En misant sur le bois, Bouygues entre dans une nouvelle ère de process

D’ici 2030, Bouygues Bâtiment France ambitionne en effet de réaliser 30 % de ses projets en construction bois dans le cadre de sa démarche WeWood. Cette démarche, amorcée en 2020, s’articule sur quatre grands axes : la diminution des émissions carbone en construisant en bois, l’utilisation du bois comme vecteur d’accélération d’un changement conjoncturel dans le monde de la construction, la valorisation d’une expérience unique pour les clients, collaborateurs et riverains et enfin l’inscription durable dans la filière construction bois. WeWood s’appuie sur 35 experts bois et un réseau de plus de 1000 ingénieurs, un club de partenaires qui allient tous les acteurs de la filière bois, une académie du bois (cf.encadré) et une communauté d’ambassadeurs pour le développement des projets bois.

Pour ce programme mixte, le siège de Dalkia s’appuie sur une structure 100% bois pour accueillir notamment ses bureaux et son restaurant d’entreprise. L’offre bois se compose de 2500 m2 de murs à ossature bois, 6200 m² de planchers CLT et 280 m³ de poutres lamellé collé, toutes en épicéa européen voire français. L’utilisation du bois, un matériau cinq fois plus léger que le béton et biosourcé, réduit le délai global du chantier de 20 % : « c’est aussi une réduction par 6 du nombre de camions de livraison, une baisse de l’impact sonore et de la pénibilité », ajoute Thibault Wulstecke, responsable production du projet. Reste que construire en bois nécessite de revoir les process de construction. Ces derniers s’appuient sur la co-construction, l’utilisation du BIM et la construction hors-site avec fabrication de certains éléments en dehors du chantier : « il y a en outre une remise en question des schémas de conception habituels par rapport à la construction béton », explique Thibault Wulstecke. Il faut en effet tout anticiper pour disposer au moment voulu des ossatures bois prêtes à être assemblées : « on n’achète pas de panneaux pleins, ils sont déjà prédécoupés pour y laisser passer les tuyaux, l’électricité : il faut donc tout intégrer au moment du process », note de son côté Guillaume Desmarest, référent production chez WeWood. D’ailleurs, sur le chantier, les charpentiers ont laissé la place à des assembleurs en ossature bois.

Et pour faciliter la bonne conduite du chantier avec le plus d’autonomie possible, une digitalisation du plan d’activités journalières a été réalisée : concrètement, chaque compagnon et chef d’équipe “flashent” un QR Code présent sur les pièces afin de connaître toutes les informations d’assemblage nécessaires, jusqu’au type de vis à utiliser. Ce QR Code génère un véritable kit de montage à chaque étape de la construction. Cela permet aussi d’augmenter la traçabilité et la productivité. Sur place, le chantier est allégé : 12 personnes y gravitent, dont 3 pour la préparation, et des équipes en binôme pour la pose des planchers, des plafonds, des ossatures ainsi qu’une équipe de finition. Outre le fait d’évoluer très rapidement, ce chantier est beaucoup plus confortable pour les compagnons : moins de bruit, moins de poussières, plus de sécurité, des matériaux moins lourds et une ergonomie améliorée, puisque pour les vissages en hauteur, les compagnons sont équipés d’exo-squelettes pour leur faciliter la tâche. Au final, un chantier qui se déroule plus vite sur site, des compagnons moins sollicités physiquement et formés à des techniques alternatives, pour un bâtiment plus vertueux.