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Pavé tok

Mutation des métiers : il faut vous y préparer

Quentin Nataf
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Les métiers du Bâtiment passent d’une évolution progressive due aux progrès techniques à une vraie révolution liée aux réglementations thermiques et environnementales successives et encore à venir. Avec quelles implications concrètes ?
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Qui a dit que le Bâtiment était d’un immobilisme récurrent et désespérant ? Quand on voit ce qu’il s’est passé ces 25 dernières années, c’est vraiment mal juger ce secteur qui a fait preuve d’une capacité d’adaptation peu commune. RT 2005, RT 2012, RE 2020, autant d’étapes qui ont remis en question beaucoup de certitudes et de savoir-faire des professionnels, et c’est loin d’être fini. Désormais, c’est la sobriété énergétique et le numérique qui mènent la danse et qui vont accentuer fortement les changements d’habitudes dans les différentes filières, que ce soit pour la construction neuve que pour la rénovation énergétique du parc existant. Avec comme implications directes, des conséquences sur les compétences des compagnons de tous les corps d’état. Maçons, charpentiers, plombiers-chauffagistes, électriciens sont parmi les plus impactés dans la mesure où bons nombres de systèmes constructifs, méthodes et procédures vont évoluer en profondeur dans les prochaines années. D’où la nécessité d’organiser une veille indispensable et de prévoir les formations ad hoc pour pouvoir rester à la page. Pour y voir plus clair, l’Observatoire des métiers du BTP vient de sortir un panorama des mutations attendues et leurs impacts (voir les modules ci-après).

L’importance d’anticiper
S’ils sont un peu en retrait, les facteurs économiques et sociétaux ont un effet multiplicateur sur les évolutions en cours au sein des secteurs. D’abord, l’évolution des comportements d’achat des clients, avec des attentes toujours plus importantes en termes d’équipements, de fonctionnalités, de délais et usage systématique du web dans les parcours d’achat.
Ensuite, le vieillissement de la population qui impacte les constructions, avec la nécessité de prendre davantage en compte, dès la conception, les problématiques d’accessibilité et de maintien à domicile des personnes âgées.
Enfin, les difficultés de recrutement que connaissent les acteurs du BTP, qui devraient encore s’amplifier avec le vieillissement de la population active et la difficulté à attirer des jeunes. Ce phénomène engendre des enjeux importants autour de la création/reprise d’entreprise notamment.

Le digital omniprésent
De nombreuses solutions sont apportées par le numérique et les évolutions techniques et technologiques, comme en témoignent les produits, équipements et solutions (plus de 560), présentés lors du Mondial du Bâtiment en 2019. Les solutions identifiées concernaient les équipements (scanner 3D, drones, imprimantes 3D, exosquelettes, équipements connectés et domotique…) ainsi que de nombreuses solution numériques. Parmi celles-ci, les logiciels d’exploitation et de maintenance connectées (GMAO), conception/dessin assisté par ordinateur (CAO/DAO) et maquette numérique 2D ou 3D de gestion de chantier, applications mobiles dédiées. Initialement axées sur le BtoC, les plateformes de mise en relation se sont fortement développées sur le marché BtoB et concernent aujourd’hui tous les secteurs, y compris ceux du BTP.
Bien que les entreprises des secteurs du BTP se soient majoritairement appropriées les outils et usages “basiques” du numérique, son impact dans les fonctions d’exécution reste encore assez faible, et concerne davantage les activités de gestion administrative, plutôt que les activités “cœur de métier”.
L’impact du numérique est en outre fonction de la taille de l’entreprise. Ce sont surtout les ETI qui utilisent ces solutions (entre 80 % et 100 % d’entre elles), plus que les PME (entre 40 % et 60 % pour le second œuvre et dans les Travaux Publics) et encore plus que les TPE (moins de 40 % pour le gros œuvre et second œuvre).

Chiffres clés

4 463 : le nombre de chefs d’entreprises (TPE, PME, ETI…), à rapporter aux près de 390 000 actifs indépendants (société unipersonnelle) du secteur, avec des projets de recrutements limités à 260. Source Observatoire des métiers du BTP 2019

60 000 : le nombre d’apprentis en formation (2019-2020) dans le secteur du BTP. Source MAAF/ISM

217 000 : le nombre de projets de recrutement en 2021 dans le secteur de la construction. Source Pôle Emploi

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Quel avenir pour le métier de maçon ?

