Bilan Uniclima 2022 - Prévisions 2023 : toujours plus haut, plus fort, ou presque…
C’était le rendez-vous à ne pas manquer en ce début d’année. La conférence de presse d’Uniclima qui révèle les performances 2022 et les prévisions 2023 du génie climatique, un secteur d’activités qui, transition énergétique oblige, bat des records que l’on imaginait peu atteignables. Voici les grandes lignes de cette synthèse.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le sourire est de rigueur au sein du syndicat professionnel. Outre les excellents chiffres détaillés ci-après, Jean-Paul Ouin, le délégué général, n’a pas caché sa satisfaction au sujet du dernier salon Interclima, dont Uniclima préside la destinée. « Avec une fréquentation en forte hausse (+15 %) et des retours plus que positifs, cette édition laisse présager un futur radieux, puisque l’intégralité du hall 3 sera réservé à Interclima pour l’édition 2024. Entretemps, nous aurons participé aux RénoDays prévu en septembre prochain », déclare-t-il.
Chaudières en perte de vitesse
Mais revenons aux chiffres-clés des différents secteurs d’activités gérés par le syndicat. Après un rebond en 2021, les ventes de chaudières gaz et fioul accusent une forte baisse en 2022. Celle-ci s’explique en rénovation pour les chaudières gaz par la diminution des aides publiques. Ces matériels subissent également un retrait sur les marchés de la construction neuve. Les chaudières fioul continuent logiquement à décroitre. Au total, le secteur a perdu environ 200 000 générateurs qui n’ont pas été totalement compensés par les progrès des pompes à chaleur ou de la biomasse. Environ 100 000 générateurs, en grande partie très énergivores, qui auraient dû faire l’objet d’un remplacement l’année dernière ne l’ont pas été. Pas vraiment une bonne nouvelle quand on parle constamment de sobriété et de réduction de l’empreinte carbone.
Reste à aborder le positionnement encore flou de la chaudière ou de la PAC hybride qui, aux dires d’Uniclima « reste stable » sans autre précision. Alors que l’association du meilleur des deux technologies représente une solution pertinente et performante pour l’avenir, notamment pour la rénovation, les conditions du développement de ce marché ne sont pas réunies en raison de discussions longues et compliquées sur les règles de dimensionnement des systèmes. Il manque une action volontariste de la part des pouvoirs publics pour ce type d’équipements.
En 2023, les ventes de chaudières à condensation devraient se maintenir en raison et leurs performances maîtrisées et de la compatibilité immédiate des équipements avec les biocombustibles désormais disponibles (biogaz et biofioul).
Les radiateurs à la peine
Même si cette piste n’a pas été évoquée par Uniclima, la baisse de 21 % des ventes de radiateurs (panneaux acier et décoratifs) n’est pas sans lien avec le développement du plancher chauffant rafraîchissant, très souvent prescrit dans le neuf comme émetteur raccordé à une pompe à chaleur. Cette chute est également due au ralentissement du remplacement des radiateurs en rénovation. À noter que cette baisse touche les sèche-serviettes (-16 %), ce qui est plutôt nouveau.
Pour éviter que cette situation perdure cette année, le syndicat note qu’il existe en France un parc de quelques millions de vieux radiateurs qu’il conviendrait de remplacer. Plus esthétiques, mieux conçus et correctement dimensionnés pour des régimes d’eau moins élevés : la nouvelle génération de radiateurs recèle un potentiel d’économies d’énergies sous-exploité aujourd’hui.
Pour promouvoir la rénovation de ce parc, un nouveau site internet (www.radiateurs-eau.com) sera prochainement lancé. Destiné aux professionnels, il permettra de diffuser plus largement les informations pratiques visant à promouvoir le changement des radiateurs dans les opérations de rénovation.
Les PAC en très grande forme
Les arguments envers les équipements peu émetteurs de CO2 continuent de convaincre les ménages français. Les aides financières n’y sont certainement pas étrangères… Concernant les pompes à chaleur air/eau, les ventes 2022 ont établi un nouveau record historique après une hausse de plus de 50% l’année précédente. En dépassant les 346 000 unités, les ventes ont encore augmenté de près d’un tiers, et ce malgré la pénurie généralisée de composants. Comme quoi… Les pompes à chaleur de type bibloc restent majoritaires (86,5 %). Les ventes s’établissent à 299 714 unités (+28 % vs 2021). Néanmoins, les fabricants estiment qu’elles ont moins progressé qu’elles auraient pu.
