L’efficacité énergétique des bâtiments, un secteur dynamique et porteur d’emplois

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Le marché français de « l’amélioration de l’efficacité énergétique du bâtiment résidentiel » a été scruté par l’Ademe. Un énorme secteur qui représentait, en 2016-2017, environ 30 Mrds € de chiffre d’affaires et plus de 200 000 emplois directs. Isolation des parois opaques, remplacement des chaudières ou installation de régulation intelligente, retrouvez l’impact économique de toutes les activités.
Les politiques publiques française et européenne tendent à réduire les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, notamment par le biais de l’amélioration de l’efficacité thermique des bâtiments. Un moteur de l’activité pour les entreprises de l’Hexagone qui a représenté un chiffre d’affaires de 29 milliards d’euros en 2016 et de plus de 30,6 Mrds € en 2017, selon les chiffres publiés par l’Ademe, dans son étude annuelle « Marchés et emplois liés aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique ». Un immense pan de l’économie nationale qui employait, ces années là, entre 205 000 et 218 000 personnes (emplois directs en équivalent temps plein, associés à la fabrication, la distribution, la pose et la maintenance d’équipements). Mais les résultats et les tendances varient grandement selon les secteurs considérés, puisque cette « amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments résidentiels » recouvre aussi bien la rénovation du bâti (isolation, menuiseries, ventilation), que le remplacement d’appareils de production de chaleur ou que l’adoption de régulations actives et d’appareils électroménagers performants.

Remplacement des menuiseries et installation de chaudières à condensation


La rénovation du bâti représente l’essentiel de l’activité avec 20,7 Mrds € de chiffre d’affaires et 148 600 emplois. Et c’est le remplacement des ouvertures qui domine (11,8 Mrds € et 77 400 postes) même si ce type de travaux s’est ralenti. Pas moins de 3 100 postes ont disparu entre 2015 et 2016 (-3,9 %), alors que d’autres segments du marché en créaient, comme l’isolation des parois, où 600 nouveaux emplois ont été enregistrés sur la même période. Ces travaux ont généré 8,5 Mrds € de revenus en 2016 grâce à des effectifs de 71 200 personnes. Le segment du renouvellement des ventilations mécaniques contrôlées (VMC) fait figure de petit poucet, avec un marché de « seulement » 329 M€ de chiffre et environ 2 800 employés concernés, chiffre stable sur trois années.

La filière du remplacement des appareils produisant de la chaleur – qui comprend les chauffages et les moyens de production d’eau chaude sanitaire – constitue le deuxième grand pôle, totalisant 6,2 Mrds € de CA pour plus de 44 000 équivalents temps plein. C’est le chauffage au bois qui suscite le plus d’activité avec 2,4 Mrds € légèrement devant les chaudières à condensation (2,3 Mrds €). En termes d’effectifs, la situation s’inverse, puisque la fabrication, la distribution et l’installation-maintenance des machines à condensation mobilise près de 22 500 salariés, tandis que les appareils au bois domestique ne concernent que 12 000 personnes. Suivent les pompes à chaleur et les chauffe-eau thermodynamiques, qui dépassent les 1,3 Mrds € de chiffre d’affaires en 2016 et 8 900 emplois. L’Ademe signale : « Le nombre d’équipements continue de croître (+20,7 % par rapport à 2015) en partie grâce à la diminution des prix ». Le marché des chauffe-eau solaires enfin, s’établit à l’époque à seulement 118 M€ pour à peine plus de 1 000 postes, confirmant l’aspect de niche de ce produit dans l’Hexagone.
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La France dépend largement des importations


Troisième et dernière filière, celle des appareils performants et des régulations d’installations de chauffage posées en rénovation. Si l’électroménager parvient à atteindre les 2,1 Mrds € de ventes en 2016, les systèmes régulateurs n’ont généré, au même moment, que 118 M€ de revenus (pour 800 salariés). L’étude de l’Ademe note que tout le secteur est totalement dépendant d’importations puisque seulement 1,5 % des équipements sont « made in France » et 7,5 % de ceux produits dans le pays sont exportés...
La balance commerciale de l’ensemble de ces trois grandes filières d’amélioration de l’efficacité énergétique du secteur résidentiel est d’ailleurs très largement déficitaire. Outre l’électroménager performant, qui à lui seul représente plus de la moitié de ce déficit (-875 M€), aucun des autres segments n’est à l’équilibre : ni l’isolation des parois opaques, ni le changement des ouvertures, ni le remplacement des appareils de chauffage ou des pompes à chaleur, qui affichent des déficits compris entre -215 et -135 M€. Même les chaudières à condensation et le solaire thermique, qui disposent d’un tissu industriel relativement important en France, ne parviennent pas à l’équilibre avec respectivement -80 M€ et -7 M€ ! Des tendances qui se sont aggravées depuis 2006 et qui confirment que le chiffre d’affaires du secteur n’est plus situé dans la production industrielle mais dans les services aux artisans et aux consommateurs finaux (distribution et pose-entretien). Autre tendance observé, le succès incontestable des PAC alors que s'érode celui des menuiseries, en lien avec l'évolution des aides publiques.
G.N.
Grégoire Noble
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