Performance énergétique oblige, l’activité du maçon va nécessiter une intervention accrue dans les domaines de l’isolation des habitations neuves (RE 2020) et de la rénovation du bâti ancien, avec mise en œuvre de solutions de plus en plus complexes, tant au niveau des techniques que des matériaux utilisés. À noter : l’intégration des matériaux dits éco-responsables dans les constructions va également complexifier les opérations de maçonnerie, avec des systèmes qui ne sont pas forcément “tout béton” et qui nécessitent d’articuler différents matériaux et techniques, selon l’adage de bon sens “le bon matériau au bon endroit”.
Autre composante des évolutions attendues, le développement de la préfabrication, amenant à travailler avec des moyens de plus en plus mécanisés, pour assurer les opérations de levage et assurer le raccordement d’éléments préfabriqués, sans oublier la poursuite de la diffusion et de l’utilisation des outils digitaux pour rechercher et transmettre les informations sur le chantier.

Compétences indispensables
D’abord, maîtriser les techniques d’isolation relatives à l’isolation extérieure (murs doubles avec isolation thermique par l’extérieur, murs à coffrage et isolation intégrés, panneaux sandwich, etc.) et à l’isolation des planchers (intégration du bois pour des planchers mixtes bois-béton, par exemple).
Ensuite, prendre en compte les performances énergétiques des matériaux utilisés dans le cadre de l’écoconstruction (terre, bois…) en mettant en œuvre des solutions d’isolation thermique par l’extérieur préfabriquées dans le respect des préconisations du fabricant (murs à coffrage et isolation intégrés…).
Enfin, assurer une veille continue des matériaux et produits à utiliser pour répondre à l’enjeu de performance énergétique.

Données chiffrées :
Nombre de salariés : 111 449.
Besoin de recrutement : 19 750 (difficulté 70 %*).
*68 % pour l’ensemble des emplois du BTP.

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Quelles mutations pour les charpentiers / construction bois ?

L’accroissement des enjeux de performance énergétique entraîne un développement des activités en lien avec l’isolation et la rénovation et implique le besoin de nouvelles compétences métiers. Pour l’activité liée à la structure bois, le développement de la préfabrication induit de nouvelles compétences dans les domaines annexes de l’électricité, de la plomberie, de la ventilation, etc. Le développement des machines à commande numérique aura aussi un impact important sur la modernisation des process de fabrication.

Compétences indispensables
Comme pour d’autres activités, la transversalité des métiers va influencer la détermination et la mise en œuvre du procédé d’isolation thermique adapté au bâtiment. Au programme : organiser les interfaces techniques et organisationnelles avec les autres corps d’état dans le cadre de la conception d’une solution d’isolation thermique et acoustique par l’extérieur, analyser les conditions et les contraintes liées à la mise en œuvre des structures rapportées, sélectionner et intégrer les matériaux en vue de répondre aux exigences d’étanchéité à l’air et à l’eau.

Données chiffrées :
Nombre de salariés : 16 189.
Besoin de recrutement : 2 860 (difficulté 82 %*).
*68 % pour l’ensemble des emplois du BTP.

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La performance énergétique au cœur de l'action

Les nombreuses évolutions techniques, technologiques et environnementales dans la construction obligent les plombiers à étendre leur périmètre d’intervention et leurs connaissances techniques aux systèmes d’énergies renouvelables et aux systèmes domo- tiques, et à développer leur activité de maintenance en s’appuyant sur les possibilités offertes par ces nouveaux matériels. La sobriété énergétique et l’abandon programmé et progressif des carburants fossiles va bouleverser le paysage des émetteurs de chauffage pour s’orienter vers des solutions à base de renouvelables. La PAC, le bois et le solaire devraient se généraliser ; autant de technologies souvent complémentaires qu’il convient de savoir maîtriser seules ou de concert. De même, l’utilisation des outils digitaux pour rechercher et transmettre les informations sur le chantier devrait continuer à se développer.

Compétences indispensables
Comme tout corps d’état technique directement dépendant de la performance énergétique, le chauffage nouvelle génération va nécessiter de lourdes mises à jour dans les savoir-faire. En premier lieu, identifier les besoins des clients et vendre des équipements et/ou des services en situation d’entretien/dépannage et sélectionner la meilleure solution en tenant compte des exigences en matière de performance énergétique et environnementale (impact carbone, optimisation des consommations d’eau et d’énergie, qualité de l’air, etc.), des différents équipements et des caractéristiques techniques du bâtiment.
Ensuite, il conviendra de vérifier et changer l’installation sanitaire, de chauffage central et de production d’eau chaude en tenant compte des nouvelles normes réglementaires.
Pour l’installation d’un équipement solaire thermique, il faudra traiter les interfaces techniques et organisationnelles avec les autres corps d’état.
Enfin, en ce qui concerne les services associés, prévoir la mise en place d’une action de maintenance préventive et prédictive adaptée aux besoins de l’équipement communicant à partir des informations reçues.

Données chiffrées :
Nombre de salariés : 46 849.
Besoin de recrutement : 12 300 (difficulté 80 %*).
*68 % pour l’ensemble des emplois du BTP.

