Reprise des déchets : « Il faut la faire et bien la faire », Julien Monteiro (SIG France)
Le directeur général de SIG France qui détient les enseignes Lariviere et LiTT, évoque pour la rédaction de Zepros Négoce la mise en place de la filière REP PMCB (produits et matériaux pour la construction du Bâtiment), les difficultés et les opportunités pour les agences. Et analysé les questions d’éco-participation et d’adhésion à un éco-organisme.
Zepros Négoce : Où en est-on aujourd’hui par rapport à la mise en œuvre de la filière à responsabilité élargie des producteurs ?
Julien Monteiro : Le groupe SIG a toujours eu une approche verte et aujourd’hui, la question de l’obligation de reprise des déchets est déjà abordée. Nous ne sommes pas pris de court et nous sommes conscients des enjeux. Mais des incertitudes existent encore et nous attendons pour le décret qui viendra préciser des critères par rapport au seuil des agences qui seront soumises à l’obligation ou pas. Celui du chiffre d’affaires de 5 M€ a déjà été remis en question et plusieurs hypothèses existent.
Zepros Négoce : Comment allez-vous faire concrètement ?
Julien Monteiro : Nous parlons de faire des tests sur certaines agences, pour savoir exactement comment collecter les différents flux, avec quelques clients qui seraient informés. Pour les métaux et le bois, il s’agit de matériaux qui sont déjà dans l’économie circulaire. Mais pour les autres types de déchets, des recherches sont en cours. Parmi les flux qu’il nous faudrait gérer il y aura des isolants et du plâtre. Chez Larivière, nous devrons gérer les flux de bois, de tuiles, ardoises et plastiques (PVC). Mais que ferons-nous d’éléments de plomberie ou de sanitaires qui seraient également apportés par un artisan ? Cela rentre dans le cadre de nos réflexions. Peut-être ferons nous un flux commun, mélangé, qui sera ensuite trié par nos soins ou confié à un partenaire. En tout état de cause, cela impliquera un collaborateur pour gérer les arrivées, contrôler le tri et assurer la sécurité. Cela sera compliqué à gérer.
Zepros Négoce : Quel est votre sentiment sur l’éco-participation ?
Julien Monteiro : Je préfèrerai de la transparence dans la tarification. Les fournisseurs pourraient ajouter une ligne dans la facture, pour intégrer cette éco-participation dans le prix de vente, comme cela se fait dans la filière REP des Déchets électriques et électroniques (DEEE). Il faut traiter le problème des déchets, et la distribution est un maillon très important de la filière. Nous avons un rôle à jouer. Le but est de ne pas perdre d’argent mais de ne pas chercher à en gagner. Il ne faut pas se tromper, cela pourrait nous faire mal économiquement.
Zepros Négoce : Et sur le rôle du ou des éco-organismes ?
Julien Monteiro : Nous nous sommes rapprochés de Valobat et nous avons beaucoup avancé sur le sujet. Nous avons également rencontré les autres candidats éco-organismes mais avec celui-ci c’est une question de confiance. La complexité de l’éco-filière est grande. Nous réfléchissons même à aller plus loin dans notre engagement et peut-être devenir actionnaires pour contribuer à amener des idées.
Zepros Négoce : Est-ce que la reprise des déchets pourrait être une avancée ?
Julien Monteiro : Il faut la faire et bien la faire. Cela amènera un vrai service à nos clients et une opportunité d’être différenciants. Le problème sera une question de place et de trouver des mètres carrés dans les agences. Pour l’heure, si le seuil de 5 M€ de chiffre d’affaires était maintenu, cela impliquerait que plus de la moitié de notre réseau de points de vente serait concerné. Nous avons trois profils d’agences, des plus petites dans les métropoles régionales – qui font entre 2 000 et 3 000 m² - aux plus étendues en zone rurale – qui peuvent atteindre 15 000 m². Dans les premières, cela sera évidemment plus compliqué.
Propos recueillis par Grégoire Noble