Rénovation de l'éclairage tertiaire : des efforts encore insuffisants face aux enjeux énergétiques

, mis à jour le 24/01/2025 à 15h04
Arnault Disdero
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éclairage bureaux luminaires

Malgré la rentabilité de l'investissement, trop peu d'entreprises installent des systèmes de gradation de la lumière ou des détecteurs de présence. Pire, la majorité des projets de ce type de rénovation aboutissent à une non conformité réglementaire.

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Cinq ans après l'entrée en vigueur de l'arrêté rénovation pour les locaux à usage autre qu'habitation (datant de 2007 et modifié en 2017) visant à renforcer les exigences d'efficacité énergétique et d'automatisation, les résultats dans le secteur tertiaire restent en demi-teinte.

Une étude conduite par le Centre d'études et de recherches économiques sur l'énergie (CEREN) révèle que si 15 % des surfaces tertiaires font l'objet d'une rénovation annuelle, représentant 54 millions de mètres carrés, la majorité des projets ne sont que partiellement conformes aux normes.

Des rénovations souvent « low-cost »

Les pratiques actuelles de rénovation favorisent trop souvent des solutions économiques au détriment des performances. Selon l'enquête, 70 % des rénovations effectuées entre 2020 et 2022 n'ont pas intégré de système de gradation automatique de la lumière, et 55 % n'ont pas installé de détecteurs de présence, en dépit de leur capacité à réduire de 25 % le temps d'utilisation des luminaires.

Cette absence d'automatisation va à l'encontre des recommandations réglementaires, qui imposent notamment l'installation de systèmes de gradation et de détection pour maximiser les économies d'énergie.

Une conformité partielle et disparate

Parmi les rénovations jugées conformes, de nombreuses installations reposent davantage sur des équipements préexistants que sur de nouveaux aménagements, limitant ainsi l'impact réel des rénovations. Les petites surfaces, notamment celles de moins de 1 000 m², affichent un taux de non-conformité de 91 %, contre 49 % pour les établissements de plus de 10 000 m².

Cette disparité entre petites et grandes structures reflète les défis financiers et organisationnels auxquels font face les petits établissements, moins à même d'investir dans des technologies performantes. Malgré tout, les grandes surfaces montrent un potentiel plus prometteur, avec 21 % de leurs espaces rénovés chaque année.

Un levier stratégique sous-exploité

La modernisation de l'éclairage représente pourtant un investissement rentable, avec des économies d'énergie pouvant dépasser 50 %. Dans les bureaux, une rénovation conforme à la réglementation permet de réduire la consommation énergétique annuelle de 39 kWh par mètre carré et les émissions de CO₂ de 2,6 kg par mètre carré. À cela s'ajoutent des économies financières estimées à 8 € par mètre carré chaque année.

Cependant, l'automatisation reste un domaine sous-exploité : seulement 35 % des surfaces tertiaires sont équipées de détecteurs de présence, et à peine 11 % disposent d'une gradation lumineuse en fonction de la lumière naturelle, selon le CEREN.

Les enjeux pour l'avenir

L'éclairage tertiaire représente une consommation annuelle de 25 milliards de kWh, soit une facture énergétique substantielle. La généralisation des solutions LED, combinée à des systèmes de gestion automatisée, pourrait réduire cette consommation de moitié, tout en limitant les émissions de CO₂ à 650 000 tonnes par an, contre 1,6 million actuellement.

Pour atteindre ces objectifs, une meilleure sensibilisation des décideurs, des formations accrues pour les installateurs et une adaptation des offres commerciales sont nécessaires. Le Syndicat de l'éclairage insiste également sur l'importance de privilégier des solutions supervisables et évolutives, capables de s'intégrer aux infrastructures existantes.

« Malgré les obstacles, le potentiel d'amélioration est significatif. La rénovation de l'éclairage tertiaire constitue un levier incontournable pour accélérer la transition énergétique, tout en offrant des gains économiques et environnementaux durables », rappelle Emmanuel Gagnez, premier vice-président du Syndicat de l'éclairage.

Arnault Disdero
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