Agyre, à la découverte du « hub national pour l’économie circulaire dans la construction »

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] La valorisation des déchets du BTP est une obligation légale dont la pratique doit être généralisée à tous les projets de construction, sur l’ensemble du territoire. Pour accélérer cette évolution des process, trois acteurs (Cerib, le pôle Fibres-Energivie et Impulse Partners) ont fondé l’ambitieux hub Agyre, sorte de plateforme d’échanges, de réseau d’expertise et d’interlocuteur unique pour les pouvoirs publics. Toutes les explications avec Stéphane Le Guirriec, son directeur général.

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Zepros Bâti : Comment est née cette initiative Agyre ?

Stéphane Le Guirriec : L’idée a germé il y a 2 ans avec un constat : la nécessité d’être concrets sur l’économie circulaire dans la construction. Car s’il y a un foisonnement d’idées et de concepts à disposition, d’organismes et d’institutions en charge, il y a un manque d’ambition et les initiatives sont trop isolées. Il y avait donc une place à occuper de « référent national » capable de coordonner les actions. Puis, en analysant la situation plus en profondeur, l’économie circulaire telle qu’envisagée aujourd’hui par l’Ademe repose sur sept piliers : approvisionnement durable, écoconception, écologie industrielle & territoriale, économie de la fonctionnalité, consommation responsable, allongement de la durée d’usage et recyclage. Or, ce dernier pilier pour la gestion efficace des matières (réemploi, traitement des déchets…) semble occulter les autres, qu’il ne faudrait pas délaisser. Une approche plus globale – holistique – permet de poser quelque chose de plus solide sur tous ces piliers.

Zepros Bâti : Concrètement, comment cela va-t-il se traduire ?

S.L.G. : Nous passons aux actes, avec une structure d’ambition nationale, référente, capable de porter des projets. Notre légitimité, nous l’obtenons en regroupant, au sein du comité d’orientation différentes parties prenantes du secteur, représentatives de leur activité. En tout, les partenaires de ce comité seront au maximum 25 membres, afin qu’il reste efficace. Il agira comme un organe de gouvernance avec des acteurs en capacité de parler au nom de leurs pairs : SMABTP pour les assureurs par exemple, l’école des Mines pour le milieu académique, CCCA-BTP pour la formation ou encore Impulse Partners pour les startups… Ils se réuniront régulièrement, tous les 6 mois, pour faire le point, tandis qu’une équipe permanente de 5 personnes environ, assurera le fonctionnement d’Agyre au quotidien.

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Zepros Bâti : Pour vos débuts, sur quels projets planchez-vous déjà ?

S.L.G. : Le démarrage s’effectue dans une zone identifiée, la région Centre-Val de Loire, pour ensuite élargir et essaimer vers d’autres régions françaises. L’ancrage local, à Chartres, est cohérent avec la notion de circuits courts et de travail à l’échelle des territoires. Ce mode de fonctionnement sera ensuite répliqué ailleurs. Le premier projet « labellisé » avait été lancé avant même le dépôt des statuts juridiques d’Agyre. Il s’agit de l’immeuble démonstrateur « Le Onze », livré récemment à Chartres. Du petit collectif qui s’inscrit parfaitement dans l’économie circulaire sous l’impulsion du promoteur Procivis. À tel point que la démarche sera poursuivie et approfondie dans le projet suivant, « Olympi », un autre immeuble de logements qui intégrera en plus la réversibilité de l’ouvrage ou le process BIM. Ces premiers succès, économiquement équilibrés, démontrent qu’il est possible de faire de l’économie circulaire avec des coûts équivalents.

Zepros Bâti : Comment envisagez-vous la suite ?

S.L.G. : Nous avons l’ambition d’élargir la réflexion, pour travailler à l’échelle du quartier qu’on sait être le périmètre plus pertinent que l’immeuble seul, notamment pour les questions de réseaux, de transport… Et nous avons engagé une réflexion avec l’Union sociale de l’habitat pour formaliser et capitaliser sur ces premiers retours d’expériences afin de présenter ces succès à ses adhérents pour qu’ils puissent les répliquer à leur tour sur d’autres territoires dans les 2 ans qui viennent, et si possible même plus tôt. Nous souhaitons « labelliser » des partenaires qui partagent nos valeurs quant à l’économie durable. Nous nous positionnerons également sur tous les sujets de la construction et nous répondrons à des appels d’offres d’accompagnement à la maîtrise d’ouvrage ou la maîtrise d’œuvre et rendre ainsi des projets compatibles avec l’économie circulaire. Ce sera notamment le cas à Dunkerque pour la déconstruction de logements sociaux et la réutilisation/valorisation des déchets dans les nouveaux ouvrages. Le procédé Granudem de granulats de béton recyclés, pourrait y être appliqué. Il nous faut faire un travail de cartographie des ressources, des compétences et des éventuels freins réglementaires locaux à lever, pour y parvenir. Nous travaillons également sur une expérience pilote « Employabilité » avec CCCA-BTP, afin d’acculturer une promotion d’apprentis d’un CFA à l’économie circulaire.

Zepros Bâti : Travaillez-vous avec le négoce de matériaux ?

S.L.G. : Nous devons en effet introduire un représentant dans notre comité. Pour l’instant nous n’avons pas encore de fournisseur autour de la table mais plusieurs pistes ont été identifiées. Nous avons la nécessité d’aller vite. Ce que nous notons c’est un enthousiasme élevé pour le développement de notre structure et le soutien de BPI dans le cadre d’une subvention PIA3 de 1,2 M€, ce qui est un signe extrêmement positif quant à la qualité du travail d’Agyre.

Propos recueillis par Grégoire Noble

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