Brico Dépôt ouvre un nouveau concept de moins de 1 000 m² à Cahors
Dans le Lot, à Cahors, l’enseigne low-cost de Kingfisher (propriétaire de Castorama et Screwfix) a ouvert ce mercredi 28 juin 2023 un magasin inférieur 1 000 m² qui sort de ses standards habituels, mais avec un plan de vente identique. S’il trouve son public, ce concept pourrait devenir se déployer partout très vite. Visite de pro rayon par rayon.
À Cahors, c’est sur la “Route des Papes” que Brico Dépôt a peut-être trouvé son paradis. Un magasin de 987 m² où le nom de la ville est inscrit en très grand sur la façade et qui passe sous les radars des CDAC (commission départementale d’aménagement commercial). Un site réduit comparé aux formats habituels de l’enseigne sont de l’ordre de 5 000 m² à 6 000 m² dont environ 3 000 m² couverts.
Pourtant ce modèle compact offre quasi le même nombre de références qu’un magasin classique (99 %). Et pour réussir cette prouesse les équipes de Laurent Vittoz, DG de Brico Dépôt ont rivalisé d’astuces.
Tout d’abord, et sans jeux de mots, l’entrée est... sans sas. Le client plonge dans le magasin très directement. Jamais vu une entrée en matière aussi rapide ! Balance des couleurs à gauche , premier rack à droite et, entre les deux, un.e “welcomer” (chargé.e d’affaires).
Dès l’entrée, immédiatement une borne sur la droite pour acheter ses matériaux sur écran, payer et repartir dans sa voiture, direction la cour matériaux. Sans ticket d'achat on ne peut pas y pénétrer.
Un collaborateur équipé de casque audio comme dans un magasin Action qui accueille le client, le dirige si nécessaire et prévient le vendeur visé. On va à l’essentiel ! Incroyable, mais on peut soi-même « sonner » un équipier depuis une borne projet et lui parler sans attendre qu’il arrive.
Sur la gauche : le libre-service est à la mode habituelle. On se sert soi-même de quincaillerie, d’électricité, de plomberie, etc. Puis on passe en caisse. À noter que la visserie n’est plus en sachet plastique, mais dans de petits cartons.
En dépit d’une surface intérieure à 1 000 m², le magasin décline 99 % des gammes d’un Brico Dépôt classique. Le reste est disponible sur commande sous huit à dix jours.
Visite du “vrai” libre-service
Sur la partie droite du magasin, les clients retrouvent les produits plus lourds , ceux qu’on expose : carrelage, matériaux, bois, menuiserie, cuisine, salles de bains, sanitaires… ou même gros outillage (nettoyeur haute pression), mais quasiment rien de tout cela n’est en libre-service.
Ça ressemble à du LS, c’est exposé comme du LS, mais ce n’est pas du LS ! On retrouve des présentoirs de carrelage comme dans les négoces mais avec moins de mise en scène.
Pour acheter, il suffit de repérer le nom du produit et de se rendre à une borne du dépôt pour le commander sur écran de manière autonome. Le client inscrit son nom et son numéro de téléphone. Soit il reçoit son ticket de commande sur son mobile, soit il l’imprime in situ.
Demain le client pourra même acheter tout seul sur cette borne et il peut aussi réaliser le scan & go avec son portable et passer en caisse. Dans chacun des rayons, le point de vente s’est équipé d’étiquettes électroniques.
Pas d’achat préalable ? Pas d’accès à la cour Matériaux
Lorsqu’il s’agit de matériaux pondéreux, le client doit remonter dans sa voiture ou sa camionnette, se présenter devant la barrière de la zone 3 celle de la Cour matériaux et scanner le ticket pour qu’elle s’ouvre. Une cour de 2 750 m² dont 1 400 m² couverts avec des numéros par zones qui répondent aux indications du ticket.
Pas d’achat préalable = pas de cour matériaux ! « La cour Matériaux n’affiche aucun prix et personne ne peut y pénétrer s’il n’est pas passé préalablement par le magasin, l’unique surface commerciale, pour payer », confient Laurent Vittoz (DG de Brico Dépôt) et Ludovic Koltalo (directeur du magasin).
Il n’y a aucune borne dans la zone matériaux. Impossible de faire un complément d’achat à l’intérieur. Voilà le point sensible de ce nouveau concept de prime abord pas bien pratique. Celui qui aurait oublié trois blocs béton lors de sa commande est bon pour revenir dans le magasin. Et recliquer sur l’une des bornes pour, ensuite, rejoindre sa voiture, ticket en main, et rentrer à nouveau dans la cour Matériaux.
Parmi les nouveautés du concept Brico Dépôt : l’installation de quatre bornes digitales. Elles permettent au client de visualiser l’offre qui n’est pas en LS et de les commander en autonomie.
Zone de vente restreinte, mais hyper optimisée...
Pourquoi alors avoir développé ce nouveau concept ? Il présente l’avantage de ne pas compter la cour comme surface commerciale et de maintenir donc Brico Dépôt à moins de 1000 m² ce qui lui permet d’éviter toute l’armada d’obligations sur l’artificialisation des sols, et ce qui a trait à l’environnement.
C’est d’ailleurs ce qui a fait rugir la concurrence qui y voit un magasin pirate ou a minima corsaire qui se joue des règles. Certains avertissant même s'apprêter à réagir. Et ce ne sont pas les nichoirs d’oiseaux ajoutés ici ou là qui calment les GSB concurrentes.
Cette histoire de zone dite “non commerciale” oblige tout de même les clients à une gymnastique un peu originale. Pas sûr que les habitués, pros ou non, apprécient ce passage systématique par la case magasin. Néanmoins, Laurent Vittoz paraît assez confiant quant à un changement possible des habitués qui ne fréquentent que la cour Matériaux.
Le parcours client se structure autour de trois étapes bien distinctes : le dépôt, la zone de retrait des produits et celle consacrée aux pondéreux.
...et une équipe réduite
Mais il faut croire qu’aux yeux de l’Immobilère Brico Dépôt le jeu en vaut la chandelle car ce modèle s’il fonctionne, permettra de développer très vite l’enseigne en France sans tracasserie administrative.
D’autant que ce concept présente un deuxième atout : sa consommation faible en termes de ressources humaines, comme on dit. C’est la cavalerie légère en termes de nombre de salariés.
Ils sont vingt-six en tout à Cahors dont neuf équipiers dédiés au flux, affectés aux zones de stock et matériaux, une quinzaine dans le magasin. Dix-sept en comptant le directeur et son adjoint.
Si l’on calcule le rapport de nombre de salariés par référence en vente, la rentabilité de ce modèle est imbattable… À condition de vendre bien sûr ! Et, en la matière, personne ne fanfaronne. « C’est vraiment un nouveau concept ! Nous entrons en phase de test &learn, tempère Laurent Vittoz. Ce qui nous engage à la plus grande humilité ».
Brico Dépôt en bref
• 123 dépôts.
• Plus de 9 000 collaborateurs.
• 2,3 Md£ HT (± 2,69 Md€) de chiffre d’affaires en 2022, à -2,9 % vs 2021, (en données publiées), mais à +12,5 % vs 2019.
• +133 % de ventes en ligne en trois ans.
• Taux de pénétration de l’E-commerce : 4 % en 2022 vs 2 % en 2020.
(Source : Brico Dépôt)