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Cuivre, argent, UV… tous ces moyens de lutte contre le virus

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] L’heure est à la contre-attaque. Les industriels français se concentrent depuis plusieurs mois pour lutter contre l’omniprésent coronavirus et plusieurs semblent avoir trouvé des solutions pour freiner sa dissémination dans les bâtiments. Textile aux ions d’argent, peinture à l’alliage de cuivre, vitrage chauffant, diodes ultraviolettes, l’imagination des scientifiques est sans limite.

Faire feu de tout bois pour combattre l’infame SARS-CoV-2, telle semble être la stratégie des industriels depuis quelques mois. Chaque département de R&D du secteur de la construction s’est penché sur la question de la lutte contre la dissémination virale dans les bâtiments et a tenté d’y apporter une réponse. Car l’ennemi, invisible, peut se cacher partout, sur une poignée de porte, un interrupteur, un bouton d’ascenseur, un abattant de WC ou un coin de mobilier.

Vous êtes plutôt métaux précieux…

Résistants de la première heure, les spécialistes de Metalskin Technologies planchent depuis des années sur une peinture composite chargée en cuivre, dont les propriétés biocides sont bien connues. Car le problème de ce métal est son prix, qui génère un véritable trafic lorsqu’il est accessible en quantité. Impossible de remplacer toutes les mains courantes et poignées de porte par des articles en cuivre qui seraient trop chers et rapidement subtilisés. L’idée de la startup de l’Hérault a donc été de le réduire en poudre pour l’incorporer à de la résine polymère et ainsi obtenir un revêtement de surface efficace et applicable sur toutes les surfaces non poreuses. La société avance qu’une couche de seulement 200 µm d’épaisseur (déposée en usine certifiée) « permet de diviser en moyenne par 3 000 le nombre de bactéries en une heure ». Mais le SARS-CoV-2 est un virus et pas une bactérie… Qu’à cela ne tienne, le coronavirus ne semble pas non plus résister au contact avec le cuivre. Diverses études ont été menées à l’étranger sur l’efficacité de ce métal, dont une américaine publiée dans le New England Journal of Medicine du mois de mars démontrant que le virus perdait rapidement de sa virulence.

Autre métal précieux dans la guerre contre la maladie Covid-19, l’argent, et ses caractéristiques antivirales. L’industriel Serge Ferrari, spécialisé dans les textiles techniques, revendique avoir développé et breveté « une technologie destinée à ses membranes composites pour réduire la charge virale des coronavirus ». Cette fois, la quantité de virions serait réduite de 95 % en 15 minutes et de 99,5 % en 60 minutes. Si les résultats étaient confirmés, alors les applications pourraient être nombreuses, notamment dans le monde de l’éducation pour confectionner des housses pour les chaises ou dans celui des transports. Pour les professionnels, la réalisation d’équipements de protection individuels (masques, combinaisons, gants) avec ces textiles actifs pourraient également participer à la diminution des risques.

… ou chaleur et UV ?

Outre ces moyens de lutte liés aux métaux, d’autres solutions existent. Chez Riou Glass par exemple, entreprise familiale spécialisée dans les vitrages, on annonce avoir mis au point une vitre auto-désinfectante . Basée sur la technologie maison de vitrage chauffant CalorGlass, elle permet de porter régulièrement la température de la surface à 70 °C pour tuer le virus : « Des études scientifiques montrent que le Covid-19 perd son potentiel infectieux quand il est soumis à une température de 65 °C pendant 5 à 10 minutes ». C’est une fine couche de microparticules métalliques déposée à l’intérieur du vitrage et reliée à une source d’électricité qui permet de générer la chaleur. Avant d’imaginer d’équiper les portes vitrées des hôpitaux et ERP, la société propose directement son vitrage désinfectant sous forme d’écrans amovibles de protection sanitaire HygiaGlass, destinés aux comptoirs et guichets d’accueil du public.

Enfin, le Syndicat de l’Eclairage rappelle le rôle prépondérant que peuvent jouer les ultra-violets contre les germes : « Il est possible de produire de la lumière UV-C avec des lampes à décharge, et depuis peu grâce aux LED également. Il est donc naturel de voir apparaître sur le marché de nouveaux produits équipés de LED (…) Pour cet usage, c’est la longueur d’onde 254 nm qui offre le maximum d’absorbance par l’ADN ». La lumière, par sa puissance, endommage ainsi le patrimoine génétique du coronavirus (son ARN). « Concrètement, cela signifie que les installations UV-C existantes sont utilisées pour désinfecter des espaces, stériliser des instruments, des outils ou des masques ». La société héraultaise T.zic, experte dans le traitement UV des eaux, a par exemple développé un boîtier de désinfection des masques et petits objets (lunettes, clefs, monnaie) par rayons ultraviolets. Un équipement tout de même commercialisé à 250 € HT. Elle travaille également sur une machine à main, permettant le traitement en quelques secondes des surfaces contact au sein d’un bâtiment. Thomas Zunino, le président explique : « Nous sommes aujourd’hui en train de tester et valider ces solutions avec les meilleurs experts scientifiques biologistes et virologistes français ». Toutefois, contrairement au souhait de Donald Trump, il ne sera pas possible de traiter des individus directement aux UV… sous peine d’endommager leur propre ADN. Le Syndicat de l’Eclairage rappelle l’encadrement nécessaire pour utiliser cette lumière : « Il est aisé de comprendre que les LED qui produisent ces UV-C ne sont pas les mêmes que les LED que nous utilisons pour nous éclairer. C’est un point essentiel, car les lampes UV sont de classe 3 pour le risque photo-biologique selon la norme NF EN 62-471. Elles émettent des radiations UV à haute énergie qui peuvent causer de sévère brûlures de la peau mais aussi endommager la cornée et la rétine de l’œil ». Les opérateurs devront donc être protégés et suivre des procédures strictes en ayant été formés au préalable. Mais, comme on le voit, le coronavirus voit se dresser contre lui toute une batterie de mesures et de barrières (physiques ou chimiques), en attendant un traitement médicamenteux dont l’efficacité sera prouvée et un hypothétique vaccin pour prémunir enfin toute la population.

G.N.

Grégoire Noble
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