Loxamed : la 2e vie des bases-vie pour dépister la Covid-19
EN PHOTO • Installé près de Lorient (56) où se trouve aussi le siège social du groupe Loxam, Loxamed, le nouveau pôle Santé du loueur de matériels pour le BTP, participe déjà aux campagnes de dépistage du coronavirus auprès des collectivités locales et des entreprises qui en font la demande. Demain, il pourrait aussi participer aux premières campagnes de vaccination contre le coronavirus.
[Zepros Bâti] Détenue à 51 % par Loxam, la start-up basée dans le Morbihan a déployé depuis le printemps dernier une cinquantaine d’unités mobiles de dépistage Covid dans les villes et au pied des entreprises à travers le pays. Et veut percer dans le paysage de la télémédecine.
À l’origine, c’est un peu l’histoire du télémédecin malgré lui. « La création de Loxamed en mars dernier est née d’un constat, mais aussi d’un concours de circonstances. D’un côté, le groupe Loxam s’est très vite heurté, dès le début du premier confinement, à un retour massif de bungalows et modules de chantier en location avec l’arrêt quasi-total de l’activité dans le BTP. L’autre déclic est survenu après l’installation du premier hôpital de campagne à Mulhouse. En pleine crise pandémique, nous souhaitions alors proposer une structure alternative en dur pour y mettre à disposition des lits médicalisés. Très vite, l’idée a germé de transformer aussi des containers de chantier de 15 m² en centres itinérants de diagnostic et de dépistage Covid », raconte Arnaud Molinié, aujourd’hui à la tête de Loxamed. Spécialisée dans le secteur de la santé, cette filiale du loueur de matériels a été créée en joint-venture entre Loxam (51 % du capital) et la société Diag France que détiennent Arnaud Molinié et deux associés. Agrégeant des compétences d’urgentiste et de logisticien, l’ensemble du dispositif a été développé en partenariat avec des acteurs de la “medtech” : le laboratoire Axamed, la plateforme TéléDok, PmSm, ainsi que les laboratoires Biogroup et Eurofins. À la demande de la Mairie de Paris, un premier site pilote avait été installé fin avril en proximité d’un foyer de travailleurs migrants dans le XIXe arrondissement. « À l’époque, il s’agissait d’intervenir dans des conditions d’extrême urgence sanitaire pour éviter qu’un nouveau cluster ne se crée. Ce test a permis de valider le bien-fondé de notre solution pour la déployer à plus grande échelle », souligne le président de Loxamed.
Cabinet médical connecté
Comment ça marche ? Installée en 48 heures chrono et baptisée “MobilTest”, chaque unité mobile de diagnostic et de dépistage (UMDD) est configurée comme un cabinet médical 2.0 pouvant accueillir jusqu’à 200 personnes par jour. « Nous sommes l’un des très rares acteurs du privé à avoir obtenu la certification du protocole médical et sanitaire par l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France », se félicite d’ailleurs Arnaud Molinié. Sur place, une infirmière ou un infirmier y effectue les tests PCR dans « des conditions de confort supérieures » aux désormais traditionnels barnums Covid implantés sur le territoire. De son côté, un médecin intervient en visioconférence. « Durant la téléconsultation, le VisioCheck [une station de téléconsultation mobile et légère pesant moins de 300 g : Ndlr] analyse neuf constantes vitales : la température, le rythme cardiaque, le pouls, le taux de glycémie, etc. Lors du premier confinement, nous avons pu intervenir en urgence dans des clusters en moins de 24 heures. Les UMDD sont ouvertes du lundi au samedi de 9h00 à 17h00. Si les tests Covid sont bien sûr gratuits, il faut s’inscrire au préalable sur notre plateforme de rendez-vous en ligne, détaille le président de Loxamed. En parallèle des tests PCR, nous venons de commencer de proposer des tests antigéniques en partenariat avec deux pharmacies de la région parisienne, à Villeneuve-le-Roi (94) et Nanterre (92). » Se conformant aux cahiers des charges des autorités sanitaires, l’UMDD délivre les résultats sous 24 heures. En cas de test négatif, un SMS invite la personne testée à en prendre connaissance sur une plateforme “Santé Sécurisée”. Si le test est positif, le patient peut choisir d’être rappelé par un médecin de TéléDok qui assurera le suivi médical.
Une réponse aux déserts médicaux ?
« Au début de la pandémie, nous intervenions dans l’urgence dans un contexte de guerre contre le coronavirus. Depuis la fin du premier confinement, 44 unités “MobilTest” ont été implantées en région parisienne, mais aussi en province, indique Arnaud Molinié. Notre cible n°1 concerne les collectivités territoriales. Mais Loxamed propose aussi des solutions sur mesure pour répondre aux besoins spécifiques des entreprises. Si certaines majors du BTP ont déjà fait appel à notre dispositif, le nombre de nos clients issus du Bâtiment reste encore très réduit. Pourtant, ce secteur est soumis à des facteurs de risque en raison d’une forte coactivité. Le donneur d’ordres via un référent Covid peut mutualiser, par exemple, la location d’une UMDD auprès des différents intervenants sur les chantiers. » En fonction des conditions d’utilisation (nombre de jours de location, amplitudes horaires, volumes de salariés à dépister, etc.), le coût hebdomadaire d'un module itinérant peut varier... « de 5 000 à 15 000 € nets ».
Si Loxamed compte déjà à son actif des clients « prestigieux » comme le Club de foot de l’OL ou encore la Fédération française de rugby, la SNCF a aussi passé commandes de centres mobiles Loxamed. Depuis cet automne, des “MobilTest” ont été installés sur le parvis de cinq gares : à Paris (Gare de l’Est et Gare de Lyon), Marseille, puis Bordeaux et Rennes. Dans l’immédiat, la start-up bretonne pourrait diversifier son activité en participant aux campagnes de vaccination Covid. Mais, « à terme, cette solution de médecine connectée et d’ultra-mobilité pourrait également être déployée pour intervenir notamment dans les déserts médicaux », imagine déjà son cofondateur qui n’hésite pas à parler d’« un dispositif d’intérêt général ». À l’heure où le risque sanitaire s’impose un peu plus chaque jour dans le quotidien des Français, les entreprises, elles, sont incitées à entrer dans la stratégie nationale de dépistage depuis le début de la 2e vague. Et plus encore dès janvier 2021. S. V.