Le CSTB lance ReQPR pour structurer la qualité du réemploi

, mis à jour le 27/11/2025 à 11h28
Image
Centre de réemploi BTP

Mardi 25 novembre, le CSTB organisait une conférence pour dévoiler ReQPR, sa nouvelle "reconnaissance de la qualité des processus de reconditionnement". La matinée alternait présentation détaillée du référentiel, retours d’expérience de centres pilotes et table ronde réunissant assureur, industriel et maîtres d’ouvrage. L’occasion de faire le point sur un outil très attendu par la filière du réemploi.

Partager sur

Le réemploi poursuit sa montée en puissance dans le bâtiment et le CSTB entend accompagner ce mouvement avec un nouvel outil. L’organisme a dévoilé ReQPR, un signe destiné à attester la fiabilité et la maîtrise technique des centres spécialisés. L’objectif est clair, donner confiance aux maîtres d’ouvrage, aux prescripteurs et aux assureurs en garantissant un niveau de qualité homogène sur l’ensemble du territoire.

Un outil né d’un travail commun avec la Métropole du Grand Paris

Depuis 2022, le CSTB travaille sur ce référentiel en partenariat avec la Métropole du Grand Paris et plusieurs centres pilotes. Alexia Rolle, ingénieure recherche et expertise au CSTB, a rappelé que la démarche atteste un processus complet qui va du tri à la remise en état, du contrôle à la traçabilité et jusqu’à la préparation en vue de la revente.

Sylvain Laurenceau, directeur économie et ressources au CSTB, a résumé l’enjeu général de la filière en indiquant que « nous mettons à la benne tout un tas de produits qui sont encore en état d’être utilisés » et que « le réemploi se massifiera réellement lorsque des garanties claires seront disponibles pour rassurer l’ensemble des acteurs ».

Le référentiel s’appuie sur des exigences inspirées des principes de management de la qualité. Les centres doivent démontrer qu’ils maîtrisent la formation de leurs opérateurs, la réception et la qualification des flux entrants, l’ensemble des opérations techniques de reconditionnement et la traçabilité jusqu’au client final. Un audit documentaire, complété d’un audit sur site, conditionne l’obtention de l’attestation, suivie chaque année d’un contrôle du maintien des pratiques.

Pour le secteur, ce cadre apporte une réponse attendue, le réemploi restant freiné par un déficit de visibilité et des procédures hétérogènes selon les plateformes. ReQPR se présente comme un outil intermédiaire capable d’apporter de la clarté aux prescripteurs et d’encourager les maîtres d’ouvrage à intégrer davantage de matériaux reconditionnés dans leurs projets. « Plus on aura de processus robustes, plus les acteurs du bâtiment pourront s’appuyer sur des centres fiables avec des pratiques comparables », a expliqué Alexia Rolle pendant la présentation.

Les assureurs y voient un levier de simplification

La table ronde organisée en fin de matinée a permis de croiser les points de vue des utilisateurs et des acteurs assurantiels. Jean-Bernard Stepanian, responsable prévention construction chez AXA, a rappelé que « l’analyse d’un dossier intégrant du réemploi reste aujourd’hui très chronophage pour les assureurs ». Il souligne que la profession manque encore de repères pour évaluer la maîtrise des risques selon les plateformes. « Plus on aura de professionnalisation, plus on aura de facilité et de fluidité pour assurer le réemploi sans exiger des conditions supplémentaires », explique-t-il. Selon lui, un signe de qualité reconnu simplifierait l’étude des dossiers et limiterait les allers-retours entre assureurs et maîtres d’ouvrage.

En consolidant un cadre technique commun, le CSTB espère lever un frein important à la massification du réemploi. Les premières attestations seront publiées sur le site de l’organisme. Un comité technique rassemblant industriels, centres de reconditionnement, prescripteurs et organismes de contrôle accompagnera ensuite l’évolution du référentiel. Pour le secteur, ReQPR s’inscrit dans un moment où les attentes en de performance environnementale ne cessent de croître. Un signe de qualité pourrait bien devenir un passage obligé pour structurer une filière encore jeune, mais portée par une forte demande et un potentiel de croissance considérable.

Les étapes du réemploi selon le référentiel ReQPR

Image
CSTB ReQPR

1. Dépose et préparation
La dépose est encadrée par des préconisations précises. Si elle est externalisée, un cahier des charges et une attestation d’assurance sont fournis au prestataire.

2. Réception et identification
Chaque gisement est contrôlé à son arrivée. Sont renseignés la famille de produit, la quantité, l’origine, les acteurs impliqués et les éventuelles réserves.

3. Lotification et traçabilité
Les produits sont lotifiés selon des critères définis. La traçabilité est assurée depuis la réception jusqu’à la revente, avec archivage des bons de réception.

4. Reconditionnement
Le centre applique une méthodologie justifiée pour chaque famille de produits, en s’appuyant sur les guides méthodologiques existants. Tri, nettoyage, remise en état et contrôles sont enregistrés et conservés 2 ans.

5. Contrôle final
Chaque produit est vérifié pour garantir sa conformité aux spécifications établies avant revente.

6. Non-conformités
Les écarts sont traités via une procédure dédiée avec actions correctives documentées.

7. Revente et information
Un bon de cession précise le caractère reconditionné du produit. La documentation (fiche technique, notice, entretien) est fournie au client, avec une communication transparente sur le signe ReQPR.

Lien vers le référentiel complet.

Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire