Ze Awards du bâtiment : interview de Rami Jabbour - Directeur Marketing et Communication VALOBAT
VALOBAT, éco-organisme agréé pour la gestion des déchets dans le bâtiment, est partenaire de la 4e édition des Ze Awards du bâtiment. Rami Jabbour, son directeur marketing et communication, nous explique pourquoi il sera heureux de remettre un Ze Awards le lundi 14 octobre 2024 à Paris.
Un service VALOBAT réservé aux artisans du bâtiment
Pourriez-vous nous donner 2 exemples qui illustrent bien l’action de VALOBAT chez un négoce et sur un chantier ?
« Nous avons équipé plus de mille négoces avec des bennes et d’autres contenants pour récupérer les déchets des chantiers des artisans. C’est important d’insister sur ce point, c’est un service VALOBAT réservé aux artisans du bâtiment. Cela leur permet d’optimiser leur temps, car de toute façon, ils viennent dans les négoces pour acheter leurs produits et leurs matériaux. Ils arrivent avec leurs déchets et ils repartent avec leurs produits, ils font d’une pierre deux coups. Cela leur évite aussi d’aller à la déchetterie et leur permet de limiter leurs déplacements. C’est un vrai service de proximité et gratuit, l’artisan doit juste s’assurer de bien trier ses déchets avant de les déposer dans les points de collecte du négoce.
On reprend également les déchets directement sur certains chantiers, mais surtout, on va les aider à bien les trier. Car le principe est toujours le même : si on trie, c’est gratuit. Mais ce n’est pas toujours évident de bien trier les matériaux et les produits. Alors, on va donc les aider avec des guides visuels et des affiches sur les chantiers, avec une hotline dédiée, la hotline du tri, et avec une application mobile, Valodépôt. »
Est-ce que vous proposez aussi des formations ?
« Oui, c’est une grande nouveauté, on vient de lancer nos formations avec une trentaine de formateurs dans toute la France. Elles s’adressent aux artisans, aux entreprises du bâtiment, mais aussi à la maîtrise d'œuvre et la maîtrise d’ouvrage. On met à leur disposition tout le contenu pédagogique de VALOBAT et on se déplace directement sur un chantier si nécessaire. On peut aussi , sur le modèle du quart d’heure sécurité, organiser sur les chantiers, le quart d'heure du tri. »
Comment faire pour générer le moins de déchets possible ?
Vous mettez en avant aussi le réemploi des déchets. Quelle est la différence entre réemploi et réutilisation ?
« Le réemploi consiste à prendre des produits en fin de vie pour leur donner une deuxième vie dans le même dans le même usage. Par exemple, je prends une porte pour fabriquer une autre porte. La réutilisation, c’est récupérer une porte pour la transformer en une table. »
De nombreux artisans sont des champions de la réutilisation. Je pense à des menuisiers ou ébénistes comme Mariette, aka ” Copeaux&Co” ou Stéphane Aria. Avec eux, comme on peut le voir sur leurs réseaux sociaux, les portes deviennent des commodes ou des bibliothèques. On pourrait dire que : « recycler c’est bien, mais réemployer ou réutiliser, c’est encore mieux ! »
« En effet, recycler nécessite de repasser par des process industriels. C’est donc de l’énergie et des émissions carbone supplémentaires. Si on fait du réemploi sur le chantier, on élimine aussi la logistique. »
Voici ce que Thierry Vivier, directeur marketing et communication chez PRESTO, un autre partenaire des Ze Awards, expliquait dans une interview : ” En cas de panne, on envoie immédiatement un nouveau robinet à l’installateur. Ensuite, quand on reçoit le produit défectueux, on analyse la panne et on le répare. C’est pour cette raison que l’on a lancé la vente de produits reconditionnés.” Qu’en pensez-vous ?
« C’est un exemple très intéressant qui permet à l’industrie de proposer une offre de seconde main. La question qui se pose est la suivante : comment faire pour générer le moins de déchets possible ? Ma conviction est que cela ne fonctionnera pas tant que les industriels et les distributeurs ne s’impliquent pas totalement dans cette voie. C’est d’ailleurs pour cette raison que dans quelques semaines on va lancer un appel à projets pour financer des industriels qui vont se lancer dans une démarche de réemploi. »
Les Ze Awards du bâtiment : valoriser les acteurs du changement
Pour la deuxième année consécutive, VALOBAT est partenaire des Ze Awards du bâtiment. Que retirez-vous de votre première expérience ?
« J’aime ce type de cérémonie et je vais vous expliquer pourquoi. Je suis impressionné par l’engagement de certains acteurs du bâtiment. En plus, cette année, j’ai eu la chance de faire partie du jury. Ils mettent en place des démarches extrêmement structurées pour aller de l’avant. Souvent, ce sont des petites entreprises et même des sociétés à une personne comme les artisans. Ils donnent l’exemple et ils font passer le message que c’est possible.
Le secteur du bâtiment ne peut plus continuer comme avant, ne serait-ce qu’un d’un point de vue environnemental. Alors, c’est génial de voir tous ces entrepreneurs qui tentent avec leurs idées et leurs astuces de faire avancer les choses.
Ce qui est intéressant dans une cérémonie comme les Ze Awards du bâtiment, c’est de valoriser cette volonté de conduire le changement de façon positive. »
Vous allez remettre le prix de la transformation durable dans la catégorie des négoces avec un chiffre d’affaires de moins de 500 M., qu’est-ce qu’un Ze Awards peut apporter au vainqueur ?
« Recevoir un prix comme un Ze Awards, ça vient confirmer l’intérêt de leur démarche. C’est leur donner la preuve qu’ils s’engagent sur le bon chemin et qu’ils doivent continuer. C’est un bel encouragement.
Ce n’est pas toujours facile de porter un projet innovant, on est parfois seul contre tous. C’est donc à la fois une sorte de soulagement et une belle récompense pour eux.»
Faire bouger les choses graduellement
Rami, si vous étiez un outil du bâtiment qui correspond à votre personnalité et à la démarche que vous menez chez VALOBAT, quel outil seriez-vous ?
« Je serais un rouleau pour peindre. Avec VALOBAT, on ne veut pas bousculer les acteurs du bâtiment, mais on veut faire bouger les choses graduellement comme si l’on ajoutait sur un mur des couches d’enduit et de peinture. Plusieurs couches sont nécessaires pour que la finition soit parfaite. »
Est-ce que vous pouvez nous dire quelque chose du futur du bâtiment et qui implique bien sûr VALOBAT ?
« On aura réussi notre mission le jour où l’on n'aura plus besoin d'exister. Finalement, le futur, c'est un futur sans VALOBAT. Ce sont les mots de mon président, Hervé de Maistre. Je suis totalement d’accord avec lui.
VALOBAT est un acteur de la transition. Quand on aura fait en sorte que tous les déchets du bâtiment auront trouvé des voies de valorisation, quand le réemploi sera ancré dans nos habitudes, quand le recyclage de tous les matériaux sera possible, alors on n’aura plus besoin de nous. C’est très utopique, mais le futur le plus beau, c’est celui-là. »