DualSun : la pépite du solaire hybride veut briller en France et ailleurs

C’est une belle histoire que celle de DualSun. Débutée il y a 11 ans, sous l’impulsion de Laetitia Brottier et Jérôme Mouterde, elle repose sur une idée simple : comment allier les deux solaires, photovoltaïque et thermique, pour produire à la fois de l’électricité et de la chaleur, en un seul capteur ? Mais si l’idée semble logique, pour maximiser la quantité d’énergie produite par m² et pour améliorer le rendement du capteur photovoltaïque en évacuant sa chaleur pour la valoriser, le parcours a toutefois été long pour y parvenir. Plus de 5 ans de R&D et 4,8 M€ investis pour parvenir à une version complètement opérationnelle du panneau Spring. Cette version 3, à échangeur thermique en polypropylène extrudé sur la face arrière (la première version était en inox, beaucoup plus chère), est désormais particulièrement compétitive, avec des rendements accrus et une plus grande facilité d’installation.

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Jérôme Mouterde détaille : « Le panneau fait 1,6 m² et il développe aujourd’hui 400 Wc en photovoltaïque et jusqu’à 1 200 Wth lorsqu’il est couplé à une pompe à chaleur – donc s’il fonctionne en basse température – et environ 400 Wth s’il fonctionne pour alimenter un chauffe-eau à 55 °C ». Un panneau hybride fournit donc entre 2 et 4 fois plus d’énergie qu’un capteur photovoltaïque classique. Pour l’heure, DualSun jouit d’une position de leader sur le marché, avec 4 200 installations en fonctionnement dans le monde (dont 20 % à l’étranger, notamment en Australie où ses produits sont utilisés pour réchauffer l’eau des piscines en circulation directe, l’eau glycolée n’étant pas nécessaire sous ces latitudes). Quelques concurrents existent en Espagne ou aux Pays-Bas, mais la société française est en plein développement pour continuer à garder une longueur d’avance. Le site de production de Jujurieux (Ain) a fait l’objet d’une réorganisation et d’un investissement de 850 k€ (financé par moitié par le PIA et France Relance) pour parvenir à tripler sa capacité, qui est ainsi passée de 10 000 panneaux/an en 2020 à 30 000 en 2021.

De même, le résultat a plus que triplé cette année avec 17 M€ attendus, contre 5 M€ l’an dernier. Le co-fondateur analyse : « Il y a un bel engouement pour le solaire hybride et nous avons été bien aidés par les aides fléchées de l’Anah depuis 2019 ». La société DualSun insiste sur la fabrication française de ses produits, avec 61 % de la valeur produite dans l’Hexagone (les 39 % restant provenant de la partie photovoltaïque asiatique). En tout, une vingtaine de composants provenant d’Alsace et de Creuse sont assemblés dans l’Ain, faisant du panneau Spring un système recyclable à plus de 95 %. « L’empreinte carbone n'est pas encore totalement évaluée, compte tenu de l’évolution de l’échangeur thermique pour la v3. La fiche PEP n’est pas encore renseignée mais notre co-fondatrice, Laetitia Brottier, travaille avec Enerplan sur une fiche collective du solaire hybride ».

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Côté distribution, l’entreprise s’appuie sur trois grossistes en France mais passe surtout par un réseau d’installateurs formés. Si 150 sont actifs en France, 400 ont été référencés sur tout le territoire. Et DualSun organise très régulièrement des stages de 2 jours à Marseille (son siège social) ou dans l’Ain pour préparer les professionnels à la fois aux aspects techniques du solaire hybride mais également aux arguments commerciaux de cette solution. « L’intérêt du chauffe-eau thermodynamique couplé à des panneaux hybrides est évident. L’amortissement se fait en 7 ans en moyenne, contre 10 pour du photovoltaïque seul », assure Jérôme Mouterde. L’autonomie énergétique d’une maison passe ainsi à 68 % grâce à la production conjointe d’électricité et d’eau chaude sanitaire. « L’investissement est 50 % plus élevé mais il y a 100 % d’énergie produite en plus », résume-t-il. La société travaille maintenant sur une nouvelle version de son panneau Spring pensée spécifiquement pour un couplage avec une pompe à chaleur, potentiellement pour le petit collectif. Œcuménique, DualSun travaille autant avec HellioPAC, qu’avec Daikin, De Dietrich ou Airwell.

En pleine santé, l’entreprise prévoit déjà de recruter en 2022 une dizaine de personnes supplémentaires (elles sont 35 actuellement dans son effectif) et de doubler son chiffre d’affaires pour atteindre les 30 M€. Pas encore à saturation, l’atelier de production pourra encore pousser les murs ou passer en 3/8, plus tard, pour suivre la demande.

G.N.

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