Concerto, le diagnostic à distance qui orchestre tous les travaux

Zepros : Quelle est l’origine du projet Concerto ?
Franck Annamayer : L’idée est de préconiser des travaux, en amont de ce que nous faisons en tant que spécialistes du financement de la rénovation énergétique à la fois délégataires de CEE et mandataires de MaPrimeRénov’. L’outil permet de dire aux particuliers quels interventions réaliser sans avoir besoin de faire déplacer un expert thermicien, opération qui est généralement facturée entre 600 et 2 000 €. Ce diagnostic à distance, gratuit, permet au consommateur d’en savoir plus sur sa maison et de se sensibiliser à la question des travaux. C’est donc une première étape d’un parcours, peut-être suivie d’une deuxième étape qui sera celle confié à Mon Accompagnateur Rénov’ en 2023, puis d’une troisième étape, celle du lancement véritable du chantier.

Zepros : Concrètement, comment fonctionne cet outil ?
F.A. : Le développement du logiciel a nécessité environ 1 an et demi de travail et un investissement de 1,5 M€ supporté par Sonergia. La solution s’appuie sur trois éléments distincts : d’abord une connexion avec les compteurs communicants comme Linky et Gazpar, pour évaluer les consommations énergétiques du logement ; ensuite un accès à la Base de Données Nationale des Bâtiments du CSTB ; et enfin un questionnaire destiné aux occupants du foyer. Le moteur de calcul Cometh qui traite ensuite ces données repose sur la méthode Th-BCE de diagnostic énergétique.

Zepros : Où en est-on dans le déploiement de Concerto ?
F.A. : Il est actuellement en phase de tests, toujours avec le CSTB, afin de comparer la validité des résultats par rapport à une trentaine de véritables audits énergétiques réalisés in situ. Le but est de savoir si les préconisations de travaux formulées sont cohérentes ou pas avec ce qu’un spécialiste estime sur place. Et nous sommes plutôt contents des premiers retours. Les écarts éventuellement constatés restent liés aux réponses apportées par les particuliers dans le questionnaire. Le calendrier de déploiement de Concerto dépendra donc des résultats finaux et des bugs à régler. Mais il se fera d’abord régionalement (Lyon et Jura) probablement au début de 2023, en lien avec notre réseau de thermiciens partenaires.

Zepros : Justement, à propos des acteurs de terrain, comment voyez-vous l’articulation entre l’Accompagnateur Rénov’ et les autres intervenants d’un projet de rénovation énergétique ?
F.A. : Pour Sonergia, cet accompagnateur est une excellente idée pour massifier les rénovations de qualité, car il est très anxiogène pour les ménages de se lancer dans des travaux. Ils sont souvent perdus. Avec cet intervenant, la performance énergétique rentre enfin dans le scope des Français qui faisaient des interventions non coordonnées et sans relations entre elles dans leur maison. Dans ce contexte, l’accompagnateur est là pour monter le projet en aidant à la sélection des professionnels, à la comparaison des devis et en contribuant au plan de financement. Il répondra à toutes les questions en véritable expert.

Mais il devra être neutre et cette notion d’indépendance est très importante. Le texte aujourd’hui rédigé ne présente pas assez de gages. L’Anah devrait pouvoir dire si un expert est vraiment indépendant ou pas mais il sera difficile pour l’agence de traiter tous les dossiers… Des accompagnateurs neutres existent déjà depuis des années, comme Soliha, Habitat et Humanisme ou d’autres, et il faudrait plutôt soutenir ces acteurs qui agissent par conviction et non par intérêt. Il n’y a aucun doute sur leur probité. Que le rôle d’accompagnateur soit également ouvert à des acteurs privés pourquoi pas, mais pas des filiales d’énergéticiens, ni de délégataires qui ont des intérêts à pousser leurs propres solutions. Si Mon Accompagnateur Rénov’ est mal géré, ce sera la fin de la confiance des Français, pire que ce que nous avons connu avec les travaux d’isolation et les PAC à 1 €.

Zepros : Quels sont les autres projets de Sonergia en dehors de Concerto ?
F.A. : Dans le cadre des programmes de CEE, nous travaillons avec d’autres secteurs que le logement, comme le tertiaire, l’agriculture ou l’industrie. Et nous avons un autre outil de préconisation de travaux en matière d’efficacité énergétique justement pour ce dernier secteur. Grâce à un accord passé avec un éditeur d’EMS (Energy Management System) nous pourrons observer chez nos clients industriels leurs consommations afin de mieux les conseiller.

Nous ne sommes pas encore sortis de la crise des CEE : les cours sont très réduits malgré l’intervention ministérielle du mois de juillet dernier qui a relevé le niveau des obligations et donc la quantité de travaux générés. Sonergia est donc plus serein. Il ne fait pas de doute que 2023 sera meilleure que 2022 pour les économies d’énergie.