Akéna Vérandas : environ 50 % de chiffre d'affaires différé «récupérable» en 2020

Stéphane Vigliandi
Image
Partager sur
Image
mdb
Image
mobile

EN PHOTO • Depuis le 14 avril, les ateliers de production d'Akéna Vérandas (90 salariés) tournent désormais à 50-60 % de leur capacité habituelle. Ici, au premier plan, Daniel et Gérard, techniciens de production sur le site de Dompierre-sur-Yon, en Vendée.

Image

[Zepros Bâti] En Vendée, le fabricant indépendant qui produit environ 5 500 vérandas et pergolas par an, a engagée « une reprise réfléchie et maîtrisée ». L’occasion aussi de trouver des leviers pour optimiser son activité.

Double peine pour Dany Rabiller, le DG d’Akéna Vérandas et Soko, ainsi que pour ses 400 salariés ? En plus de l’arrêt net de son usine à Dompierre-sur-Yon (85), la PME, s’appuie sur un réseau de 90 showrooms : 70 sites intégrés et 20 en franchise, eux aussi, contraints de se mettre en repos forcé dès le 17 mars. Entre temps, le guide de l’OPPBTP réactualisé est passé par là, tout comme les consignes de son syndicat, le SNFA. Depuis mi-avril, la moitié des métreurs de l’entreprise peut à nouveau réintervenir chez les particuliers. « Avec des conditions de sécurité sanitaire maximales dont le balisage systématique du chantier ! Pour chaque projet, le plan de visites est organisé au plus près du domicile des métreurs pour éviter tout risque potentiel de contamination – lié à la pause déjeuner dans un drive-in, au passage en station-service… », prévient le dirigeant. En fait, la reprise partielle s’est opérée en deux temps : le 14 avril dans les ateliers de production (90 salariés) qui tournent désormais à 50-60 % avec une organisation du travail sur trois jours ou à la demi-journée ; puis le 20 avril pour les 70 installateurs. Si la totalité des effectifs logistiques et les chargés de clientèles sont sur le terrain « selon les disponibilités », seuls 10 % des deviseurs ont aujourd’hui repris le travail « avant une lente remontée en charge ».

EN PHOTO • Directeur général d’Akéna Vérandas, Dany Rabiller a engagé un travail collaboratif avec la filière et son CSE pour définir un plan de reprise en toute sécurité pour les salariés et les clients. Par exemple, la signature électronique des bons de livraison a été instaurée.

Pas forcément de CA perdu…

Image

Dans les deux bureaux d’études (90 salariés), les équipes du matin ne croisent pas celles de l’après-midi. Fin avril, Dany Rabiller prévoit, a priori, au total 70 % de collaborateurs à nouveau opérationnels « pour commencer à amorcer un redémarrage sans trop de difficultés ». Si le pôle BtoC fait encore du surplace – « quasiment plus aucune commande n’a été prise depuis le début du confinement ! », selon le DG –, Soko Vérandas qui sert la clientèle professionnelle (un peu plus de 1 000 unités par an) a vu son activité reprendre des couleurs depuis la semaine dernière. « Pour disposer d’une bonne visibilité dans nos organisations, des plannings d’encours ont été lancés », indique-t-il. Car il s’agit de « respecter coûte que coûte nos délais », mais aussi – surtout ? – « ne pas empiéter sur l’activité des commandes futures ».

Bilan au bout de plus de cinq semaines de confinement ? « Entre mi-mars et mi-avril, la société a perdu environ 10 M€ de commandes. Mais, nous devrions pouvoir récupérer sans doute la moitié du chiffre d’affaires différé », temporise Dany Rabiller. Et d’ajouter : « Si, comme dans beaucoup de métiers, nous ne savons pas vraiment où l’on va, nous savons ce que l’on fait ! ». Des incertitudes liées à la nature même du secteur, argumente-t-il en substance. L’activité est soumise à la préparation des fondations et donc à la déclaration de permis de construire (PC). Fin mars, une première ordonnance avait reporté les délais d’instruction à fin octobre 2020. Revirement le 15 avril face au tollé suscité chez les professionnels de la construction. Le cours des délais visés par le texte et sa circulaire du 17 avril 2020 reprend le 24 mai prochain, voire le 24 juin dans certains cas.

