Image
Pavé tok

Éqip : 3 départs XL, 1 entrée “medium size” !

Stéphane Vigliandi
Image
Salon Formatech.
Partager sur

EN PHOTO • Pour le GIE Éqip, l’exercice 2021 a débuté avec la sortie de trois de ses membres historiques : Legallais, Setin et Trénois Decamps (711 M€ HT de CA cumulé en 2019). Le nouvel entrant DomPro que le groupe familial Mirwault a repris à Adeo apporte environ 200 M€ HT de CA réalisés avec les univers du quofi. Ce mouvement de balancier (re)pose entre autres une question : une entreprise intermédiaire doit-elle rester dans le giron d’un grand groupe ou lui préférer une structure plus... “petite”… ? Il rappelle aussi un constat : la filière de la quincaillerie est devenue pleinement un métier de logisticien.

[Zepros Négoce] Depuis le 1er janvier 2021, le GIE de grossistes indépendants s’est quelque peu délesté en termes de poids sur le marché du quofi. D’un côté, Legallais, Setin et Trénois Decamps sont sortis pour créer LTS : leur propre structure d’achat. Un départ que ne compensera pas à 100 % l’arrivée de la centrale et du réseau DomPro (ex-Adeo). Explications avec les membres d'Éqip et de LTS.

Avec trois départs d’adhérents –deux de ses pères fondateurs, Legallais et Setin, accompagnés du nordiste Trénois –, « c’est une partie significative de notre GIE qui vole de ses propres ailes », convient Anne-Marie Bihel, la secrétaire générale d’Éqip. Avec un effet de surprise dans les bureaux lyonnais de ce groupement ? « Oui et non ! Bien qu’il ne soit jamais plaisant de voir des adhérents historiques poursuivre leur chemin seuls, nous ne pouvions pas les empêcher d’avoir leur propre vision en raison de leur maturité stratégique vis-à-vis de certains membres de taille plus modeste au sein de notre groupement. C’est une décision que nous pouvons comprendre », confie-t-elle encore.

Sécession ? Autonomie ?

En fait, c’est fin août 2020 que les trois poids lourds du groupement – ils pesaient environ 45 % des ventes d’Éqip et représentaient « une dynamique d’image vis-à-vis des fournisseurs » – ont fait connaître leur décision au bureau du GIE, mais aussi aux fabricants au fil de l’eau. « Réfléchi » et « assumé », leur choix n’a « rien à voir avec un acte de défiance à l’égard d’Éqip », rappelle l’une des trois parties prenantes de LTS (pour : Legallais-Trénois-Setin). Alors quels sont les éventuels griefs à l’égard de leur ex-groupement ? Et/ou les situations de blocage ? Par exemple à propos de dossiers imminemment stratégiques comme les marketplaces (parmi les trois sortants, Legallais étant sans doute le plus mature sur le front du digital avec plus de 25 % de ses ventes on-line). Mais aussi sur des sujets plus pragmatiques comme les services à apporter aux fournisseurs par le groupement. Sur ce point particulier, les profils hétérogènes des membres d’Éqip n’a sans doute pas facilité les choses et « la dynamique » entre les locomotives du GIE et les autres adhérents. Avec, en filigrane, un questionnement : malgré la constitution d’un groupement fort sous les couleurs d’Éqip, certains adhérents ne préféraient-ils pas « continuer à fonctionner comme du temps de Fédis et Seba » ? Voire. Tensions, clivages, désaccords, mais... « volonté de ne pas agresser » : si Legallais (ex-Fédis), Setin et Trénois (tous deux ex-Seba) ont préféré reprendre leur autonomie entière et leurs marges de manœuvre à trois, « nous nous sommes quittés en bons termes », attestent les deux parties.

