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«Le guide de la CSCEE : un catalyseur pour rebooster l’activité» (FNBM)

Stéphane Vigliandi
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[Zepros Négoce] Après bientôt deux semaines de confinement, Franck Bernigaud, le président de la Fédération du négoce de bois et des matériaux (FNBM), dresse un bilan d’étape sur la reprise d’activité dans les enseignes. Et attend un geste des assureurs-crédit.
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50 % à 70 % de baisse de CA

Franck Bernigaud : Ce matin [vendredi 27 mars], selon les dernières remontées du terrain, entre 42 et 43 % des points de vente sont opérationnels en version drive et “sans contact” sur un réseau d’environ 5 500 dépôts. C’est à ce jour un peu plus de 70 % du potentiel d’activité de la profession. En raison d’une baisse d’activité estimée hier par l’Insee de 89 % dans le BTP, seules les agences principales sont ouvertes. La stratégie des enseignes a été de fermer les sites satellites – notamment en zones urbaines – et ne garder que des points fixes pour les entreprises qui travaillent encore. Selon les sites, le niveau d’activité se situe entre 30 à 50 % par rapport à un mois de mars normal.

Environ 50 % des effectifs sur le pont

F. B. : Nous n’avons pas encore de chiffre très précis sur les équipes opérationnelles sur le terrain. La FNBM doit faire une enquête sur ce point un peu plus tard. Mais, globalement, nos entreprises n’ont pas eu à mettre en place des mesures d’astreinte. La profession a forcément dû adapter la voilure. Actuellement, plus ou moins la moitié des collaborateurs sont sur le terrain. Dans ma société [BigMat Béréziat], par exemple, mes 5 agences sont en activité dégradée : sur 75 collaborateurs, 36 salariés volontaires sont sur le terrain. Des rotations d’équipes sont organisées. Il y a un esprit de cohésion plutôt fort depuis le début de la crise. Et je tiens à saluer les réactions positives des salariés et des partenaires sociaux.

Élan de solidarité

F. B. : Dans l’ensemble, le moral de nos chefs d’entreprise reste plutôt bon malgré une situation qui peut être anxiogène. Dans ce contexte très particulier, la profession n’a pas eu à déplorer de vols de matériaux dans les cours. Autant que possible, les agences font des réassorts d’EPI notamment ; les stocks n’étant plus réquisitionnés pour l’instant. Beaucoup d’artisans en font ainsi don aux services de santé. Sans faire d’angélisme, c’est donc plutôt un bel élan de générosité et de solidarité que nous vivons.

De gros espoirs avec la sortie du guide de la CSCEE

F. B. : Le 25 mars, le porte-parole de la FNBM [Jacques Pestre, SGDB France] a pris part au dialogue lors d’un comité élargi du Conseil supérieur de la construction et de l'efficacité énergétique (CSCEE). Il a exposé la manière dont notre profession fait face à cette crise, les difficultés rencontrées et nos attentes. Notre guide sur les règles de sécurité sanitaire a été cité en exemple par l’OPPBTP. Le guide des bonnes pratiques du CSCEE [un document de 6 pages] sera sans doute un catalyseur pour accompagner les entreprises souhaitant reprendre leur activité en toute sécurité. Quoi qu’il en soit, notre profession s’adaptera à la situation de façon sécurisée.

Les mesures de soutien de l’État

F. B. : Face à cette situation inédite, le gouvernement joue son rôle d’État-providence. Ce qui n’avait pas été le cas durant la crise de 2008 où notre profession n’avait perdu “que” 15 % de CA. En relation permanente avec la CPME et le Medef, la FNBM relaie toutes les informations sur les mesures d’aide pour soutenir les entreprises. Concernant le chômage partiel entre autres, après le flou sur le fonds et la cacophonie de la semaine dernière, les règles sont désormais claires pour notre filière. Les premiers dossiers de négociants ont été acceptés par les Direccte. Sur le plan social, en fonction de ses moyens, chaque entreprise est désormais libre d’accorder la prime d’État défiscalisée [plafonnée à 1 000 € bruts]. En tant que patron, j’ai acté avec le CSE le versement de cette aide à mes collaborateurs qui travaillent actuellement. Ça me semble un décision de solidarité et d’équité, même si je ne peux préjuger de ma baisse de chiffre d’affaires dans les mois à venir.

Crédit-clients : vigilance renforcée

F. B. : Nos négoces ont reçu des appels de clients pour reporter leurs échéances. Il n’est bien sûr pas question de pénaliser ceux qui travaillent aujourd’hui. Face aux risques d’impayés, il faut sans doute savoir faire preuve de souplesse, d’agilité… même si nous savons pertinemment que nos comptes de résultats seront forcément impactés en 2020. Il faut néanmoins inciter les TPE et PME artisanales à se retourner vers les mécanismes de soutien bancaires garantis par l’État [à condition de respecter les échéances des paiements fournisseurs]. Durant cette période où le négoce va sans doute encore plus jouer son rôle de banquier des artisans, il faut que les assureurs-crédit sortent le "drapeau blanc" pour alléger les conditions du crédit interentreprise.

Vers une digitalisation accrue de la filière

F. B. : Essor des commandes en ligne et du drive… Durant cette période exceptionnelle, on assiste certainement à une démocratisation des outils numériques. Ce sera sans doute l’un des effets collatéraux, mais positifs à l’issue de cette crise. Avec cette situation inédite, nous allons tous être amenés à repenser nos organisations de travail.

Stéphane Vigliandi
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