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L'avenir du métier d'électricien

Autre métier fortement impacté par la révolution numérique, l’électricien va devenir peu à peu un intégrateur avec le développement des réseaux de communication et l’importance prise par l’image, la reconnaissance faciale, les systèmes de sécurité connectés…
En lien avec l’enjeu de performance énergétique, il assurera une intervention accrue dans l’optimisation de la consommation d’énergie, au travers de l’installation de systèmes électriques communicants notamment.
N’oublions pas la montée en puissance de l’installation d’équipements photovoltaïques en toiture et des dispositifs de gestion de l’autoconsommation des fluides produits, et le développement de la domotique, avec des équipements plus numérisés et automatisés, qui nécessitent une évolution des compétences en matière d’installation et favorisent le renforcement de l’activité de maintenance.

Compétences indispensables

En lien étroit avec le développement constant de l’écosystème digital, les qualités professionnelles demandées à l’électricien-intégrateur vont passer par la conception d’une installation domotique et connectée en tenant compte des besoins du client et des interfaces matérielles à traiter.
Le précâblage informatique et de communication en tenant compte des caractéristiques du bâtiment à équiper (habitat, tertiaire, industrie) et du type de données à traiter (voix, image, etc.) sera également incontournable.
Autres domaines de connaissance obligatoires, la réalisation du recettage d’une installation informatique, d’une installation domotique connectée en utilisant le matériel approprié, la gestion des codes et droits d’accès des installations domotiques effectuées, et la mise-à-jour et la maintenance d’une installation domotique ou d’un équipement connecté selon les préconisations des fabricants.

Données chiffrées :
Nombre de salariés : 46 420.
Besoin de recrutement : 10 860 (difficulté 72 %*).
*68 % pour l’ensemble des emplois du BTP.

Isolation et solaire, l'avenir pour les couvreurs

L’essor des activités relatives à l’installation d’équipements solaires et à l’isolation, en rapport avec la multiplication de l’exigence de performance énergétique, est la pierre angulaire de l’évolution en profondeur du métier de couvreur. D’ailleurs, ce bouleversement est largement accompagné par les fabricants qui adaptent régulièrement leur offre pour s’adresser à de véritables spécialistes de la toiture. S’y ajoute le développement de la rénovation, qui nécessite de renforcer sa posture de conseil et d’analyse de l’existant, dans un contexte où le réemploi est davantage privilégié.

Compétences indispensables
La généralisation des équipements solaires thermiques et photovoltaïques sera, à terme, la source des compétences qu’il vous faudra acquérir. Comme analyser les caractéristiques techniques d’une toiture en vue de la conception d’une solution d’isolation ou de l’installation d’équipements EnR ou sélectionner et dimensionner les systèmes et procédés permettant l’isolation des différents types de toitures (dont les toitures plates) en s’adaptant aux particularités de chaque ouvrage (toiture-terrasse, rampants sous toiture ou planchers, etc.). En marge, il sera nécessaire d’organiser les interfaces techniques et organisationnelles avec les autres corps d’état dans le cadre de la conception et de l’installation de ces équipements.

Données chiffrées :
Nombre de salariés : 27 474.
Besoin de recrutement : 8 330 (difficulté 85 %*).
*68 % pour l’ensemble des emplois du BTP.

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Les mutations pour plâtrier, plaquiste et plafiste

Les métiers du plâtre ne sont peut-être pas les plus techniques mais ils sont devenus incontournables aussi bien dans le logement neuf que dans la rénovation. Les enjeux sont de taille puisqu’ils touchent essentiellement à l’étanchéité et à l’isolation du bâti. Sur un marché où les solutions constructives deviennent de plus en plus complexes, ces métiers doivent évoluer pour associer performances thermiques, qualité de l’air intérieur et pérennité de l’aménagement intérieur. Les plaques “techniques” à forte plus-value se développent pour répondre à des cahiers des charges toujours plus exigeants. Sans oublier que dans le domaine du génie climatique, les plafonds chauffants et rafraichissants connaissent un engouement croissant.

Compétences indispensables
Dans ce contexte, il vous faudra savoir analyser les caractéristiques d’un bâtiment en vue de la conception d’une solution d’isolation thermique par l’intérieur en tenant compte des précautions à prendre pour les bâtiments singuliers (maisons à ossature bois, murs en briques monomur, etc.) et, le cas échéant, l’isolation existante.
De même, vous devrez vous perfectionner pour la mise en œuvre des dernières solutions d’isolation thermique par l’intérieur “traditionnelles” ou à base de matériaux biosourcés préfabriquées dans le respect des préconisations des fabricants.

Données chiffrées :
Nombre de salariés : 23 785.
Besoin de recrutement : 8 250 (difficulté 63 %*).
*68 % pour l’ensemble des emplois du BTP.

Quentin Nataf
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