Rexel France : l'activité sous électrochoc, mais le digital comme amortisseur

Stéphane Vigliandi
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EN PHOTO • En stand-by durant le confinement, la poursuite de la modernisation du réseau de Rexel en France (rénovation et transfert d’agences) a repris du service. Depuis mi-juin, le point de vente de Dole (Jura) dispose désormais de 500 m² de vente à la suite de son déménagement. Le site s’appuie sur un stock tampon de 2 800 articles dont 350 en génie climatique.

[Zepros Négoce] En publiant ce 28 juillet ses résultats à fin juin, le coleader de la distribution de matériel électrique et de solutions multi-énergies a fait état d’une activité nettement plus affectée par la crise Covid en France comparée à d’autres pays européens. Mais son « offre digitale » lui permet de grignoter des parts de marché.

Si le groupe n’est pas épargné par les effets du coronavirus, « nous émergeons de cette crise plus robustes », estime Patrick Bérard, son directeur général cité dans un communiqué publié ce matin. Au premier semestre, le chiffre d’affaires consolidé ressort à 6,045 Md€ : en repli de -11,1 % en données publiées et de -10,6 % en données comparables et à nombre de jours constants. Par rapport à ce que prévoyait le consensus établi par Factset, le distributeur reste donc dans les clous. En moyenne, les analystes financiers avaient anticipé un volume d'affaires semestriel de l’ordre de 6,04 Md€. Sur le seul deuxième trimestre, les ventes ont chuté de -19,1 % en données publiées et de -17,7 % en données comparables et à nombre de jours constant pour un chiffre d’affaires à 2,82 Md€. Ces résultats reflètent bien sûr « l’impact du confinement » sur l’ensemble des filiales du groupe avec, toutefois, « une amélioration progressive depuis mi-avril ». À noter également « un effet négatif lié aux variations du prix des câbles à base de cuivre (-0,7 % au T2 2020 vs -0,2 % au T2 2019) ».

Résilience du résidentiel

Si l’activité en Amérique du Nord (36 % des ventes de Rexel) a particulièrement plombé ses semestriels, le groupe a réussi à limiter un peu la casse en Europe. En données comparables et à nombre de jours constant, la principale BU du groupe (54 % des ventes) est ressortie à -16,7 % au 2e trimestre « en raison des politiques de confinement, puis de déconfinement progressif depuis le mois de mai ». Alors que le Royaume-Uni a payé le plus lourd tribut (voir ci-dessous), la France demeure à ce jour le deuxième pays le plus touché par les effets de la crise sanitaire. Drainant 34 % du chiffre d’affaires européen de Rexel, le pays a enregistré une activité très dégradée en chute de -25,2 % au 2e trimestre liée à la séquence de confinement du 17 mars au 11 mai. Dans son communiqué, le distributeur rappelle ainsi que ses ventes ont « chuté jusqu’à -64 % durant la dernière semaine de mars avant de s’améliorer progressivement, tirées par une amélioration des tendances des marchés résidentiel et industriel* ». Dans ce contexte de « reprise graduelle », le segment des bâtiments commerciaux, lui, accuse « un retard dans la phase de reprise, notamment en raison des mesures sanitaires dans les grands projets et de la baisse des dépenses publiques en partie liée au report de trois mois des élections municipales ». Engagé dans un vaste plan de transformation depuis trois ans, Rexel France estime toutefois que son « offre digitale [web-shop, applications et services en ligne comme les logiciels Esabora…] s’est traduite par des gains de parts de marché d’environ 2 points sur les six premiers mois de 2020 ». L’an dernier, l’activité E-commerce de Rexel France avait drainé 18,8 % de son chiffre d’affaires au T4 2019 vs 14,5 % au T4 2018 – pour une moyenne européenne à 26 % revendiquée par le distributeur. En raison « notamment du risque croissant d’une seconde vague de pandémie de Covid-19 dans plusieurs pays », le distributeur rappelle que « l’environnement actuel reste volatil et la visibilité sur le S2 2020 et 2021 reste faible ». Tout en continuant de suspendre ses objectifs financiers pour l’année, « Rexel gèrera désormais son activité à partir d’indicateurs internes de performance et d’objectifs sur un horizon de 6 mois, tout en réaccélérant sa transformation digitale à moyen terme et en tirant profit de ses outils digitaux pour renforcer son approche multicanale et son service client ».

* Lors d’une conférence téléphonique, le DG de Rexel a toutefois souligné qu’au niveau du groupe, « l’industrie a été plus touchée [que les marchés résidentiels] avec des baisses fortes et durables dans des secteurs comme l’automobile, l’aéronautique et le pétrole et gaz ».

L’activité de Rexel au T2 2020 dans les autres pays européens…

En Scandinavie (16 % des ventes de la BU Europe) Croissance des ventes de +2,3 %.

Au Bénélux (12 % des ventes) En baisse de -8,1 % dont -12,7% en Belgique et au Luxembourg avec « une bonne dynamique » en résidentiel. Aux Pays-Bas où les pouvoirs publics n’ont pas pris de mesures de confinement, les ventes n’ont chuté que de -1,8 %.

En Allemagne (11 % des ventes) Hausse de +3,9 % « en raison de mesures de confinement moins strictes » et de la réorganisation commerciale du groupe dans cette zone. L’activité a surtout été tirée par les segments de la construction.

En Suisse (8 % des ventes) Baisse de -6,2 % avec, toutefois, « une meilleure résistance des régions germanophones fortement digitalisées (supérieure à la pénétration du pays de 71 %) ».

Au Royaume-Uni (7 % des ventes) Chute de -41,7 % de l’activité « largement impactée par le confinement qui a duré jusqu’à début juillet, couplé aux effets du Brexit et, dans une moindre mesure, par les fermetures d’agences » (12 agences fermées début 2019 et 1 autre au T1 2020).

Stéphane Vigliandi
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