Activité des chantiers : une reprise, lentement mais sûrement
A quelques jours du début du déconfinement progressif des Français, quelle est la situation réelle dans le Bâtiment, secteur que le gouvernement avait clairement appelé à ne pas cesser l'activité. Difficile de cerner cette réalité tant les situations divergent d'une typologie de chantiers et de clients à l'autre et tant le contraste entre les régions est important. La Fédération Française du Bâtiment a dévoilé de nouveaux chiffres synthétiques pour cette deuxième vague d'enquête nationale qui correspondent à des interrogations effectuées lors la dernière semaine d'avril.
La FFB résume en trois mots l'état des lieux de la reprise : lenteur, complexité et surcoûts. Toutefois, on note malgré tout sur cette période plus qu'un frémissement passant à un tiers d'une activité normale, contre 9 % un mois auparavant. Naturellement le Nord-Est et l'Ile-de-France restaient fortement impactées. La Bretagne à l'inverse affichant 49% d'une activité "normale".
Cette reprise, lorsqu'elle a pu se faire a été fortement encadrée sur le plan sanitaire : achats d'équipements, réduction des intervenants sur le chantier, coordination différente des corps d'état, plan de décontamination des installations, usage des transports : autant d'investissements que la FFB estime en moyenne à 10 % du coût global d'un chantier.
Quels sont les blocage persistants exprimés fin avril : toujours le manque d'équipements de protection individuels (34 % pour les entreprises ayant repris une activité et 68 % pour les autres), mais aussi l'approvisionnement en matériaux, suivis du refus des maîtres d'ouvrage.
Pour compenser cette perte d'activité, les entreprises ont comme les autres secteurs eu recours au chômage partiel. Le dispositif concernaient 51 % des salariés du Bâtiment sur la période du 24 au 27 avril. Un recours nettement plus marqué sur l'Ile-de-France avec un taux de 63%.
Quant aux autres dispositifs de soutien, 78 % des entreprises ont plus fortement sollicités le report des charges sociales (48 %), le report des mensualités de crédit (42 %) et le prêt garanti par l’État via BPI France (39 %). Bonne nouvelle pour le secteur, seulement 11% déclarent s'est heurté à un refus de l'administration, le plus souvent précise la FFB sur des demandes d'aides locales, du fonds de solidarité et de l’aide du CPSTI (23 % pour chacune).
Le détail du plan de déconfinement que le Premier ministre a présenté ce 7 mai, ainsi que la réouverture des distributeurs avec des parcours en points de vente totalement redessinés, et la mise à disposition plus massive de masques, notamment, vont-ils permettre aux chantiers de remonter encore un peu plus la courbe de la reprise ? On peut le supposer. La question des grands chantiers, de leur équilibre financier et celle de la redistribution des surcoûts restent toutefois posées.