Rose Colombel

« La notion de neutralité est très importante »

Baudouin de La Varende
Co-fondateur de Ithaque
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Baudouin de la Varende

La société Ithaque est l'un des membres fondateurs de Rénomar', une toute nouvelle association qui réunit des structures labellisées MonAccompagnateurRénov'. Baudouin de La Varende revient, pour Zepros, sur le marché de la rénovation énergétique, les missions des MAR et les ambitions de l'association récemment créée. 

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Quelques mots sur Ithaque ?
Baudouin de La Varende

La société Ithaque a été créée il y a trois ans. A l’origine du projet, un constat : la rénovation énergétique n’avance pas suffisamment vite par manque d'accompagnement technique, opérationnel et financier. En tant que bureau d’études thermique, notre accompagnement consiste à conseiller le particulier dans le choix de ses travaux. Cela se manifeste par la remise d’un rapport d’audit énergétique. En plus de ce conseil technique, nous apportons à nos clients expertise sur le volet financier (montage des dossiers d’aide) et le choix des entreprises via notre offre d’AMO (Assistance à Maîtrise d’Ouvrage).

Pourquoi être devenu Mon Accompagnateur Rénov’ ?
Baudouin de La Varende

Quand les discussions autour du dispositif ont débuté il y a deux ans, cela faisait déjà 6 mois, voire un an, que nous avions créé Ithaque. Et ce que l’on dit souvent, c’est que nous étions Mon Accompagnateur Rénov’ sans le savoir depuis trois ans. En effet, 100% des prestations listées dans le cahier des charges étaient déjà réalisées au sein d’Ithaque pour nos clients. Nous nous sommes donc naturellement dirigés vers ce dispositif pour obtenir l’agrément en fin d’année 2023. 

Conseillez-vous vos clients dans le choix des entreprises pour leurs travaux?
Baudouin de La Varende

Notre mission c’est la rénovation énergétique Un audit c’est la première étape nécessaire, mais ce n’est pas ça qui acte la rénovation. Ce sont les travaux. Notre mission c’est d’aider nos clients à s’y engager et de leur permettre d’atteindre des résultats concrets sur leurs factures. Or on a remarqué que le principal frein pour nos clients, c’était de trouver une entreprise compétente et disponible pour réaliser ces travaux. Nous avons donc aujourd’hui des entreprises de confiance avec lesquelles nous avons l’habitude de travailler. Mais en tant que MAR, nous n’avons pas la possibilité de favoriser une entreprise plus qu’une autre donc on redirige aussi nos clients vers la liste de professionnels France Rénov’. Il faut vraiment garder cette notion de neutralité qui est très importante. 

L’indépendance des MAR privés questionnent effectivement...
Baudouin de La Varende

La question de la neutralité est cruciale, une des manières de la contrôler pour l’Anah d’ici la fin de l’année, va être de regarder le type de travaux réalisés. Si l’on voit qu’un accompagnateur rénov’ ne travaille qu’avec une seule entreprise de travaux et qu’on retrouve une forte proportion de pompes à chaleur et d’isolation par l’extérieur, ça va générer des questionnements. L’objectif de la neutralité c’est de servir le client pour qu’il opte pour les bons travaux, et le projet de rénovation le plus adapté pour son logement. 

Parlez-nous de Rénomar'.
Baudouin de La Varende

Nous avons créé Rénomar avec deux autres acteurs (ndlr : Teksial et Assistant Rénov’, filiale de Effy) pour pouvoir être représentés à la table des discussions. L’idée, c’est de pouvoir se fédérer et de trouver des solutions constructives qui fassent aller la rénovation énergétique dans le bon sens. 

Comment voyez-vous ce marché de la rénovation énergétique ?
Baudouin de La Varende

Pour que la rénovation énergétique ait un réel impact, il faut privilégier la rénovation globale. Ça demande un vrai transfert de compétences. Les entreprises vont devoir apprendre à se coordonner avec d’autres corps de métiers. Au milieu de tout ça, l’accompagnateur rénov’ peut vraiment jouer un rôle de coordination et faciliter le dialogue. L’objectif c’est aussi de changer les réflexes : trop souvent on voit des particuliers qui consultent d’abord une entreprise de travaux (chauffagiste par ex), avant de réfléchir au projet dans son ensemble avec un thermicien ou un architecte. 

Le MAR aurait donc également un rôle à jouer auprès des pros ?
Baudouin de La Varende

Le MAR va permettre aux professionnels de se décharger de la partie administrative avec les aides qui reste un sujet assez chronophage pour les entreprises, et de la partie thermique qui était déjà réalisée par les bureaux d’études. Il y a aussi un enjeu commercial. Une personne qui a déjà payé un accompagnement va être beaucoup plus encline à réaliser des travaux. Le MAR va être un facilitateur de travaux. 

Demain, les pros seront-ils sous-traitants des MAR ?
Baudouin de La Varende

Une fois que le projet est lancé, l’entreprise de travaux est là pour le réaliser mais aussi pour l’ajuster. On est sur deux compétences extrêmement complémentaires. En tant que MAR, on ne doit pas prendre à notre charge la réalisation de travaux, la notion de sous-traitance est totalement exclue par la loi. Le MAR est là pour conseiller le client mais pas pour devenir contractant général et remplacer les professionnels. Sans les entreprises de travaux, il n’y a pas de rénovation énergétique. 

Quelles sont les ambitions de Rénomar' à court terme ?
Baudouin de La Varende

L’enjeu, c’est de maintenir et fluidifier le dispositif Mon Accompagnateur Rénov’. Si l’on revient à l’origine du dispositif, c’est le rapport Sichel qui montre que la seule manière de faire une politique de rénovation énergétique performante, c’est de commencer par une étude thermique solide, l’audit énergétique, et d’accompagner le particulier à travers les difficultés du chantier. Les ambitions de Rénomar' sont de faire remonter les informations du terrain pour pouvoir faire évoluer le dispositif dans la bonne direction, et qu’il serve l’objectif pour lequel il a été construit : la massification des  projets de rénovation énergétique performants.

 

Rénomar' ambitionne d’être le plus représentatif possible de la situation du marché. La volonté d’ouvrir cette association à d’autres acteurs (bureaux d’études, architectes, délégataires, sociétés de tiers-financement…) va également dans le sens de la neutralité. C’est aussi l’opportunité d’avoir ainsi une vision globale du marché et être un relai d’informations le plus représentatif possible auprès du législateur. 

Le mot de la fin ?
Baudouin de La Varende

Comme tout nouveau dispositif, le MAR peut faire peur. Il faut apprendre à intégrer cet accompagnement dans un projet de travaux sans trop le ralentir, puisque forcément derrière, ça a un impact sur les entreprises de travaux. L’idée est de le rendre le plus fluide possible. Mais je suis persuadé que nous allons apprendre à travailler tous ensemble et que les projets de rénovation qui vont en sortir n’en seront que plus performants, ce qui est l’objectif de tout le monde. 

Rose Colombel
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