Baisse annoncée et controversée de MaPrimeRénov' pour le chauffage au bois
Alors que l'Anah a confirmé le 7 décembre dernier sa volonté d'octroyer "des aides financières plus importantes pour accélérer les rénovations de qualité" ainsi que "pour accélérer la décarbonation des modes de chauffage", l'agence vient de rendre officiel sa décision de diminuer ces mêmes aides à compter du 1er avril 2024 concernant le bois énergie. Grosse surprise du côté des industriels de la chaudière biomasse qui expriment leur étonnement par la voix de Thomas Perrissin, vice-président du SFCB.
Ce n'est pas un poisson d'avril ! Dès le 1er avril prochain, toutes les aides pour les ménages éligibles à MaPrimeRénov' seront réduites de 30 % pour l'équipement d'un poêle ou d'une chaudière bois bûches et granulés. Une décision qui passe mal chez le Syndicat français des chaudiéristes biomasse (SFCB) qui se fait le porte-parole de cette filière qui a beaucoup investi ces dernières années afin de proposer des appareils toujours plus performants et économiques.
« Cette décision est incompréhensible au regard des avantages du bois énergie et de l’engagement de toute la filière pour accompagner la sortie des énergies fossiles dans le chauffage, explique Thomas Perrissin. Nous avons développé des équipements très performants (rendement, qualité de combustion) pour répondre aux exigences réglementaires de plus en plus strictes, sans parler d'une augmentation très forte et rapide des capacités de production pour approvisionner le marché ».
Une décarbonation indéniable
Rappelons que les chaudières bois permettent une décarbonation du chauffage simple, rapide et économique, sans impact sur le réseau électrique. Ainsi, aujourd'hui, plus de 90 % des installations de générateurs bois se font en remplacement d'une chaudière fioul ou gaz. Raison pour laquelle, le vice-président du SFCB martèle que « le bois énergie reste actuellement la première EnR de France et tous les scenarii vers la neutralité carbone 2050 s'appuient largement sur cette énergie ».
De même, la filière bois représente plus 450 000 emplois, et si celle dédiée au bois énergie ne pèse "que" 10 % de ces emplois, elle est indispensable à l’équilibre économique de l’industrie de première transformation.
Un nouveau coup de frein non sans conséquences
Autant de facteurs qui font réagir la profession alors qu'elle a traversé quelques perturbations ces derniers temps. « Après 3 années Covid et post-Covid durant lesquelles nous avons pris de gros risques pour accompagner le marché dans un contexte d’approvisionnement difficile et de hausse des prix des matières premières, et avec un coup de frein brutal fin 2022, la filière est dans une situation difficile : poids des investissements importants en R&D et en production, stocks élevés de chaudières. Nous ne pourrons pas faire face à un nouveau ralentissement du marché en 2024. En conséquence, les professionnels chaudiéristes biomasse appellent le gouvernement et l’Anah à reconsidérer leurs dispositifs d’accompagnement afin de rétablir cohérence et équité par le maintien des aides à l’installation des chaudières biomasses en 2024 », conclut Thomas Perrissin.