Métiers en tension : les jeunes à la rescousse ?

Grégoire Noble
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apprentis BTP

Les tensions sur le marché du travail dans le secteur du BTP sont croissantes et marquent un décalage entre compétences des candidats et attentes des recruteurs. Le Cereq s’est interrogé sur la place des jeunes en début de vie active, comme réponse à cette pénurie. Ont-ils besoin d’être spécifiquement formés aux métiers en tension pour être recrutés ? Et pour rester durablement dans la filière ?

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Les métiers du bâtiment sont-ils si peu attractifs que plus personne ne veut les faire ? Les jeunes sont-ils plus attirés par d’autres secteurs économiques où les conditions de travail sont moins difficiles pour s’y orienter très tôt ? Le Cereq s’est intéressé au rôle que peuvent jouer les débutants dans la régulation des tensions de certains métiers, et notamment du BTP. Car « [c]es métiers sont présents dans les parcours des jeunes, qu’il s’agisse de métiers d’ouvriers peu qualifiés ou qualifiés, dans le gros œuvre et TP ou dans le second œuvre, de métiers de conducteurs d’engins de chantier, de métiers d’agents de maîtrise ou encore de cadres techniques et d’ingénieurs du BTP ». L’étude a porté sur des jeunes ayant terminé leurs études en 2017 et ayant travaillé au cours des trois années suivantes. Environ 43 000 étaient dans le secteur de la construction. « Ces métiers représentent 4,9 % des premiers emplois occupés et 5,4 % des emplois occupés au bout de 3 ans, soit une hausse progressive de leur part dans l’emploi des débutants, qui se rapproche de leurs poids dans la population totale (6,6 %) ». Selon les auteurs, Céline Gasquet et Thomas Couppié, ces carrières constitueraient donc « des métiers d’ancrage ».

Pour les 3/4 des jeunes ayant exercé dans le BTP au cours de leurs 3 premières années de vie active, il s’agissait d’un premier emploi. « Les jeunes qui démarrent dans ce domaine professionnel peuvent donc s’y inscrire durablement », analysent-ils. Pourtant, plus de la moitié (56 %) sont issus d’autres formations, une minorité (44 %) ayant été formés à ces métiers. Car il y a un phénomène de détournement : 43 % des jeunes formés au BTP décident finalement de ne pas y travailler ! « Au-delà de l’aspect de la spécialité, d’autres facteurs contribuent à distendre la relation entre formation et emploi (…) par exemple, ils conservent socialement l’image de métiers d’hommes, ce qui joue dans leur attractivité différenciée selon le genre. Autre facteur : ces métiers privilégient des jeunes déjà acculturés au monde du travail, et à ce titre [ceux] issus de l’apprentissage y sont sur-représentés, même sans formation spécifique au BTP ».

La filière de la construction se distinguerait des autres par sa capacité à intégrer durablement certains jeunes. Le fait d’être formé au BTP joue évidemment un rôle. Mais ce n’est pas le seul facteur en jeu, et les conditions du premier emploi apparaissent encore plus déterminantes. Ceux qui démarrent leur carrière par des emplois à durée déterminée ou à temps partiel subi, quittent plus souvent le secteur. Conclusion : pour séduire des débutants, recruter et conserver des jeunes au sein des entreprises, il est nécessaire d’améliorer les conditions d’emploi et de proposer des postes à temps plein en contrat à durée indéterminée.

Grégoire Noble
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