Triumvirat et présidences tournantes

Constituée sous la forme d’un groupement en intuitu personæ, la SAS au capital social de 3 000 € et baptisée LTS est officiellement opérationnelle depuis le 1er janvier 2021. Son siège social est hébergé à Wasquehal (59) dans les locaux du groupe Trénois Decamps dont le propriétaire et dirigeant, François-Xavier Allard devient le premier président de LTS. À l’issue de son mandat d’un an, il laissera la place successivement à Éric Setin en 2022 qui pilote l’entreprise éponyme, puis en 2023 à Philippe Nantermoz, le DG de Legallais. Avec cette sortie du GIE, c’est aussi Agnès Guéry-Chandelier qui a quitté son poste de coprésidente d’Éqip dont les clés sont maintenant entre les mains de son ex-alter ego : le négociant flamand Rik Lecot. Rayonnant sur les Pays-de-la-Loire, l’entreprise DFC² qu’elle pilote appartient au groupe Legallais et intègre donc également le groupement LTS ; tout comme les autres filiales des groupes Sétin (LTM, Roimier, Jorlin...). D’un point de vue opérationnel, LTS va fonctionner sur le mode d’une structure légère. La partie administrative et comptable est gérée par les équipes de Trénois ; les aspects digitaux par le rouennais Setin ; les sujets juridiques et communication étant sur les bureaux de Legallais. En reprenant leur autonomie et leur destin en main, les trois indépendants se donnent peut-être les moyens de garder une (ou plusieurs) longueur(s) d’avance dans un contexte de marché qui ne devrait que se complexifier face à un consommateur BtoB et BtoC toujours plus volatil, la concurrence accrue des GSB et des négoces matériaux ou encore le poids sans cesse croissant des places de marché dans l'univers de la quincaillerie, des EPI et de l'outillage notamment.

Un mal pour un bien chez Éqip ?

Certes, ce changement de braquet voulu par Legallais, Setin et Trénois « nous interroge », convient-on au sein du groupement. Mais, il ne représenterait « pas une menace sur l’avenir du GIE », estime Anne-Marie Bihel. D’une part, parce que la structure déposée sur les fonts baptismaux en 2016 par Fédis et Seba demeure « représentative » sur un marché global du quofi que la Fédération française de la quincaillerie (FFQ) évalue aux alentours de 12 Md€ HT/an. À lui seul, Éqip en aurait capté pas moins de 1,9 Md€ HT (ventes) en 2019. D’autre part, à l’issue de ces trois gros départs, il retrouve « un peu plus d’homogénéité dans le profil de ses membres », admet Anne-Marie Bihel. Sans doute s’agit-il là aussi d’« un événement propice à écrire une nouvelle page de l’histoire de notre GIE », souligne-t-elle. Avec une voilure qui, certes, se réduit en termes de chiffre d’affaires consolidé. Mais le groupe familial Mirwault – déjà adhérent Éqip via entre autres ses enseignes régionales Arena, Qama, Faille Industrie, Hubert Quincaillerie – apporte dans la corbeille la centrale et le réseau DomPro : soit 110 adhérents, environ 160 agences et un total ventes de 450 M€ HT. Jusqu’ici positionné quasiment exclusivement sur la quincaillerie d’agencement, le mayennais Mirwault s’ouvre dorénavant beaucoup plus à l’univers du quofi. Quoi qu'il en soit, les lignes continuent de bouger dans le négoce Bâtiment. Stéphane Vigliandi

Image
  • EN PHOTO • De gauche à droite : Philippe Nantermoz (DG de Legallais), François-Xavier Allard (PDG de Trénois Decamps et le premier président de LTS) et Éric Setin (PDG du Groupe Setin).

MÉMO • Le poids de LTS sur le marché…

• 711 M€ HT de CA en 2019 → Legallais (282 M€ HT de CA) + DFC², Setin (230 M€ avec LTM) et Trénois Decamps (185 M€)

• 129 points de vente → Legallais (24 sites), Setin (51 sites) et Trénois Decamps (54 sites)

• Effectifs → Legallais (> 1 100 salariés dont 450 ATC terrain et 200 sédentaires), Setin (> 700 salariés) et Trénois Decamps (> 680 salariés)

• Couverture géographique des réseaux physiques → Legallais (nationale), Setin (essentiellement sur l’Ouest de la France) et Trénois Decamps (sur la moitié Est)

Stéphane Vigliandi
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire