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Les Français très ignorants de la rénovation énergétique

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Selon le baromètre OpinionWay-MonExpert-Rénovation-Énergie, un tiers des Français ignore si son logement est une passoire thermique. Pire, près de deux sur trois sont incapables de citer une seule aide financière permettant de réaliser des travaux de rénovation énergétique... Une méconnaissance qui freine encore la massification du marché de la réhabilitation performante.
Trois chiffres sont à retenir : à la question « Votre logement actuel est-il ou non une passoire thermique ? », les Français sont 32 % à ne pas savoir répondre. Interrogés librement sur les aides financières qui pourraient les aides à lancer des travaux de rénovation énergétique, ils sont 64 % à ne pas être en mesure d’en citer une seule. Quant à la notoriété des organismes publics susceptibles de les épauler dans cette démarche, ils sont 74 % à être incapable d’en nommer... Des résultats, issus du 5e baromètre annuel d’OpinionWay et MonExpert- Rénovation-Énergie (*), qui illustrent les progrès à faire en matière de communication autour de la réhabilitation thermique.
L’actualité a pourtant été riche en 2019 autour de ces sujets, avec la montée en puissance du programme Faire et la signature de sa charte par les représentants des artisans et des professionnels de l’immobilier. Ou avec la réforme de l’éco-prêt à taux zéro dont le plafond a été porté de 10 à 15 k€ et qui est désormais octroyé dès le premier geste de rénovation. Voire avec le lancement en début d’année de l’opération « Coup de pouce chauffage » dite « Chaudière à 1 € », promettant un reste à charge réduit au strict minimum grâce à l’agrégation des aides par un opérateur accompagnant. « Le marketing de la rénovation a enfin décollé », souligne Matthieu Paillot, président de Teksial (monexpert-renovation-energie.fr). Cependant, les Français restent encore peu sensibilisés à la question, même si près d’une personne sur deux estime que des travaux seraient nécessaires à son domicile et si 14 % des répondants estiment que leur logement est bien une épave thermique. « Il s’agit surtout de locataires et de personnes résidant dans les régions Hauts-de-France ou Normandie », fait remarquer Frédéric Micheau, directeur des études pour OpinionWay. « La méconnaissance n’épargne pas les bailleurs qui sont 37 % à ne pas savoir la performance du logement qu’ils mettent en location, malgré l’obligation du DPE. Et 58 % ignorent s’ils sont éligibles à des aides ». Toutefois, ces propriétaires se disent prêts à lancer des travaux pourvu qu’ils soient accompagnés.
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L’aide la plus connue ? L’isolation à 1 € !

Lorsqu’il est question d’aides financières, les connaissances des Français sont encore lacunaires : les offres du privé sont les plus connues, notamment « l’isolation à 1 € » citée spontanément par 10 % d’entre eux. Le Crédit d’impôt arrive en second, avec 7 % d’occurrence, et l’Eco-PTZ est encore plus loin (3 %). L’institut de sondage note que 38 % des répondants ne se prononcent pas, que 23 % n’en connaissent pas du tout et que 3 % se disent non concernés... Cette méconnaissance des aides serait particulièrement flagrante en Île-de-France (74 %) et sur le pourtour méditerranéen (70 %). Quant à la notoriété des organismes publics permettant de réaliser des travaux, elle est elle aussi particulièrement faible : 7 % pour l’Ademe et 4 % pour l’Anah, les autres réponses spontanées se caractérisant par leur imprécision ou leur inexactitude.
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Pour autant, les Français se déclarent prêts à mobiliser un certain budget pour entreprendre une rénovation, de l’ordre de 2 500 € en moyenne. « Mais cette somme varie selon les catégories sociales. Et 50 % des Français avancent disposer de moins de 1 000 € pour tout budget, avec même 25 % qui annoncent qu’ils ont 0 € à y consacrer », ajoute Frédéric Micheau. Ceux ayant déjà réalisé des travaux par le passé se sont tournés en priorité vers le remplacement des menuiseries (41 %) devant l’isolation des combles (31 %) et le changement du système de chauffage (30 %). L’installation de thermostats programmables (26 %) figure également dans les réponses citées, très loin devant l’installation de panneaux solaires (7 %). Parmi les 1 200 personnes ayant fait faire des travaux, 42 % ont été accompagnés, soit par un artisan RGE (24 %), soit par un magasin de bricolage (9 %), voire par une grande enseigne de distribution (6 %). Les organismes publics n’arrivent qu’ensuite (5 %). Sur les freins à la rénovation, les 550 répondants sont catégoriques : les locataires pensent ne pas avoir le droit d’entreprendre des travaux (38 %), d’autres estiment que leur logement n’en a pas besoin (29 %), tandis que le manque de moyen est également souvent invoqué (25 %). Enfin, et c’est une bonne nouvelle pour les professionnels qui avait déjà été entrevue dans une autre étude, les Français se montrent plutôt confiants envers les artisans et entreprises du secteur : 88 % les estiment à la hauteur sur la qualité des travaux, sur le conseil apporté, sur la pédagogie ou sur le respect des devis. Le point le plus délicat semble être le respect des délais, que redoutent encore 46 % des répondants.
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Avec la transformation du CITE en prime pour les ménages (très) modestes, les choses ne devraient pas apparaître plus simples pour les consommateurs : cette évolution qui devait booster les rénovations de logements en supprimant la nécessaire avance des fonds, sera contrebalancée par l’augmentation du reste à charge, y compris pour les foyers les plus pauvres... La lisibilité et l’efficacité du dispositif en seront grandement impactés, déplore le président de Teksial qui redoute « un coup de frein sur la rénovation en 2020 ». Les discussions autour du budget de l’an prochain devraient être animées.
G.N.
(*) Méthodologie : 2 006 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus ont été interrogées par questionnaire en ligne entre le 28 et le 30 août 2019. Un échantillon suffisamment large pour réduire les marges d’erreur. La cohorte est composée de 48 % d’hommes et de 52 % de femmes, avec 18 % de franciliens et 82 % de provinciaux (dont 24 % de ruraux). Les inactifs représentent la première catégorie socioprofessionnelle (43 %) devant les catégories populaires (30 %) et les professions supérieures (26 %).
Grégoire Noble
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