Grégoire Noble

"Valobat se donne du temps pour fixer ses barèmes 2024"

Rami Jabbour
directeur Marketing & Communication
Valobat
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Rami Jabbour Valobat

L’écocontribution est collectée depuis le mois de mai 2023 et le nombre de points de collecte des déchets affiliés Valobat ne cesse de grossir, au rythme de 10 par jour. Mais l’éco-organisme a décidé de temporiser la publication de ses barèmes pour 2024. Rami Jabbour (directeur Marketing & Communication) nous en dit plus.

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Où en est Valobat, en cette rentrée 2023 ?
Rami Jabbour

À date, nous en sommes à 400 points de reprise actifs en France, surtout chez des négoces de matériaux, et nous arriverons à plus de 1 000 en fin d’année. Le rythme est aujourd’hui de 10 points supplémentaires par jour. Et nous allons mettre en place, en octobre, de nouveaux canaux de collecte : la reprise dans les déchetteries publiques d’une part, la reprise dans les entrepôts des entreprises du bâtiment, et la reprise sans frais des déchets directement sur les chantiers pour une quantité supérieure à 50 m3 qui justifie l’envoi de camions. C’est là le gros des déchets de déconstruction.

On voit que les moyens se déploient, mais sont-ils sollicités ?
Rami Jabbour

Ce que nous constatons c’est que le dispositif n’est pas encore pris en main par les artisans. Les volumes collectés sont plus faibles qu’attendu. Nous manquons de ce fait de visibilité sur les volumes qui seront collectés en 2024, y compris au moyen des nouveaux canaux qui seront entrés en action à partir de ce mois d’octobre. C’est pourquoi le conseil d’administration réuni fin septembre a décidé de reporter le vote des barèmes et de maintenir temporairement ceux de 2023. Des baromètres seront publiés fin décembre ou début janvier 2024, pour une application au moins 3 mois après cette publication, soit au 2e trimestre de l’année environ.

Chez Valdelia, un autre éco-organisme de la filière REP, on a fait le choix au contraire d’annoncer ces barèmes 2024. Comment expliquer cette différence ?
Rami Jabbour

Chez Valobat nous avons fait le choix de l’écocontribution « au plus juste », qui doit donc être proportionnelle au volume de déchet collecté. Il aurait été possible d’opter pour une écocontribution sur estimation, qui aurait donné plus de visibilité. Mais nous souhaitions éviter un montant trop élevé, et les actionnaires ont estimé qu’il était plus sage d’attendre avant de publier les barèmes.

L’écocontribution est collectée depuis mai 2023. Le retour d’expérience est-il suffisant ?
Rami Jabbour

D’ici à la fin de l’année, nous aurons encore plus de données avec les nouveaux canaux de collecte pour pouvoir fixer un montant. Nous avons la capacité d’attendre un peu plutôt que de nous précipiter. Rien n’oblige en fait à annoncer les barèmes très en avance. Mais Valobat s’est engagé à les communiquer trois mois en avance, par obligation morale. C’est un minimum pour informer les clients, et mettre à jour les ERP par exemple. Idéalement, nous aimerions même donner encore plus de visibilité et les annoncer avec 6 mois d’avance. Mais ce n’est pas encore possible.

Valobat souffle juste ses un an d’agrément. Quel est le premier bilan ?
Rami Jabbour

Un an déjà ! Il s’est passé beaucoup de choses chez Valobat. Nous avons consolidé notre gouvernance déjà, avec 50 associés qui représentent toute la diversité du bâtiment, avec des distributeurs différents (GSB, négoces, spécialistes) et des fédérations professionnelles qui représentent des petits metteurs sur le marché. Nous avons lancé une vaste campagne d’adhésion et nous en sommes précisément à 4 250 adhérents, soit plus de la moitié des metteurs sur le marché (54 %), ce qui amène une forte représentativité sur tous les produits de la construction. Nous avons même une forte quantité de tout petits metteurs sur le marché (18 % font moins de 2 M€ de CA). C’est un motif de satisfaction pour nous, car nous avons beaucoup travaillé pour ces petits acteurs. Le taux d’adoption est finalement assez important, par rapport à d’autres REP à leur lancement. En fait, au cours de cette année, nous sommes passés à l’opérationnel (la contractualisation, les appels d’offres), avec une dimension informatique qui est très importante.

Comment se passent les choses avec l’OCA Bâtiment, cet organisme coordonnateur ?
Rami Jabbour

Il est gouverné par les quatre éco-organismes agréés et il est là pour construire un cadre légal pour discuter, entre concurrents. Divers sujets de concertation existent pour que ces quatre acteurs puissent se mettre d’accord, par exemple sur les consignes de tri, afin qu’elles soient standardisées, parce qu’il n’est pas envisageable que chacun fasse différemment, les artisans seraient perdus. Il y a aussi des discussions sur le maillage des points de reprise, afin que la densité soit respectée de façon collégiale. L’OCAB a également publié un modèle de contrat unique pour standardiser les relations avec les collectivités territoriales. Enfin, il gère un principe d’équilibrage pour faire respecter les parts de marché et l’équité de traitement des éco-organismes en relation avec l’écocontribution qu’ils collectent et les volumes de déchets repris.

Quel est l’avantage d’être sur deux catégories de déchets, là où les autres sont spécialisés sur une seule ?
Rami Jabbour

L’avantage est d’être un interlocuteur unique et d’avoir une vraie réflexion sur l’économie circulaire du bâtiment. Il est plus facile d’avoir une vision d’ensemble et de ne plus réfléchir flux par flux, à l’échelle du bâtiment entier. Car les matériaux ne sont pas toujours dissociables. Par exemple un plaquiste devra gérer des plaques de plâtre, du métal pour les armatures et de l’isolant. Soit trois flux différents. Cela nous donne également un avantage de pertinence en termes de R&D, et notre réflexion nous a amenés à réfléchir à un élargissement vers d’autres REP. Les demandes d’agréments sont d’ailleurs en cours, pour la REP Articles de bricolage et de jardin (ABJ) et bientôt pour la REP Ameublement. Car ce sont des REP établies depuis plus longtemps et qui ont un intérêt à travailler en bonne intelligence. D’où une proposition de solution globale pour l’économie circulaire, afin de créer de la valeur. D’ailleurs, Valobat avance sur le sujet du réemploi et un plan d’action très ambitieux sera présenté en novembre, afin d’industrialiser cette pratique.

Grégoire Noble
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