La FFB est optimiste sur la réno, moins sur le neuf
[Zepros Bâti] La Fédération Française du Bâtiment estime que le secteur du BTP, le plus touché au début de la crise, a su rebondir en mettant en place des préconisations pour les chantiers et en maintenant ses effectifs. Résultat, cet été l’activité s’est redressée grâce aux rénovations, plus rapides à mener. Mais l’inquiétude demeure sur la construction neuve, en berne. Olivier Salleron livre les chiffres clefs.
« Avec -32 % au deuxième trimestre de l’année, nous étions le secteur le plus touché. Mais nous avons connu une forte reprise et l’activité s’est redressée sans attendre un Plan Bâtiment précis. Et le BTP a joué son rôle social, puisque l’emploi salarié s’est stabilisé à son niveau d’avant crise. On observe même une hausse de +18 400 postes entre les premiers semestres 2019 et 2020 », annonce Olivier Salleron, président de la FFB, en introduction de la conférence trimestrielle de conjoncture. Pour l’année 2020, il est désormais anticipé que les volumes seront en recul de -15 % environ. S’il y a un rattrapage – principalement grâce à l’entretien-rénovation dont les dossiers MaPrimeRénov’ ont été débloqués au cours de l’été par l’Anah – tout n’est pas encore acquis.
Des entreprises qui font le dos rond et maintiennent leurs effectifs salariés
Du côté de l’emploi tout d’abord, où les intérimaires ont payé le prix fort : -39 200 équivalents temps plein ont été perdus au cours de la première moitié de l’année. Ce qui amène le bilan net sectoriel à près de 21 000 postes disparus. Sur la trésorerie ensuite, où la situation reste tendue avec des marges qui ont chuté, pour s’établir à 18,2 % de la valeur ajoutée (-8,5 points). Si pour l’activité de rénovation la chute est finalement limitée (-7,6 %) et que les perspectives sont bonnes grâce aux annonces gouvernementales sur le plan de rénovation des bâtiments, il n’en va pas de même pour le neuf qui ne fait pas partie des priorités de l’exécutif. Olivier Salleron énumère les résultats : « Le neuf, qui représente la moitié de notre activité, c’est -23 % d’activité. Il y a -15 % de mises en chantier, -20 % de permis de construire délivrés, -31 % de ventes en promotion, -18 % en individuel diffus… Des chiffres abyssaux ». Pour le non-résidentiel, la situation est même pire : -22 % de mises en chantier et -30 % de permis délivrés. « Plus les horizons s’allongent, plus c’est sombre », constate amèrement le président de la FFB qui estime que le plongeon pourrait s’aggraver en 2021 et 2022 si rien n’était fait.
La fédération, satisfaite des annonces pour la rénovation (ouverture de MaPrimeRénov’ à tous les ménages, y compris les plus aisés, les propriétaires-bailleurs et les copropriétés), se permet de proposer quelques autres aménagements, dont l’extension des aides aux résidences secondaires. Olivier Salleron argumente : « Il s’agit souvent de maisons de famille ou de maisons de campagne, préparées en prévision de la retraite. Il faudrait des aides pour les zones de revitalisation rurale », ceci afin de soutenir l’activité des artisans locaux. « Mais surtout, il y a un manque criant pour le neuf. Ce sera notre gros combat ». Les professionnels souhaitent que certains freins – qui existaient déjà avant la crise – soient prestement levés, comme les préconisations du Haut Conseil de Stabilité Financière qui pourraient être assouplies afin d’autoriser des crédits sur 30 ans comme cela a déjà été fait par le passé. Ils évoquent également l’accélération des délivrances de permis de construire en passant à du déclaratif dans certaines zones, et en mettant l’accent sur la dématérialisation des dossiers grâce à un effort de numérisation des services instructeurs. La FFB souhaite aussi que le PTZ soit porté à 40 % pour toutes les zones : « La quotité remontée permettrait aux primo-accédants de bénéficier d’un apport plus important et se voir ainsi accorder des prêts plus facilement. C’est à négocier avec les banques ». Enfin, Olivier Salleron demande la prorogation du Pinel au-delà de la fin 2021 : « C’est important pour les promoteurs d’avoir une visibilité de plus de 16 mois pour leurs investissements et leurs projets. Ce sujet doit être traité très vite ».
Se tourner vers 2021
Le président de fédération, arrivé en pleine tempête, souhaite mettre le cap sur l’avenir : « Nous gardons notre volonté et notre optimisme pour l’année prochaine. S’il y a un plan efficient – avec un effort supplémentaire sur le neuf – alors nous serons capables de maintenir nos effectifs, en souffrant sur nos marges avec des pertes de rendement. Mais nous pourrons réembaucher dès 2021 ». La FFB espère pouvoir favoriser les jeunes adultes en passant de 60 000 à 100 000 alternants insérés par an. Pour autant, Olivier Salleron avertit : « Le danger existe encore, nous ne sommes pas sauvés ». Les reports de charges devront être payés et la question des surcoûts – évalués entre +8 et +15 % selon le type de chantier – reste épineuse pour des entreprises qui ont déjà rogné sur leurs marges. Pour le responsable, « il faut intégrer le coût Covid dans tous les devis et tous les appels d’offres », se félicitant au passage que le secteur du BTP ait été le premier à se prendre en main en sortant un guide de préconisations dès le début du mois d’avril soit 15 jours après le début du confinement et que, depuis, aucun cluster lié à un chantier n’ait été mis en évidence.
G.N.