[RSE•Recyclage•Traçabilité] PUM déroule sa “fibre verte”
Un peu plus de sept semaines après avoir mis en place au siège rémois de l’enseigne des boxes pour collecter les masques Covid usagés, Sibylle Daunis, sa DG, dresse un premier bilan : l’expérimentation est en cours de déploiement dans le réseau. L’occasion aussi de prendre un peu de hauteur sur le programme RSE de PUM baptisé “PURE”.
EN PHOTO • À l’été 2018, PUM s’était engagé à commercialiser du 100 % recyclé en 2025. Dès la rentrée 2020, le distributeur a officialisé le déploiement de son programme “PURE” : “Pour un réseau engagé”. C’est le socle de base pour, entre autres, commercialiser de plus en plus de solutions techniques issues de l’économie circulaire. Avec, à la clé, une jauge écologique qui permet la traçabilité des éco-produits.
Une fois encore, sa « fibre verte » a parlé ! Face à l’afflux de masques de protection anti-Covid jetés dans les caniveaux ou dans la nature, Sibylle Daunis a souhaité « agir… en mode “coup de gueule” (sic) ». Très vite, après le premier déconfinement, la question de leur collecte et du recyclage s’est posée. « J’ai rédigé un post sur LinkedIn pour savoir s’il existait des entreprises à même de gérer cette question à propos des masques jetables. J’ai reçu beaucoup de réponses, notamment de start-up que j’ai dû écarter de ma short-list, car nous sommes un réseau d’envergure nationale.
Le choix de Lyreco s’est assez rapidement imposé à moi. Sa proposition était… différenciante », se souvient-elle. Non seulement, le leader européen des fournitures de bureau est engagé depuis quelques années dans une politique d’offre écoresponsable, mais c’est aussi l’un des fournisseurs d’achats généraux de PUM. Bingo ! Avec ses équipes, la manager qui a reçu carte blanche de sa maison-mère, SGDB France*, lance le projet « dans un premier temps » au siège social de l’enseigne installé près de Reims.
L’intérêt de ce partenariat avec Lyreco ? « Lors de ses tournées de livraison chez nous, le véadiste a la possibilité de reprendre les lots de masques usagés. À notre mesure, c’est du “win-win” en termes de réduction de nos empreintes carbone respectives. En outre, ce dossier s’inscrit aussi dans l’esprit du programme “Ambition 2025” de Saint-Gobain et de sa politique des “petits pas” », argumente la manager.
* À l'issue du premier déconfinement, Patrice Richard, le n°1 de SGDB France, a rappelé que la RSE est l'un des 7 leviers prioritaires du groupe de distribution.
Boucle doublement “vertueuse” ?
Installées à l’entrée du siège de PUM, les premières box Lyreco ont permis de collecter un peu plus de 1 600 masques usagés entre mi-décembre 2020 et fin janvier ; chaque container en carton recyclé ayant une capacité de 300-350 masques par mois. Depuis le début de l’année, le dispositif se déploie au fil de l’eau dans les agences mères du réseau (210 sites à date).
« Aujourd’hui [au 03/02/2021], 120 agences PUM en sont équipées. L’objectif est de viser les 500 000 masques collectés et recyclés par an ; à raison de deux masques par jour et pour chacun des six salariés que compte en moyenne nos agences. La box Lyreco vient d’ailleurs d’être intégrée à notre catalogue interne Fournitures de bureau. Des actions de sensibilisation interne sont en cours pour évaluer progressivement l’intérêt et l’impact de ce système de collecte auprès de nos clients BtoB », confie Sibylle Daunis.
Quant aux matières regénérées issues des masques usagés, elles sont utilisées entre autres par les constructeurs automobiles. Côté traçabilité, le véadiste multispécialiste s’est d’ailleurs engagé à fournir des certificats auprès de PUM pour s’assurer que ces déchets Covid-19 suivront bien la filière française de recyclage. Pas question en effet de “refiler la patate chaude” à l’autre bout du monde ! Chine, Inde et Indonésie notamment renvoient de toute façon, depuis l’été 2019, les containers à l’envoyeur…
Depuis début janvier, le distributeur s’est aussi lancé dans un autre “combat”… inscrit dans la loi dite “Anti-gaspi & Économie circulaire” adoptée il y a tout juste un an : les gobelets en plastique déversés par les machines à café et les fontaines à eau.
« Ils sont désormais remplacés par des gobelets cartonnés issus du recyclage et revêtus d’un film plastifié recyclé à l’intérieur. Selon les calculs de nos services généraux, environ 1,5 million de gobelets plastique peuvent être économisés par an : ceux utilisés par les salariés de PUM et les clients en agences ! Une démarche similaire a été menée pour réduire nos consommations de papier et tendre vers le “zéro déchet”. À terme, près de 25 tonnes de papier par an peuvent être économisées : c'est approximativement l’équivalent d’au moins 10 000 ramettes », calcule la DG de l’enseigne qui a commencé à faire des émules dans les autres réseaux de SGDB France ; le groupe Saint-Gobain visant la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Pour Sibylle Daunis et son équipe RSE, « le dossier des comportements écoresponsables s’articule autour de deux volets : bien sûr, continuer à réduire nos productions de déchets ; mais aussi s’engager dans une logique de tri sélectif systématique en vue de leur élimination et de leur recyclage tout au long de la chaîne de valeur », martèle-t-elle. Sans pour autant « vouloir être dans les effets d’annonce ».
