Les pompes à chaleur en rénovation, c’est avant ou après l’isolation ?

Grégoire Noble
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pompe à chaleur installation

L’Afpac a souhaité remettre les choses dans l’ordre : l’installation d’une pompe à chaleur dans le cadre d’un programme de travaux de rénovation énergétique conserve tout son sens, même lorsqu’elle est réalisée en premier, avant l’isolation du bâti. Elle entraîne des économies d’énergie qui, à leur tour, permettent de financer les étapes suivantes. En théorie.

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« La pose d’une PAC doit intervenir après avoir correctement étanché et isolé le bâti. Faute de quoi, cette machine est mal dimensionnée, les calories qu’elle produit sont perdues et, une fois que l’isolation est réalisée, la PAC se trouve surdimensionnée, tourne au ralenti et s’abîme plus vite que nécessaire ». C’est le message généralement entendu et qui semble parfaitement rationnel. Mais l’Association française des pompes à chaleur (Afpac) ne l’entend pas totalement de cette oreille et a souhaité « démystifier » ce raisonnement.

Selon les professionnels de la filière, réunis le 30 mars dernier pour leur assemblée générale, les PAC « s’adaptent aux besoins du logement et sont compatibles avec des rénovations BBC complètes, même si dimensionnées sur l’état initial de la maison ». L’Afpac a demandé à trois de ses adhérents industriels (leaders du marché français) de mener une campagne de simulations thermiques sur un pavillon théorique, situé en Île de France, d’une surface moyenne de 100 m² et chauffé au gaz. Quelles sont les performances si le système de chauffage et de production d’eau chaude est remplacé en premier ?

Avant c’est bien…

D’une consommation initiale évaluée à 26 000 kWh annuels, l’installation d’une PAC air-eau permet de descendre instantanément à 7 800 kWh/an, soit une division par trois des besoins énergétiques. Il est ensuite possible d’améliorer encore les choses, en menant d’autres travaux séquentiellement : isolation des combles ou des murs, remplacement des menuiseries… Des étapes successives qui abaissent encore les consommations, désormais électriques : 6 500 puis 4 900 kWh/an, pour enfin descendre à 3 600 kWh/an lorsque le niveau BBC Rénovation est enfin atteint. Valérie Laplagne, responsable EnR chez Uniclima, explique : « Le SCOP de la PAC se dégrade un peu, mais il est possible de le maintenir si la température de départ est ajustée ». En effet, il existe une grande différence des températures en sortie de machine entre neuf et rénovation (10 °C d’écart). Cependant, la PAC est capable de s’adapter grâce à la technologie de compresseur « inverter » dont sont équipés 96 % des engins vendus.

… mais après, c’est mieux !

La baisse des besoins thermiques n’aurait finalement qu’un faible impact sur la performance énergétique (-6 % selon les calculs de l’Afpac). Cependant, la simulation montre également que la meilleure des solutions consiste bien à d’abord isoler le bâti avant d’installer la pompe à chaleur. Cette chronologie des travaux permet à la fois d’abaisser au maximum les consommations (seulement 2 900 kWh/an, soit -20 % par rapport à une installation de PAC suivie de travaux d’isolation jusqu’au niveau BBC Réno) et d’améliorer le SCOP de la machine ! « S’il y a une baisse du besoin thermique et un ajustement de la température des émetteurs, alors il y a amélioration de la performance (+11 %) », admet l’Afpac, qui relativise toutefois : « Installer une pompe à chaleur c’est permettre une économie rapide de l’énergie. À prix constant, cela permet d’envisager des travaux d’isolation ultérieurs pour atteindre à terme le niveau BBC Réno, puisque le réseau hydraulique existant est conservé ». Avant ou après, peu importe finalement, tant que l’ensemble des travaux sont faits et bien faits.

Grégoire Noble
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