Une isolation "intégrée" pour un groupe scolaire bien pensé

À Dardilly (Rhône), le groupe scolaire des Noyeraies porte une grande ambition environnementale. Confortablement niché au sommet d’un coteau orienté à l’ouest, il accueillera 18 classes de maternelles et élémentaires. L’objectif, pour les architectes, était de concevoir un bâtiment compact et performant, tout en étant agréable pour ses occupants en termes d’apports de lumière et de chaleur naturelle. Clément Gisquet (Atelier Didier Dalmas) explique : « L’enveloppe avec le procédé GBE est idéale pour l’inertie et pour l’esthétique extérieure autant qu’intérieure, avec une façade pérenne, minérale et isolée ».

La solution adoptée sur ce chantier consiste à couler en place les murs en béton, dans un coffrage intégrant l’isolant PSE en panneaux rigides, fournis par Hirsch. Alexandre Buisson, le directeur général de GBE, détaille : « Le procédé est breveté, sous Avis Technique depuis 2017. Il a été largement expérimenté depuis, avec 400 000 m² de façades réalisées, dans plus d’une centaine de bâtiments de tous types, depuis la villa d’architecte à l’établissement de santé ». Les avantages majeurs de ce sandwich voile extérieur béton-isolant-mur porteur intérieur béton ? Une grande liberté dans les formes et les teintes, avec la possibilité d’utiliser des bétons colorés ou matricés. L’opération est également unique : plus besoin de poser des plaques de plâtre de finition à l’intérieur, le mur béton est prêt à être peint. L’étanchéité à l’air est également optimale, grâce à l’absence de joints. Et le fait de couler le béton de part et d’autre de l’isolant rigide élimine toute lame d’air, ce qui renforce la résistance au feu. Enfin, la technique élimine les ponts thermiques et promet une durée de vie supérieure à 50 ans. Les murs présentent une grande épaisseur (10 cm de béton, 22 cm de PSE, 15 cm de béton) ce qui amène à la fois une bonne inertie thermique été comme hiver, ainsi qu’une forte atténuation acoustique.

Gilles Beaumont, président de GBE qui a développé ce concept de mur banché isolé afin de lutter contre la concurrence des prémurs, précise : « Les pièces spécifiques que nous fournissons sont des entretoises en plastique pour passer les tiges de serrage entre les banches, afin de limiter le soulèvement de l’isolant lors du coulage du béton, et reprendre les efforts de compression lors du serrage. Nous fournissons également des dagues avec connecteurs pour maintenir l’isolant ». Ces pièces sont toutes produites sur mesure pour chaque projet, afin de s’adapter aux épaisseurs requises de béton et d’isolant.

La mise en œuvre se déroule comme suit : pose de la première banche, mise en place du treillis, placement de l’isolant rigide, installation des connecteurs et entretoises GBE, pose du ferraillage externe, fermeture du coffrage avec la seconde banche, puis remplissage au béton des deux côtés simultanément, avant décoffrage et séchage. La société Hirsch, qui fournit des panneaux de grande taille pour une productivité accrue (2 500 x 1 200 mm), souligne la performance du PSE graphité en termes de résistance à la compression, de résistance thermique (R=7,2 m².K/W) et de tenue dans le temps. Amaury Omnes, le directeur général, ajoute : « C’est une production locale, qui vient de l’usine de Vienne (Isère) à 42 km du chantier. Ce qui diminue encore l’empreinte carbone, l’établissant ainsi à 17 kg CO₂/m² (soit -15 % par rapport à des laines minérales). Et le PSE est 100 % recyclable ».
 

Côté béton, c’est le spécialiste Lafarge qui a été choisi. Là encore sur des considérations à la fois techniques et environnementales. Leslie Blondeau, chargée de développement des produits spéciaux, raconte : « Ce béton autoplaçant, très fluide et figeant rapidement, a été codéveloppé spécifiquement pour le procédé GBE. Il se nomme UltraTwin Parement 360 TPier C30/37 XF1 et repose sur un CEM VI en version bas carbone, qui émet 229 kg CO₂/m³ soit 100 kg de moins qu’avec un ciment de référence. Ainsi, sur l’ensemble du chantier, l’enveloppe a une empreinte carbone diminuée de 25,8 tonnes ». Le groupe scolaire, dont les étages supérieurs seront en structure bois, affiche donc des performances prometteuses, avec un label Biosourcé niveau 2 (soit 24,2 kg/m²) et des consommations énergétiques de 59 kW/m²/an. La commune appréciera autant que les enfants.