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Le bois énergie vante ses (propres) solutions pour la transition

Grégoire Noble
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[Zepros Energie] Qu’il alimente les grandes chaufferies bois d’éco-quartiers ou les poêles à granulés des particuliers, le bois est un acteur de premier plan de l’énergie en France. Naturellement renouvelable et abondant sur le territoire, il rappelle son utilité dans la transition en cours et ses avantages socio-économiques. Et la profession souligne que des réponses existent pour limiter les émissions de particules polluantes.

Rassurons tout d’abord les défenseurs de la forêt : non, la France ne déforeste pas. Même s’il exploitait deux fois plus ses ressources en bois qu’il ne le fait aujourd’hui, le pays ne perdrait pas de surfaces forestières. La ressource se porte bien, donc, puisque la forêt française est la 4e d’Europe avec près de 17 millions d’hectares (principalement situés au sud de la diagonale Strasbourg-Bordeaux). Ce patrimoine vert, en constante croissance, fixe une énorme quantité de CO2, compensant 25 % des émissions nationales environ. Outre son rôle dans la construction, qui devrait fortement augmenter dans la décennie, celui du bois dans l’énergie est déterminant dans la transition écologique.

L’interprofession France Bois Forêt, rappelle que les usages sont complémentaires et intimement liés. Le bois, récolté pour être transformé, génère également des coproduits (copeaux, sciure) et des déchets, qui peuvent être utilisés et valorisés. De même, les produits en bois en fin de vie peuvent être recyclés et se substituer ainsi à des carburants fossiles (importés et non renouvelables, eux). Il est estimé que l’utilisation d’1 m3 de bois éviterait en moyenne 1,52 tonne de CO2. C’est particulièrement vrai dans le secteur des chaufferies collectives et des réseaux de chaleur. Mathieu Fleury, le président du CIBE, relate : « C’est une filière jeune, dont le démarrage remonte au début des années 2000, qui présente une répartition homogène sur le territoire. Mais, depuis 2016, elle est en panne ». Une situation liée au prix du gaz, énergie concurrente, qui amène un déficit de compétitivité et donc, le lancement de peu de nouveaux projets. Pour l’heure, la France compte 6 800 installations en fonctionnement, dont 90 % développent moins de 2 MWth. Ces chaufferies génèrent annuellement 37 TWh d’énergie pour la consommation de 12 millions de tonnes de bois, prélevées dans des rayons inférieurs à 100 km autour des unités. Il est intéressant de noter que les 150 installations les plus puissantes (>10 MW), concentrées dans l’industrie, génèrent à elles-seules 64 % de toute cette chaleur. Les réseaux de chaleur ont livré, pour leur part, 15 des 37 TWh à leurs bénéficiaires, verdissant au passage le mix énergétique qui est passé de 31 % de renouvelable en 2009 à près de 60 % en 2019 (la proportion de bois ayant bondi dans le même temps de 3 à 24 %).

Pour relancer cette filière, déjà bien structurée, le CIBE estime qu’un plan d’investissement de 10 Mrds € sur les 10 ans qui viennent sera nécessaire. Une enveloppe d’environ 1 Mrd €/an qui aboutirait à la création de 9 600 emplois pour la réalisation des travaux d’aménagement des réseaux et des unités de production de chaleur, plus 6 700 emplois pour assurer le fonctionnement de ces nouvelles installations. « Il y a 1 emploi créé pour 1 000 tonnes de bois consommées », résume Mathieu Fleury. Grâce à son excellente efficacité (>85 % en cogénération), le bois-énergie promet une empreinte carbone quasi-neutre, facilitée par la croissance de la génération suivante d’arbres qui capte le CO2 émis.

Au poêle !

Du côté du chauffage individuel au bois, le Syndicat des énergies renouvelable note que le métier a également fortement évolué ces dernières années. Le parc actuel s’élève à 7 millions d’appareils de chauffage domestiques produisant 70 TWh de chaleur. La PPE prévoit qu’en 2028, cette production sera relativement stable à 80 TWh, mais que le parc aura considérablement augmenté, avec entre 10 et 11 millions de ménages chauffés au bois. « En fait, la baisse des consommations par foyer sera obtenue grâce à la performance améliorée des appareils de chauffage et par la diminution des besoins en chauffage par la meilleure isolation du bâti », analyse Aymeric de Gallembert, président de Seguin Duteriez. L’ensemble des industriels du secteur représentent déjà 26 000 postes en France, mais le développement attendu du bois-énergie, pourrait ici aussi permettre de créer plus de 13 600 postes supplémentaires d’ici à 2028 ! De quoi engranger 3,2 Mrds € de valeur ajoutée non délocalisables, de surcroît concentrés dans des zones rurales.

Demeure la question de la qualité de l’air, en zone urbaine ou alpine, là où les concentrations de particules posent souvent problèmes en hiver. « Il faut encourager l’utilisation d’appareils et de combustibles performants qui permettent de réduire les rejets atmosphériques, à condition qu’ils soient bien installés – par des artisans RGE – et régulièrement entretenus », soutient Aymeric de Galembert. Les acteurs du bois-énergie souhaitent, sur ce volet individuel, que la politique publique incite au remplacement des foyers ouverts et des appareils les plus anciens grâce à un mécanisme spécifique de soutien qui viendrait en plus des aides type MaPrimeRénov’ et du Fonds Air-Bois. Une campagne de communication pourrait également informer les Français sur les bonnes pratiques à adopter sur le ramonage, le choix du combustible ou la façon d’allumer son foyer. Enfin, les industriels recommandent l’abaissement de la TVA à 5,5 % pour les combustibles de qualité afin de favoriser le bois-bûche. Dernier avantage mis en avant par les professionnels du bois : sa grande stabilité des prix dans le temps, qui ne sont pas soumis aux aléas internationaux et aux tensions sur d’autres énergies de marché (gaz notamment). Les ménages qui choisissent le bois comme énergie pourront compter sur une facture qui ne… flambera pas dans les années qui viennent.

G.N.

Grégoire Noble
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