Conjoncture FFB : l’activité se maintient, les marges inquiètent

Jérémy Becam
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[Zepros Bati} La Fédération Française du Bâtiment fait le point sur la santé des entreprises du secteur dans sa dernière note conjoncture. Si la FFB souligne une activité stable, elle s’inquiète de l’érosion des marges des entreprises du bâtiment malgré des carnets de commandes toujours bien garnis.
Jacques Chanut, président de la FFB tire la sonnette d’alarme : « la suppression étudiée par le gouvernement de l’accès au gasoil non routier (GNR) et de la déduction forfaitaire spécifique (DFS) risquent clairement d’envoyer de nombreux artisans et entrepreneurs au tapis. D’autant que la menace d’un nouveau rabotage du CITE et de la suppression du PTZ hors grandes agglomérations reste d’actualité. Cet ensemble ne peut que conduire à aggraver la fracture territoriale et fait une nouvelle fois peser, de manière particulièrement injuste sur notre seul secteur, l’essentiel des économies promises sur le budget de l’Etat ». En effet, la dernière note conjoncture de la Fédération Française du Bâtiment a dévoilé un bilan paradoxal pour le premier semestre 2019. Les marges continuent en effet de s’éroder malgré une bonne tenue de l’activité pour le secteur, comme en témoignent des carnets de commandes toujours bien garnis.
Dans le détail, les permis et mises en chantier de logement reculent, précisément de 6,9 % et 4,9 % en glissement annuel sur cinq mois à fin mai 2019. Néanmoins, les ventes s’affichent quasiment stables, à ‑0,4 % dans la promotion immobilière, au premier trimestre 2019 rapporté au premier trimestre 2018. Quant au non résidentiel neuf, hors locaux agricoles, en glissement annuel sur les cinq premiers mois de 2019, le marché reste globalement dynamique. De fait, grâce au segment des bâtiments industriels et assimilés, les surfaces autorisées progressent de 14,0 % et les surfaces commencées se stabilisent à - 0,4 %. Enfin, sur le marché de l’amélioration-entretien, l’activité reste hésitante. Le trou d’air s’est poursuivi au premier trimestre 2019, à -2,1 % en volume par rapport au premier trimestre 2018, avec un nouveau plongeon de 2,7 % dans le logement. Toutefois à la fin mars, les perspectives sur le deuxième trimestre 2019 s’amélioreraient.
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Les marges souffrent, pas les embauches

La bonne résistance de l’activité se traduit en termes d’effectif par la création de 32 600 postesentre les premiers trimestres 2018 et 2019, y compris intérim en équivalent-emplois à temps plein, révélant des tensions sur l’appareil de production plus importantes qu’analysées fin 2018. Les perspectives d’emploi restent très bien orientées les prochains mois. Néanmoins les difficultés de recrutement restent de pleine actualité : elles concernent près de trois chefs d’entreprise de plus de dix salariés sur quatre et plus d’un artisan sur deux Point noir de cette note conjoncture : les marges. En effet, « elles souffrent toujours d’un effet de ciseau redoutable. De fait, au 1er trimestre 2019 les prix ont augmenté de 2,2 % par rapport au premier trimestre 2018, alors que les coûts supportés par les entreprises progressaient de 2,4 % », précise la FFB.
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Le taux de marge (corrigé de la rémunération des chefs d’entreprise non salariés) s’affiche en baisse dans la branche construction pour le quatrième trimestre consécutif, de 0,7 point précisément, pour s’établir à 24,8 %. Malgré un niveau d’activité correct et des perspectives qui restent encourageantes, ce manque de rentabilité préoccupe la FFB. II préoccupe d’autant plus que, pour les mois à venir, les chefs d’entreprise de plus de dix salariés interrogés par l’Insee anticipent un tassement des prix bâtiment.
"II préoccupe d’autant plus encore que les premières annonces faites par le gouvernement dans le cadre du projet de loi de finances pour 2020 renvoient à de nouveaux chocs sur les coûts. C’est le cas de la suppression de l’accès au gasoil non routier (GNR) qui pèsera à hauteur de 70 M€ dans le bâtiment, dont une large part affectera les métiers de la démolition et du petit terrassement. La mesure menace tout simplement, pour ces métiers, de confisquer le résultat de l’entreprise ! Mais le choc sera encore plus violent en cas de confirmation de la suppression de la Déduction forfaitaire spécifique (DFS) sur les charges sociales, qui coûterait de l’ordre de 950 M€ au BTP, soit 8,8 % de la masse salariale concernée. Avec une telle marche à monter, les formes alternatives d’emploi comme l’auto-entreprenariat ne manqueront pas de trouver un nouvel intérêt ! Au global, ces mesures constitueraient les ferments d’une déstabilisation totale du secteur", conclut la FFB.
Jérémy Becam
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