La PPE favorise solaire au sol et chaleur renouvelable

Stéphane Vigliandi
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C’est avec environ six mois de retard que la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) a été publiée en fin de semaine dernière. Si la réduction du nucléaire se fera plus progressivement, elle vise à porter à 40 % d’ici à 2030 la part des énergies renouvelables (EnR) dans le système électrique français. En matière énergétique, la France entre (enfin) dans le vif du sujet. Après en avoir dévoilé les grandes lignes fin novembre 2018, le ministère de la Transition écologique a publié son projet de PPE ce vendredi 25 janvier. Outil opérationnel de la stratégie bas carbone pour atteindre la neutralité carbone en 2050, ce document de planification énergétique porte sur les périodes 2019-2023 et 2024-2028. Dans son viseur : une baisse de 43 % des émissions de CO2 issues de la combustion des énergies fossiles par rapport à 1990.

La filière Bâtiment mise à contribution

Outre la fermeture des 4 dernières centrales à charbon d’ici à la fin 2022, le gouvernement met aussi le secteur du bâtiment à contribution avec le remplacement de 10 000 chauffages charbon et de 1 million de chaudières au fioul dans les 5 ans à venir. Ce 24 janvier, le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, a d’ailleurs annoncé un nouveau dispositif auprès des ménages : « la chaudière à 1 € ». Financée par les certificats d’économie d’énergie, cette prime devrait permettre de changer 600 000 équipements au fioul dans les 2 ans sur un parc évalué à plus de 3 millions. Pour mémoire, le CITE est élargi en 2019 pour les ménages modestes à la pose d’équipements de chaleur renouvelable et la dépose de cuves à fioul.

Des EnR plus compétitives

En matière de production d’électricité, la PPE prévoit « une accélération significative du rythme de développement des énergies renouvelables », selon le ministère de la Transition écologique. La part des EnR doit atteindre 27 % en 2023 et 32 % en 2028 contre 18 % en 2016. Dans sa feuille de route, le ministère rappelle que « la part du nucléaire sera progressivement réduite pour diversifier nos sources de production d’électricité ». Mais la PPE repousse à 2035 (au lieu de 2025) l’échéance de 50 % de nucléaire dans le mix énergétique français. Au total, 14 réacteurs devront fermer, dont 4 à 6 au cours des dix prochaines années. Dans le même temps, le mix énergétique entend dérouler le tapis rouge aux EnR électriques jugées « les plus compétitives » pour atteindre les 40 % d’énergies renouvelables dans la production d’électricité en 2030 comme le prévoit la loi de transition énergétique.Pour chaque filière, la PPE fixe des objectifs de développement ambitieux (voir tableau ci-dessous). Pour y arriver, le ministère a fixé un calendrier d’une dizaine d’appels d'offres par an jusqu’en 2024. « Le solaire photovoltaïque sera proportionnellement plus développé dans de grandes centrales au sol qu'il ne l'est aujourd'hui », note le ministère. Un choix justifié par la compétitivité des installations au sol comparée aux petites installations en toiture. Par ailleurs, « les grands projets (plus de 50 MW) se développeront progressivement sans subvention », prévient-il. Toutefois, le solaire sur toiture doit bénéficier de trois appels d'offres de 300 MW par an entre 2019 et 2024. De son côté, le développement de l'éolien en mer et du gaz renouvelable sera conditionné à la baisse des coûts de production de l'électricité.
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Chaleur renouvelable : plus de moyens

En matière de chaleur renouvelable (21 % de la production finale en 2016), la PPE prévoit d’accroître sa part de 40 à 60 % d’ici à 2028. Après avoir été réduit ces dernières années (255 M€ en 2018), le budget du Fonds Chaleur, géré par l’Ademe, va augmenter : 307 M€ cette année, 350 M€ en 2020 et 2021, puis 339 M€ en 2022. Dans le cadre de la prochaine réglementation environnementale, le gouvernement veut aussi rendre « obligatoire un taux minimum de chaleur renouvelable dans tous les bâtiments neufs (individuel, collectif et tertiaire) dès 2020 ». La PPE entend aussi rééquilibrer le mix en matière de chaleur renouvelable. La part de la biomasse passant de 80 % en 2016 à 68 % en 2028, les PAC aérothermique de 14 % à 18 % et le biogaz de 2 % à 7 %.
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Stéphane Vigliandi
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