
<Focus 5/10> Y aura-t-il du bois pour tout le monde ?

Dans le contexte de la transition énergétique et écologique, le bois se retrouve au cœur de deux enjeux majeurs : la construction durable et la production d'énergie renouvelable. Cette double sollicitation soulève des interrogations légitimes sur une possible concurrence entre ces usages.
« La concurrence entre le bois-énergie et le bois-construction est largement un mythe », affirme la Fibois, qui défend la filière Forêt-Bois française. Les chiffres sont éloquents : alors que le secteur de la construction consomme environ 60 millions de mètres cubes de bois par an, le bois-énergie n'en utilise que 20 millions.
Plus significatif encore, ces volumes proviennent de ressources distinctes. Le bois de construction nécessite des arbres matures, principalement des résineux, présentant des caractéristiques mécaniques spécifiques. À l'inverse, le bois-énergie valorise les "sous-produits" de la filière : résidus forestiers, branches, bois de petit diamètre, jusqu'aux déchets de l'industrie du bois. Une complémentarité naturelle qui permet d'optimiser l'utilisation de la ressource forestière.
« La diversification des usages du bois est une opportunité plus qu'une menace », souligne le Comité national pour le développement du bois (CNDB). Cette diversification permet notamment de rentabiliser la gestion forestière et d'encourager les investissements dans le secteur.
Une filière qui s'organise et se modernise
Si la situation actuelle ne présente pas de tensions majeures, les professionnels restent vigilants. L'augmentation simultanée de la demande dans les deux secteurs nécessite une gestion forestière toujours plus fine. Le Programme national de la forêt et du bois prévoit déjà des mécanismes pour garantir un approvisionnement équilibré et durable.
La clé réside dans l'optimisation des synergies entre les différents acteurs. Les résidus de la construction alimentent déjà les circuits du bois-énergie, créant ainsi une économie circulaire vertueuse. Cette approche intégrée permet de maximiser la valeur de chaque arbre prélevé.
L'enjeu pour les années à venir sera de maintenir cet équilibre tout en répondant aux objectifs ambitieux de la Stratégie nationale bas-carbone. La forêt française, qui couvre près d'un tiers du territoire national, dispose encore d'un potentiel de développement important. Sa croissance naturelle dépasse actuellement les prélèvements, offrant une marge de progression pour les deux secteurs.
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