Ces difficultés ont pu profiter aux monoblocs qui ont connu un net regain d’intérêt. En raison des contraintes de pression associées aux fluides légèrement inflammables (A2L), on constate par exemple un report de la technologie bibloc vers la monobloc pour les fortes puissances. Enfin, commencent à apparaître les PAC monoblocs au R290 (propane). Au total, avec 46 599 unités (+42 %/2021), les monoblocs représentent désormais 13,5 % des PAC air/eau. La progression des monoblocs a été régulière tout au long de l’année, et plus forte que celle des pompes à chaleur bibloc, en particulier grâce au segment de puissances de 11 à 20 kW (+42 % monobloc, + 21 % bibloc).
Du côté de la géothermie, l’hémorragie semble maintenant terminée puisque les ventes remontent doucement mais sûrement depuis 2021 pour dépasser les 2900 pièces l’année dernière (+7 %). Cependant, en raison de délais de livraisons qui se sont allongés (6 mois) et de la difficulté que connaissent les entreprises d’installation à répondre au volume de la demande (notamment par manque de foreurs qualifiés), la géothermie accuse un ralentissement sur les 4 derniers mois de 2022 par rapport à la progression globale de l’année (-15 %). Pas d’inquiétude particulière estiment cependant les industriels puisque de leur côté, les commandes n’ont pas fléchi, preuve que la dynamique reste bonne.
Pour cette année, les ventes de pompes à chaleur air/eau devraient rester à un niveau élevé, tirées par le marché de la rénovation et, avec plus d’incertitude, la construction neuve. En rénovation, les conditions restent favorables à la croissance avec les incitations mises en place. Ces marchés sont néanmoins pénalisés par le manque de main d’œuvre du côté des installateurs qui peinent à recruter. Cette situation ne leur permet pas de répondre rapidement à la demande. Les délais ont donc tendance à s’allonger.
Bois et solaire au beau fixe
Les chaudières biomasse à chargement automatique constituent l’essentiel des ventes (90 % des 42 000 unités vendues l’année dernière – croissance de 24 %). Dans le contexte de tension sur les granulés qui connaît une accalmie ces dernières semaines, la demande pour les chaudières à chargement manuel (bûches), qui représentent toujours 10 % des ventes totales en 2022, a connu un regain sur la fin de l’année. Celui-ci a été tempéré par la moindre disponibilité de ballons tampons, indispensables pour ce type d’installation.
Début 2023, les conditions semblent à nouveau réunies ou sur le point de l’être pour que les ventes reprennent un rythme soutenu. Il faudra attendre la fin de l’hiver pour constater les effets d’une reprise sur les ventes de chaudières automatiques puisque les utilisateurs changent rarement leur matériel en pleine saison de chauffe.
Du côté du solaire, le sourire est revenu. Le nombre de chauffe-eau solaires individuels (Cesi) livrés s’élève à 11 300 en 2022 contre 7 300 en 2021, marquant une très nette progression (+55 %). Il faut souligner que le seuil symbolique des 10 000 appareils a été dépassé. Sur le panel des ventes de ses adhérents, Uniclima constate une surface moyenne de capteur solaire associée à un Cesi d’environ 3 m2.
Les ventes de systèmes solaires combinés (SSC) ont triplé avec 1 500 systèmes contre 470 en 2021. L’année 2022 confirme la reprise de ce marché. La croissance s’effectue essentiellement en rénovation, soit en remplacement de chaudières anciennes à énergie fossile, soit en complément d’une installation existante. Le syndicat constate une surface moyenne de capteur associée à un SSC d’un peu plus de 8 m2.
En 2023, les aides pour les Systèmes solaires combinés (SSC) progressent pour toutes les catégories de ménages, y compris les catégories supérieures. Cela devrait permettre au marché de poursuivre sa croissance sur un rythme soutenu, y compris pour les chauffe-eaux solaires individuels.
Ventilation double flux en mode yoyo ?
La ventilation simple flux apparaît en retrait (-5,8 % - 842 876 unités) avec un bon niveau d’activité. Cette activité est portée par la rénovation des bâtiments anciens non équipés et le remplacement de groupes anciens dans les locaux équipés (3e génération de matériel depuis 1982). Un bémol en rénovation, les systèmes autoréglables non modulés représentent toujours plus de 75 % des ventes.
Quant à la ventilation double flux en maisons individuelles, elle a clairement bénéficié pour la 2e année consécutive de MaPrimeRénov’ mise en place en 2020 et ayant déjà eu un fort impact en 2021. 2022 a vu les ventes exploser à 42 230 unités, en croissance de près de 45 %. Malheureusement, cette embellie devrait être contrariée cette année du fait de la baisse annoncée des aides publiques.
À ce sujet justement, Uniclima et ses fabricants adhérents regrettent que ces incitations financières soient trop fluctuantes et changeantes, ce qui perturbe les stratégies industrielles, encore impactées par les conséquences post-Covid et des coûts des énergies. Néanmoins, la filière est plus que chacun en ordre de marche.