en opération de rénovation, afin d’améliorer la finition et, in fine, le confort et la satisfaction des occupants.

Les nouveaux risques potentiels

L’AQC a identifié un certain nombre de risques émergents de désordres, à faire surveiller par les professionnels. Notamment les « douches sans ressaut », qui sont installées dans tous les logements neufs pour des questions d’accessibilité. Elles seraient sources de fuites et d’infiltrations, et donc de dégradations. Les spécialistes de l’agence notent « l’absence ou l’inadaptation de l’étanchéité, le vieillissement des joints ou leur défaut d’application ». Ils recommandent donc de bien traiter les raccords d’étanchéité et de prévoir une pente suffisante vers le siphon, en plus d’une réservation.

Autres désordres émergents : ceux liés à l’emploi des PAC qui fonctionnent avec des nouveaux fluides (R290 donc du propane) qui sont inflammables et amènent des risques d’incendies. L’AQC propose que les techniciens soient obligatoirement formés à leur manipulation, installation et maintenance.

Grégoire Noble
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