Le PVC brûle-t-il ? La suite du récit de l’incendie qui a ravagé l’entrepôt de First Plast
Que sont devenus les deux ouvriers qui faisaient des travaux sur le toit de l’entrepôt ? Ont-ils péri dans l’incendie ? Ou bien ont-ils fui comme des malfrats ? L’enquête ne fait que commencer.
Steve restera sur les lieux pendant 48 heures, sans dormir, notamment « pour s’occuper de la gestion de la non-pollution. C’était très compliqué. »
Pourquoi emploie-t-il cette expression ?
Des militants écologistes ont pointé du doigt « les matières plastiques » entreposées qui en brûlant ont provoqué des émanations dangereuses pour la santé et risquaient aussi de polluer les eaux de la Marne.
Sur le premier point, une augmentation des niveaux de particules (PM10) a pu être constatée ponctuellement sur les stations d’Airparif. Sur le deuxième point, un barrage préventif a été mis en place pour anticiper tout rejet dans la Marne.
« Nos produits sont en PVC et ils sont soumis à des normes très strictes (NF et NF ME) notamment en ce qui concerne la réaction au feu. Le PVC ne brûle pas, il se dilate. C’est un phénomène appelé « meringage », c’est-à-dire que le matériau gonfle comme une meringue et ça stoppe la diffusion des flammes.
Ce qui a pris feu, précise Steve, ce sont les palettes et les cartons d’emballage. C’est la mousse qui a été utilisée pour éteindre l’incendie qui a drainé la pollution. On a bouché les caniveaux pour éviter la propagation sur d’autres secteurs. »
Steve est d’ailleurs revenu à plusieurs reprises sur ce sujet dans nos articles pour s’attaquer aux idées reçues sur le PVC. C’est un bon plastique aussi bien en matière de sécurité comme ici, mais aussi pour sa durabilité et sa capacité à être recyclé à l’infini.
Combattre le feu, c’est une chose et les pompiers présents ce jour-là ont été remarquablement efficaces et courageux.
Combattre les préjugés ou devrions-nous dire l’ignorance, c’est une autre paire de manches. En ce qui concerne le PVC, Steve Le Bris a pris ce problème à bras-le-corps.
Mais combattre aussi l’irresponsabilité et l’inconscience, c’est un autre chapitre de cet évènement survenu le 22 septembre 2017 en banlieue parisienne.
« Où sont les gars ? » demande Steve aux pompiers à son arrivée sur les lieux de l’incendie.
« Les gars, ce sont les deux ouvriers qui faisaient des travaux pour nettoyer le toit, notamment pour racler les dépôts de mousse. Ils ont pris un chalumeau pour aller plus vite ! Mais, ce n’était pas ce qu’on leur avait demandé. Ils n'avaient pas l’autorisation pour le faire.
Ils ont littéralement bousillé une plaque éclairante qui a fondu et est tombée sur une pile de palettes à l’intérieur de l’entrepôt.On n’a jamais retrouvé leurs traces. La police scientifique est venue pour faire une recherche d’ossements. Ils n’ont rien trouvé. Ils se sont donc évanouis dans la nature. »
Le « courage fuyons » de ces ouvriers est révoltant, mais il s’explique malheureusement parfaitement. Le gérant de l’entreprise qui était en charge des travaux sera mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour incendie involontaire, blessures involontaires et travail dissimulé sur le site de la société First Plast France.
« On avait déjà travaillé avec ce couvreur, mais, cette fois-ci, il a envoyé deux gars non déclarés ! Finalement, il a été prouvé que nous n’étions pas à l’origine de l’incendie, mais aussi que First Plast n’était pas le pollueur. »
Le travail illégal est un vrai problème et les conséquences peuvent être désastreuses comme dans le cas de cet incendie.
« C’était comme dans un film, j’ai vécu plus de 6 mois en enfer ! »
Lueur d’espoir, dès les premières heures de l’incendie, une équipe spéciale avec des combinaisons ignifugées et des casques ont pu sauver les serveurs informatiques de la destruction. Mais ce n’est pas tout comme l’explique Delphine :
« Avec l’aide des pompiers, le dimanche, j’ai pu récupérer les éléments les plus sensibles. Dès le lundi, j’étais chez notre prestataire pour un état des lieux de ce qui était récupérable ou pas. »
Le dimanche, Giulio Mantelli, le fondateur de l’entreprise italienne est arrivé sur place pour constater les dégâts bien sûr, mais aussi et surtout, pour aider les employés de la filiale française à se relever.
« Dès le lendemain, souligne Steve, on a organisé une réunion avec les employés pour se retrouver ensemble après cette épreuve. C’était important, car cela a été choquant pour tout le monde. On a beaucoup parlé. Ils avaient besoin d’être rassurés. »
À suivre…
Tournez la page pour découvrir les témoignages de Rafik, Cédric, Damien, Delphine et Steve en cliquant ici : « Renaître de ses cendres : la fin du récit de l’incendie qui a ravagé l’entrepôt de First Plast »