Nominations au gouvernement : maintenant au travail !

Grégoire Noble
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Valérie Létard ministre Logement 2024

La France a longtemps attendu la nomination d’un Premier ministre puis d’une équipe gouvernementale. C’est désormais chose faite depuis le 21 septembre, avec les nominations de Valérie Létard au ministère du Logement, d’Agnès Pannier-Runacher à la Transition écologique et d’Olga Givernet en charge de l’Énergie. Et les premières réactions des fédérations et chefs d’entreprises sont d’abord un soulagement rapidement suivi d’une injonction de passage à l’action.

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Ça y est, la France a un gouvernement, mené par Michel Barnier (LR) qui s’est entouré de nouveaux ministres. Valérie Létard (députée, ancienne sénatrice) a été nommée Ministre du Logement et de la Rénovation urbaine, pour mener une politique de la ville. Proche de Jean-Louis Borloo, elle a notamment travaillé sur la question d’Action Logement et de la Zéro Artificialisation Nette. Agnès Pannier-Runacher, qui avait déjà été ministre de la Transition écologique (entre 2022 et janvier 2024) puis avait fait un rapide passage par le ministère de l’Agriculture (entre février et septembre de cette année), revient au donc à la Transition qui chapeaute également l’Énergie, le Climat et la Prévention des Risques. À l’énergie justement, c’est une députée encore inconnue du grand public qui a été nommée ministre déléguée, Olga Givernet.

Ces nominations n’ont pas manqué de faire réagir, généralement de façon positive. Mais les réactions montrent également une grande impatience quant à la reprise d’une activité normale de l’exécutif.

Dans le monde de la construction

Marc Sanchez, secrétaire général du SDI et des TPE, résume : « Faute de gouvernement et de visibilité sur la politique économique, nos TPE étaient à l’arrêt depuis juin dernier. Le gouvernement désormais constitué, il est urgent de se remettre au travail en gardant à l’esprit l’impératif de l’absence d’augmentation des prélèvements obligatoires, ligne rouge du front entrepreneurial mené par le Syndicat des Indépendants ».

Du côté de la Capeb, on se réjouit de la nomination d’une ministre du Logement de plein exercice, vécue « comme un signal fort ». Et la confédération voit en Valérie Létard, « une personne qui connaît bien les enjeux du secteur ». Elle appelle à finaliser les travaux réglementaires et législatifs qui avaient été engagés avant la dissolution dont la simplification de la qualification RGE, la facilitation des groupements momentanés d’entreprises (GME) et l’encadrement de la sous-traitance en cascade. La Capeb souhaite également la reconduction du cadre actuel et du budget de MaPrimeRénov’.

La Fédération Française du Bâtiment est à l’unisson. Elle souligne : « En ce début d’automne, le Premier ministre fait le choix de nommer une ministre du Logement de plein exercice. Tous les acteurs du secteur ont salué la nomination de Valérie Létard, compte tenu de son engagement sur le sujet et de ses précédentes prises de position (…) Il y a urgence à répondre à la crise annoncée, qui s’est confirmée, car le sentiment de déclassement s’installe pour certains et les conséquences sur l’appareil de production hypothèquent sérieusement une relance sereine ». La FFB en profite pour énumérer les mesures indispensables à ses yeux : rétablissement du PTZ et prolongement du Pinel, maintien de MaPrimeRénov’ et décalage dans le temps (3 ans) de la hausse des exigences carbone de la RE2020.

Pour le monde de l’immobilier, la FNAIM s’est elle aussi exprimée au travers de Yannick Ainouche : « L’expérience de madame Létard sur les thématiques du logement qui nous préoccupent, et sa volonté annoncée de co-construire avec tous les acteurs du logement, sont pour nous un gage d’optimisme quant à nos futures collaborations. Nous vivons une crise immobilière sans précédent, mais celle-ci ne doit pas mettre de côté l’impérieuse nécessité de rénovation énergétique des logements français en accompagnant mieux les propriétaires dans cette démarche globale. Un logement plus sobre se vendra toujours mieux, il sera plus facilement finançable, moins cher à l’usage et offrira un mieux vivre à ses occupants ».

Dans le monde de l'énergie

Le syndicat des professionnels de l’énergie solaire Enerplan, écrit dans un communiqué : « Agnès Pannier-Runacher se voit attribuer dans ses nouvelles compétences ministérielles l’Energie, un domaine qu’elle connaît bien pour avoir été ministre de l’Energie jusqu’au début 2024. Elle pourra donc agir rapidement. Par le passé (…) Agnès Pannier-Runacher a montré sa capacité à gérer la crise énergétique de 2022 et a œuvré à l’accélération de la transition énergétique [en faisant] adopter la loi APER dans un contexte politique délicat ». Le syndicat se félicite que l’Energie et la Transition soient placées sous un seul ministère, simplifiant les arbitrages. Il note enfin que la tâche est immense, qu’il s’agisse de réforme du processus d’obtention des autorisations pour les EnR ou d’adoption urgente d’une nouvelle PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie).

Le président de France Hydrogène, est également satisfait de l’annonce du nouveau gouvernement : « La nomination d’Agnès Pannier-Runacher est une excellente nouvelle, nous avons déjà constaté l’efficacité de son action par le passé. Celle d’Antoine Armand également (ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie) : son rôle dans le rapport sur la perte de souveraineté énergétique, et ses premières déclarations dimanche, témoignent d’une vision à long terme de l’intérêt général et de la gestion des finances. Du retard a été pris, nous attendons désormais une accélération vive des actions gouvernementales en faveur de la filière hydrogène : se doter d’un cap et d’une boussole avec une stratégie révisée, prévoir dans le projet de loi de Finances 2025 les crédits nécessaires pour engager les dispositifs de soutien promis ».

Vincent Maillard, le président d’Octopus Energy France (fournisseur alternatif d’énergie), déclare de son côté : « Nous espérons que la nomination d’Agnès Pannier-Runacher fera avancer plusieurs dossiers qui nous semblent prioritaires pour accélérer la transition énergétique. La rivalité nucléaire versus renouvelables n’a pas de sens et il est temps d’en prendre acte. Nous avons besoin des deux. Il nous semble aussi primordial de remettre au cœur du débat public les notions de sobriété énergétique – prioriser les besoins essentiels – et de flexibilité énergétique – moduler la demande d’électricité en fonction des fluctuations de la production. Il faudra relancer de façon plus intensive les politiques d’électrification, nécessaires pour assurer l’indépendance énergétique du pays. Cela devra passer par de véritables incitations, pas uniquement fiscales ».

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