Efficacité énergétique : des économies possibles de presque 100 Mrds € en 10 ans

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] La sortie du statut de passoire thermique de 4,8 millions de logements et de 99 millions de m² d’espaces tertiaires pourraient permettre des gains d’efficacité énergétique estimés à 76 TWh par an conjugués à une amélioration du confort et de la santé. Le cabinet Citizing détaille ses calculs dans une étude commandée par Enalia, la nouvelle identité d’Enr’Cert fusionné à Abokine.

Que se passerait-il si les pouvoirs publics se concentraient sur les travaux les plus urgents en termes d’efficacité énergétique ? C’est-à-dire sur la résorption du nombre d’épaves thermiques tant dans le résidentiel (16,5 % des résidences principales françaises) que dans le tertiaire (10 % des surfaces environ). Pour le savoir et pour évaluer une politique qui se focaliserait sur ces catégories de biens étiquetés « F » et « G » dans le DPE, le cabinet Citizing – sollicité par Enalia – a mené une vaste étude, comme l’explique Julie De Brux sa directrice : « Le but est d’objectiver les impacts, de quantifier les externalités comme on dit de politiques publiques. Nous nous sommes appuyés sur les DPE, sur la surface moyenne d’un logement en France qui est de 80 m² environ, et sur la base de données Phebus sur la précarité énergétique, qui met en parallèle consommations réelles et consommations théoriques ».

En effectuant des travaux de rénovation thermique permettant de parvenir à une étiquette « C » pour 4,8 millions de logements principaux, le cabinet estime la baisse de consommations à 48,7 TWh/an en moins, correspondant à 4,2 Mrds € d’économies annuelles pour les ménages, sur leurs factures de chauffage. Cette baisse des consommations se traduirait également par une réduction bienvenue des émissions de gaz à effet de serre, évaluée cette fois à 1,5 Mrd € de gain. Enfin, le confort et la santé même des occupants de maisons et appartements rénovés bénéficieraient également d’une amélioration de la situation, chiffrée à 1,2 Mrd €/an. En parallèle, dans les espaces tertiaires – principalement de bureaux – il serait possible de gagner 3,4 Mrds € annuellement, dont 1,9 Mrd € d’économies sur les factures énergétiques (correspondant à 27 TWh non consommés), plus 805 M€ d’émissions de gaz à effet de serre évitées et 850 M€ de gains de productivité liés à de meilleures conditions de travail pour les salariés. De bonnes nouvelles pour tous les Français sauf pour les employés du ministère des Finances, puisque la baisse des importations de produits pétroliers entraînerait une diminution mécanique des recettes fiscales de plus de 1,4 Mrd €/an…

Moins de consommations, c'est aussi moins de recettes fiscales...

Le cabinet Citizing va même plus loin, puisqu’il ajoute des propositions d’efficacité énergétique pour le secteur industriel avec en particulier des efforts à mener sur la récupération de chaleur fatale à basse température dans les process, qui pourrait à elle-seule ajouter 30 TWh économisés (soit 1 Mrd €). Ce qui permettrait de porter les 92 Mrds € de gains sur 10 ans (2020-2030) à 113 Mrds € ! L’empreinte carbone de la France pourrait notamment être diminuée de 6 %, soit 24 MtCO2 en moins dans l’atmosphère chaque année, « ce qui est un socle hyper-intéressant pour parvenir à la neutralité carbone en 2050, puisque la trajectoire prévoit -7 % par an sur la période », assure Julie De Brux. L’étude aurait également pris en compte le contrariant « effet rebond » constaté après des rénovations énergétiques : « Il y a eu une minoration des économies d’énergies, parce que les personnes en précarité énergétique qui ne pouvaient pas chauffer leur logis ou qui avaient une température de consigne basse, seront heureux de passer à 19 °C ou plus de température de consigne ».

Il reste cependant une importante question : comment parvenir à financer ces travaux indispensables d’éradication des passoires thermiques ? Car, pour leur seul logement, afin de parvenir aux objectifs de neutralité carbone en 2050, ce sont 25 Mrds € qu’il faudrait dépenser chaque année pour faire des travaux. Or les enveloppes actuelles se situent aux environs de 6 Mrds € en additionnant le montant des CEE (3 Mrds €), de MaPrimeRénov’ (1,7 Mrd €) et des autres aides (0,85 Mrd € avec Anah et Action Logement)… Plusieurs milliards d’euros seront encore à aller chercher, notamment auprès des banques qui vont devoir se montrer aussi intéressées par l’efficacité énergétique que par les énergies renouvelables.

G.N.

Enalia, l'ambition européenne

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Après 10 ans d’existence dans le monde du conseil et du financement de la rénovation énergétique, Enr’Cert passe un cap en devenant le premier délégataire de CEE à fusionner avec un de ses pairs, Abokine. Gaëtan Thoraval, le directeur général, dévoile : « Chez Enr’Cert nous avons accompagné les professionnels de la rénovation pour obtenir des primes en montant les dossiers et en leur faisant utiliser des outils digitaux. Nous avons aussi accompagné des industriels qui cherchaient de nouveaux gisements d’économies avec notre bureau d’études Neutrali. Puis nous avons lancé Pass’Rénov pour nous adresser directement aux particuliers et les aider dans leurs projets. La suite logique était de nous tourner aussi vers le logement collectif et l’assistance à maîtrise d’ouvrage pour des projets plus complexes, d’où Alto. Et aujourd’hui, nous faisons un rapprochement avec Abokine, qui forme les artisans et qui dispose d’un réseau de 3 000 professionnels qualifiés ». L’ensemble des cinq activités constitue ainsi un groupe cohérent, baptisé Enalia, qui s’appuie sur 130 personnes en trois implantations (Paris, Lyon, Nantes) pour générer un chiffre d’affaires de 160 M€ (en 2019, 300 M€ attendus en 2021) et inciter des économies d’énergie théoriques de 3,2 TWh (2019) via le dispositif des CEE. Avec des ambitions désormais européennes, Enalia se voit comme un acteur de l’efficacité énergétique chargé d’identifier des gisements d’économies pour les grands énergéticiens tout en assurant une démarche technique et organisationnelle de qualité pour les artisans chargés d’effectuer les travaux à l’autre extrémité de la chaîne.

Grégoire Noble
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