Jauge écologique pour éco-chantiers
Si PUM appuie sur le buzzer “vert” en matière de fournitures pour ses services généraux, il a aussi donné le coup d’envoi officiel à l’automne dernier pour enfoncer le clou en matière d’engagements RSE via son programme “PURE”. L’ambition du distributeur ? Embarquer à terme ses fournisseurs BTP référencés pour suivre la logique de l’italien Polieco. En France, c'est à ce jour le seul fabricant de tubes annelés double paroi en PEHD (polyéthylène haute densité) à avoir été certifié “Économie Circulaire confirmée” par l’Afnor.
Habituée à décrypter et analyser les fiches techniques, FDES et autres ACV des produits pour avoir débuter sa carrière dans les directions Achats de grands groupes (Air Liquide, Virax) avant de rejoindre Saint-Gobain, Sibylle Daunis veut, « autant que faire se peut », que cet exemple devienne la pierre angulaire de la politique Fournisseurs de PUM.
Selon un sondage mené courant 2020 auprès des 200 marques partenaires, l’enseigne rappelle qu’aujourd’hui, 80 % des fabricants se disent prêts à se lancer dans une démarche d’écoconception. « Environ 60 % d’entre eux ont indiqué déjà intégrer des matières premières recyclées [MPR] dans leurs process industriels », note la manager.
En parallèle, PUM a commencé à mettre en œuvre sa propre jauge écologique. Diffusée en novembre dernier, l’édition 2021 de son Catalogue Paysagiste mentionne pour la première fois la notion de jauge écologique pour une partie des 1 000 articles y figurant. En clair, le système permet aux professionnels de connaître la proportion de matériaux recyclés présents dans les produits. Même politique adoptée cette année pour le catalogue général PUM où les 190 premiers articles sont jaugés et classés de A à D en fonction du taux d’intégration de MPR… sur un volume total de quelque 16 000 références.
EN PHOTO • Deux exemples d'affichage de la première jauge écologique que PUM vient de mettre en place dans les éditions 2021 de son Catalogue Paysagiste et du catalogue général.
Suremballages : au pilori !
Quoi qu’il en soit, c’est « un premier signal fort » pour sensibiliser tout ou partie des 65 000 clients du réseau. D’autant que « la démarche peut s’avérer parfois complexe à mettre en œuvre lorsque le fabricant d’un produit fait intervenir plusieurs sources d’approvisionnement matières », prévient Sibylle Daunis.
Illustration avec un tube plastique Bâtiment pour lequel jusqu’à trois, voire quatre fournisseurs de matières premières peuvent intervenir pour sa conception-fabrication : un cas d’école où la solution technique affichera trois ou quatre lettres de la jauge écologique de PUM. « C’est une information que le professionnel peut obtenir à la demande auprès de l’enseigne », souligne-t-elle. Le dossier est pour le moins stratégique pour l'amont de l'enseigne...
À tel point que certains de ses fournisseurs ne souhaitent pas « pour l’instant » communiquer sur leur part de MPR intégrées dans leurs offres produits. Comme dans d’autres filières (alimentaire, matériel électrique, quincaillerie…), le distributeur part lui aussi à la chasse aux suremballages. « Des actions sont menées avec les fabricants pour en réduire les volumes le plus possible et proposer, par exemple, des cartons de plus petite taille », note Sibylle Daunis.
La logique s’applique notamment à sa marque propre PUM Multi : un système de raccords multicouches lancé en novembre 2020. Le packaging a été repensé pour bannir définitivement les emballages à l’unité. Dans la foulée, les missions des acheteurs de PUM évoluent logiquement. « Il ne s’agit pas de jouer aux gendarmes vis-à-vis des industriels, mais bien de les sensibiliser au virage écologique et environnemental qu’a pris la filière du BTP et où le concept d’éco-chantiers va s’imposer avec l’avènement, entre autres, de la RE 2020 », tempère la dirigeante. Et maintenant à quand, par exemple, des regards et fonds de boîte pluviale en béton… décarboné ?
FOCUS • Aller au-delà du PVC “écolo”...
Pour l’instant, la jauge écologique que PUM a déployée en catalogue et qui s’appuie entre autres sur les FDES et ACV, n’a été validée que par un tiers indépendant. Les produits concernés disposent tous des attestations des fabricants sur les taux de MPR. « Nous ne voulons pas être juge et partie ! Nous souhaitons que cet instrument et son affichage s’appuient sur un label reconnu. La rédaction de notre questionnaire 2020 d’EcoVadis [plateforme indépendante d’évaluation des performances RSE et d’achats responsables] vient d’être finalisée. Ce document n’est pas encore assez suffisamment documenté. Mais j’ai bon espoir que notre jauge et ses process obtiennent l’attestation d’ici à la fin 2021 ou tout début 2022 », prévient Sibylle Daunis qui souhaiterait adopter la même logique pour d’autres matériaux comme les bétons, les agrégats ou les laines de roche. Tous les fournisseurs de PUM sont prévenus.