EN PHOTO • Masques alternatifs en tissus, casquettes à visière, savons secs, désinfectants en vaporisateur… : Akéna Vérandas s’est reconstitué au fil de l’eau son stock d’EPI “anti-Covid”. Entre fin mars et début avril, le fabricant a lancé deux vagues de sondage auprès des clients BtoC qui avaient passé commande avant le 17 mars. Et là, surprise : 96 % des particuliers auraient indiqué être prêts à accueillir les poseurs en adoptant eux-mêmes les gestes barrières.

Balayer les habitudes

Même remaniée, « l'ordonnance “Délais” peut rester source de crispations, bien que ce soit une relative bonne nouvelle, après un coup dur reçu sur la tête, juge Dany Rabiller. La profession risque de se heurter à un trou d’air d’ici à l’automne… Sauf à pouvoir réduire drastiquement les délais de livraison. Or pour un projet en résidentiel, il faut en moyenne six mois entre l’obtention du PC et la réalisation de la maçonnerie avant la pose ». Il va falloir, plus ou moins, trancher le nœud gordien. En pratique, l’entreprise devra « trouver les moyens de gagner du temps sur le troisième trimestre 2020 ». Et s’organiser sur la production des métrés, des devis, des approvisionnements, des mises en fabrication et des livraisons… Mais durant cette période où la France est sous cloche, « nous avons cassé nos habitudes et repensé nos process de fond en comble pour optimiser nos rythmes de production », admet-t-il. Ce 25 avril, Akéna Vérandas affichait au compteur entre 50 à 60 % de demandes de contact entrant auprès des particuliers par rapport à la normale après plus d’un mois et demi de confinement.

Dans une France "en rouge et vert", la date du 11 mai va-t-elle lever certains freins sur le marché ? « D’ici à fin mai ou courant juin, les ménages à projet reprendront en principe contact », espère Dany Rabiller dans un moment d’autant plus compliquée pour la filière. « Nous travaillons forcément en “mode projet”. Les métrés sur mesure doivent s’effectuer in situ. Le plus beau projet réalisé en 3D ne remplacera jamais une visite en showroom pour déclencher la vente. Acheter une véranda ou une pergola, ce n’est pas acheter de la décoration sur internet ! », sourit-il. Et même si la période est particulièrement sombre, « elle ne doit pas faire perdre le sens de la réflexion et de l’idée d’innovations », concède-t-il. À ÉquipBaie, mi-novembre, son groupe présentera « des solutions bioclimatiques innovantes... mais pas seulement », annonce-t-il. Stéphane Vigliandi

FOCUS • Outil de production : 3,7 M€ investis

Image

Dans son usine vendéen (en photo), le groupe Akéna a engagé des travaux pour agrandir de 5 000 m² le site qui sera porté à 18 000 m². Avec, à terme, une capacité de production d’environ 2 500 unités supplémentaires. « Lorsque l’état d’urgence sanitaire a été décrété, nous n’avions pas encore commencer à produire. L’objectif était de viser un niveau de production de 70 % des capacités fin avril, puis 100 % courant juin. Ce ne sera pas le cas dans l’immédiat », concède Dany Rabiller. Ce « temps différé » va permettre à la PME d’optimiser les délais de fabrication pour livrer les encours et les commandes à venir, plutôt que de vouloir faire du volume. L’entreprise au slogan "La Reine des vérandas… et des pergolas" s’est aussi diversifiée. En avril 2019, elle avait procédé au rachat majoritaire d’Azenco : le n°2 des abris de piscine (35 M€ de CA) implanté en Haute-Garonne.

Stéphane Vigliandi
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire