Screwfix ouvre dans le Nord… sans se dévoiler

La visite d’un Screwfix, ça ne dure pas longtemps ! Une entrée de 60 m² et, derrière le comptoir, des racks espacés d’environ un mètre sur 500 m² et c’est terminé. C’est pourtant cette “petite boîte” qui renferme le secret bien gardé du succès de l’enseigne BtoB au Royaume-Uni. À raison d’une ouverture par semaine depuis dix ans – soit, à ce jour, plus de 840 points de vente pour un chiffre d’affaires équivalent à celui de Brico Dépôt ou de Castorama.

Autant dire que l’ouverture en quelques jours de deux magasins à Wattrelos et Feignies, près de Maubeuge, n’est pas une anecdote pour Kingfisher. D’ailleurs John Mewett , le PDG de Screwfix a fait le déplacement pour accompagner Christian Mazauric,  le directeur général de Screwfix France.

Ancien DG de Kingfisher France, Christian Mazauric s’était mis en retrait pour problèmes de santé. Aujourd’hui, il revient prendre les rênes du jeune poulain Screwfix dans l’Hexagone. Le concept pourrait bien devenir le futur cheval de course français pour Kingfisher. Quatre ou cinq magasins devraient avoir ouvert d’ici à la fin janvier 2023 : une information confirmée par Kingfisher.

En revanche, le groupe rejette toute spéculation sur l’exercice 2023, arguant que sa cotation en bourse le lui interdit. Peut-être est-ce de la prudence ! On se souvient de la retraite en rase campagne de Screwfix en Allemagne où le concept n’avait pas pris… De ce côté-ci du Rhin, l’heure est à la modestie et à la discrétion. Voire… au secret.

Durant la visite organisée pour la presse, il était interdit, par exemple, de prendre des photos des racks pour ne pas « informer la concurrence ». Un concurrent chez les négoces, bien sûr, puisque Screwfix vise une clientèle professionnelle (68 % au Royaume Uni), mais également dans le monde des GSB

« Ils sont déjà venus nous visiter discrètement, sourit Christian Mazauric » – ce que des enseignes concurrentes ont confirmé à la rédaction de Zepros Habitat. Et tant pis s’il faut s’inscrire quand on est nouveau client. Cela ne les freine pas. L’échec de l’Allemagne a peut-être servi Christian Mazauric dans sa quête de francisation de l’enseigne, notamment dans la sélection des produits.

Une fois la porte franchie, le parcours client propose deux voies possibles vers le comptoir : celle des commandes à retirer et celle de l’achat sur place. Si le flux d’artisans et d’installateurs est déjà au rendez-vous, trois bornes leur permettent d’acheter leurs marchandises.

Dans cette zone d’accueil de 60 m², l’espace dédié à l’exposition est réduite à la portion congrue. Quelques consommables, mais surtout de l’affichage promotionnel et la diffusion d’un journal flashy avec les offres du moment. 

Une fois le client pris en compte par les caissiers, les collaborateurs en réserve sont alertés des commandes sur leur mini-tablette. La vitesse de service visée est de 5 minutes au maximum. Mais la plupart du temps, « le client est servi en une minute ! », se félicite Christian Mazauric.

De quelle manière ? Soit la commande était déjà prête à une caisse au comptoir, soit le logiciel propose le cheminement idéal pour remplir le panier. Les rangs sont étroits e les cases sont parfois restreintes avec leurs séparations métalliques verticales… comme dans un classeur.

N’empêche ! La densité des références est bien là, puisque sur un plan de vente de 15 000 références environ « 10 000 sont disponibles en click & collect en moins de dix minutes ». Idem via le site marchand français ouvert en avril 2021. Baptisées Plumbfix et Electricfix, deux zones d’accueil spécifiques seront réservées à l’attention des plombiers et électriciens.

Reste encore aux équipes des deux points de vente nordistes à les implanter. À Wattrelos, le comptoir-dépôt emploie dix personnes – à raison de quatre ou cinq collaborateurs simultanément en moyenne. Quant à glaner des informations sur le volume de ventes enregistré ces trois premières semaines : motus de la part de la direction de Screwfix France. Quant aux prochaines implantations, où sont-elles prévues ? Là encore motus et bouche cousue... pour l’instant.