Les économies d'énergie partent en fumée en quelques années

Grégoire Noble
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cheminée fumée toit

Deux chercheuses de l’université de Cambridge ont contrôlé l’efficacité dans le temps des travaux d’amélioration de logements en Angleterre (et Pays de Galles) sur les consommations domestiques de gaz. Et les résultats sont décevants : la plupart du temps, les effets bénéfiques disparaissent au bout de quelques années. La faute à l’effet rebond.

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C’est un phénomène bien connu des spécialistes de la rénovation énergétique : les gains espérés, calculés, sont toujours amoindris par des dérives haussières. Davantage d’équipements électriques installés, une température de consigne plus élevée, une augmentation de la surface du logement chauffé… les raisons sont multiples mais le résultat est le même : la consommation d’énergie ne baisse que temporairement, voire pas du tout. En Allemagne déjà, le phénomène avait été observé : malgré 340 milliards d’euros (!) dépensés entre 2010 et 2020, la consommation annuelle moyenne d’un foyer était passée de 131 kWh/m² à… 130 kWh/m²/an. Un gain totalement négligeable. La fédération allemande des bailleurs immobiliers avançait deux explications : l’inefficacité de certains travaux et la recherche accrue de confort de la part des occupants.

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effet rebond visualisé

Trop de véranda

En Grande-Bretagne, deux chercheuses de l’université de Cambridge (Cristina Peñasco et Laura Dìaz Anàdon) ont scruté les consommations de gaz de plus de 55 000 maisons anglaises et galloises qui ont subi des travaux d’isolation des combles ou des murs entre 2005 et 2017. Et le constat est similaire : « Les effets ne durent pas dans le long terme et les économies d’énergie sont nulles quatre ans après les travaux d’isolation des murs et deux ans après ceux d’isolation des combles ». Les causes semblent être les mêmes : un écart entre l’efficacité théorique de la rénovation et sa performance réelle, un effet rebond par changement des habitudes des utilisateurs et, cas particulier à la Grande-Bretagne, une annulation par l’augmentation de la surface de la maison à la faveur d’une extension type véranda… En 2011, 20 % des foyers britanniques en possédaient et le marché a explosé depuis les confinements du Covid.

Ces conclusions – décevantes – sont elles transposables à la France ? Pas exactement. Tout d’abord, les ménages anglais (et gallois) se chauffent principalement au gaz, contrairement à la France où l’électricité est davantage utilisée. Les données de l’étude ensuite, remontent à plus de 15 ans, à une époque où les travaux de rénovation n’étaient pas encore aussi performants qu’aujourd’hui (et les prix de l'énergie pas aussi inabordables). Les habitudes françaises enfin, sont heureusement différentes de celles des sujets de sa gracieuse Majesté : pas de véranda à tout prix de ce côté-ci de la Manche. Pour autant, l’effet rebond est une réalité et les personnes qui ne se chauffaient pas avant, faute d’isolation, le font ensuite avec délectation. Les auteures de l’étude proposent quelques axes de réflexion, notamment un meilleur contrôle des performances post-chantier, une accélération sur les installations de pompes à chaleur – plus efficaces que les chaudières à gaz – et une approche pédagogique avec les occupants afin qu’ils puissent tirer tous les bénéfices de leur « nouveau » logement.

Grégoire Noble
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