La géothermie de surface, une arme puissante à dégainer au plus vite

Grégoire Noble
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géothermie de surface

Le Haut-Commissariat au Plan s’est fendu d’un rapport sur l’utilité de la géothermie dans la situation actuelle, à la fois de lutte contre les émission de gaz à effet de serre et de difficulté d’approvisionnement énergétique à l’international. Il s’étonne de constater que ce gisement de chaleur inépuisable, situé juste sous nos pieds, n’est pas exploité comme il le devrait.

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Le potentiel est considérable : le BRGM estime à 100 TWh/an les économies de gaz possibles si la géothermie de surface était développée davantage en France. « Une énergie souveraine indépendante des fluctuations des prix des énergies fossiles, non polluante et non émettrice de gaz à effet de serre, soit l’équivalent en matière de production électrique d’environ 5 tranches nucléaires », écrit François Bayrou, Haut-Commissaire au Plan. Pour cet organisme de pilotage économique, la géothermie fait sans conteste partie des sources d’énergie à mobiliser en priorité. D’autant que les technologies sont maîtrisées et les coûts contenus.

Le rapport, publié ce 11 octobre 2022, rappelle notamment l’intérêt des pompes à chaleur géothermiques dont les capteurs récupèrent des calories à moins de 200 mètres de profondeur. « À partir d’un sol à 12 °C, elle peut chauffer de l’eau à 50 °C (…) L’installation peut fournir à un habitat, de la chaleur ou du froid ainsi que de l’eau chaude sanitaire », note le Haut-Commissariat, qui mentionne deux autres avantages de cette solution : une absence de nuisance sonore (contrairement aux PAC aérothermiques) et une durée de vie supérieure, qui avoisine les 30 ans. Pourtant, ces PAC géothermiques ne représentent qu’une part infime du parc (2 %) car elles affichent quelques limitations : la maison doit disposer d’un terrain où installer les sondes et doit être équipée d’un plancher chauffant/rafraîchissant ou de radiateurs de grande taille, afin de diffuser correctement une énergie de basse intensité. Malgré tout, le potentiel reste considérable : sur 20 millions de maisons individuelles, 8 millions possèdent une chaudière fioul ou gaz et présentent une installation de chauffage compatible avec la géothermie.

Former, anticiper, soutenir et cartographier

Mais comment parvenir à développer ce marché qui n’est plus qu’une niche ? Le Haut-Commissariat a un plan, en quatre volets. Tout d’abord en développant l’offre de formation des professionnels du secteur, au moyen d’une enveloppe relativement réduite, de l’ordre de 60 M€ sur 7 ans. Ceci afin d’augmenter le nombre de poseurs sur le territoire et d’atteindre plusieurs milliers de postes. Ensuite, en améliorant les capacités de forage et en renforçant celles de production de systèmes chauffants. Là, le Haut-Commissariat pense à une programmation pluriannuelle offrant aux industriels une meilleure visibilité sur les perspectives de déploiement. Côté particuliers, le coût d’investissement des travaux de forage et d’installation doivent être aidés par un dispositif incitatif, national et/ou régional. Enfin, le Haut-Commissariat plaide pour une cartographie toujours plus précise du territoire français, afin de repérer les zones les plus propices à la géothermie de surface. Le bassin parisien notamment présente des caractéristiques idéales et pourrait couvrir plus de la moitié de ses besoins de chauffage, de climatisation et de production d’eau chaude, grâce à son sous-sol.

Les PAC géothermiques en chiffres :

•    195 000 PAC géo en fonctionnement en France
•    12 kW de puissance moyenne (pour un logement de 100 m²)
•    2,34 GW de puissance totale
•    3,6 TWh de chaleur générée annuellement
•    >4 pour le coefficient de performance (Cop)
•    86 % du territoire français compatible sans difficulté

Grégoire Noble
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