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« BME France étudie des opportunités de rachat hors d’Ile-de-France »

Stéphane Vigliandi
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[Zepros Négoce] Alors que BME France (ex-CRH Distribution France) a finalement dû renoncer à racheter Samse, son dirigeant, Olivier Touchais, évoque les évolutions et projets en cours pour les enseignes Raboni et Busca.

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RETOUR SUR LA FIN DU PACTE D’ACTIONNAIRES

Olivier Touchais : Comme cela a été indiqué le 24 janvier dernier, BME France a renoncé à exercer son option d’achat sur Samse , d’un commun accord avec Dumont Investissement. C’est la fin de nos fiançailles engagés en septembre 2014. Aux côtés de notre nouvel actionnaire Blackstone, tous les feux verts n’étaient pas au rendez-vous pour réaliser l’acquisition de Samse dans les meilleures conditions possibles. Dans ce dossier, il y a eu en partie des similitudes avec notre projet de monter dans le capital de Chausson Matériaux entre 2008 et 2011. La principale leçon à retenir, sans doute, est qu’un rachat doit idéalement porter sur 100 % du capital ou du moins en prenant une participation majoritaire pour avancer ensemble d’une même voix. Aujourd’hui, la page CRH est définitivement refermée. Avec Blackstone qui, je le rappelle, n’est pas un fonds de pension, mais une société d’investissement, un nouveau chapitre s’écrit désormais.

LA POSITION VIS-À-VIS DE SAMSE ET MCD

O. T. : Nous conservons de très bonnes relations avec Samse. Par ailleurs, il n’est absolument pas question de quitter la centrale MCD avec qui nous allons continuer à travailler et collaborer aux côtés de Samse, VM et Quéguiner pour bénéficier de référencements et d’outils commerciaux mutualisés. Sur la plan logistique, comme du temps de CRH, BME France continue de s’appuyer sur la plateforme de Samse à Brézins (Isère). Nous utilisons cette base pour optimiser nos approvisionnements sur l’offre du libre-service. Si cet univers ne représente que 2 % à 4 % de tous nos achats en valeur, il reste important pour nous de réunir tout le plan de stock LS sur une seule plateforme.

LE BILAN 2019

O. T. : Malgré une période toujours un peu délicate lors d’un changement d’actionnaire, nos équipes des fonctions support et sur le terrain ont tout mis en œuvre pour atteindre nos objectifs. Au global, notre chiffre d’affaires a enregistré une évolution de l’ordre de +5 %. Porté, en partie, par les travaux du Grand Paris, le niveau d’activité a été très positif pour Busca. Quant à Raboni, l’enseigne a affiché une belle croissance dans un contexte de marché qui est resté encore porteur l’an dernier.

DEVENIR UN ACTEUR MULTI-RÉGIONAL

O. T. : Actuellement, j’estime que Busca bénéficie d’un bon maillage régional avec un réseau de 9 agences TP dont 8 en Ile-de-France. Matériaux Service ne s’appuie que sur un unique point de vente, près du Havre. Dans l’immédiat, cela ne devrait pas évoluer. Quant à Raboni, c’est sur cette enseigne que portent les projets de croissance organique en se concentrant essentiellement sur notre marché historique : la région parisienne. Après l’ouverture début février d’un nouveau point de vente à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), nous nous renforçons encore dans ce département, dès le 3 mars, en y implantant le 40e Raboni, à La Courneuve. Si l'enseigne conserve son positionnement de généraliste, notre volonté n’est pas d’avoir une assise nationale coûte que coûte. Avec Blackstone, nous avons les moyens de continuer notre déploiement en Ile-de-France et Normandie, mais aussi d’étudier les opportunités de rachat dans d’autres régions. Un plan de marche a d’ailleurs été défini à horizon trois-cinq ans pour baliser nos opérations de croissance externe.

À PROPOS DE LA DIGITALISATION

O. T. : Sur ce dossier, nous continuons à avancer pas à pas. Il n’est pas question de déployer un canal E-commerce pour le seul plaisir de faire comme tout le monde… Nous venons de finaliser notre PIM. C’est une première étape. Tant pour Raboni que Busca, notre volonté est de proposer aux clients en compte des outils pour les aider dans la gestion quotidienne de leur entreprise. Notre philosophie ? Épauler les artisans pour gagner en productivité. C’est dans cet esprit, par exemple, que nous venons de lancer un nouveau programme de fidélité : le Club Partn’R qui est adossé à un site internet dédié.

L’ÉVOLUTION DES CONCEPTS

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O. T. : À Aubervilliers, nous avons voulu exprimer notre vision d’un format de dépôt urbain. Il s’agit d’une part de s’adapter à la pression foncière sur la petite couronne parisienne avec des agences optimisées sur des surfaces de 3 000 à 4 000 m² tout au plus et conçue dans une logique de qualité environnementale. À La Courneuve, il s’agit d’un format adossé à sa plateforme logistique. Sur ces deux pilotes, nous devons nous réinventer pour dessiner le futur de ce que va devenir BME France. Quant au concept Raboni-L’Atelier Rénovation que nous testons depuis mi-2018, le retour d’expérience est plutôt positif tant en termes de perception par les clients que de niveau d’activité. Ce format cible avant tout les TPE jusqu’à 5 compagnons et leur permet d’accéder à un portfolio complet de solutions techniques et de services. Enfin, la rénovation des agences Raboni est finalisée. Ce chantier a permis de déployer une expérience clients commune à tous les points de vente. Avec, à la clé, une standardisation de nos accueil et des zones comptoir, le déploiement de bornes digitales et une nouvelle signalétique en libre-service.

À PROPOS DE LA FILIÈRE REP BÂTIMENT

O. T. : Dans nos métiers, le principe d’une filière REP Bâtiment* est un service essentiel pour développer les volumes des déchets de chantier triés. Il reste encore à fixer les règles en matière d’écotaxe. En attendant, chaque acteur du Bâtiment va devoir prendre conscience de son empreinte carbone. Il faudra un important travail d’information et d’éducation des diverses parties prenantes. Pour sa part, Raboni dispose déjà d’une palette de services assez étendue ; notamment à travers le dispositif Recycl’R. En fonction des évolutions réglementaires, ce programme sera amené sans doute à évoluer. Mais il faudra aussi, sans doute, que les collectivités locales participent à cet effort des négoces ; car il n’est économiquement pas imaginable, ni viable de consacrer 50 % de la surface d’une agence pour l’activité de collecte des déchets. Propos recueillis par S. V.

* Son principe est inscrit dans la loi Économie circulaire définitivement adoptée par le Parlement le 30 janvier 2020. La REP Bâtiment doit être créée début 2022.

Stéphane Vigliandi
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