"Il faut aider les PME en les laissant travailler avec moins de contraintes", Michel Picon (président U2P)

Grégoire Noble
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Michel Picon président U2P

L’Union des Entreprises de proximité (U2P) organisait un point de rentrée ce 5 septembre : au menu, l’impact des JO sur leur activité, les priorités du gouvernement à venir, le soutien à apporter aux TPE/PME et l’épineuse question de la représentativité. Michel Picon (président) et Jean-Christophe Repon de la Capeb (vice-président U2P) ont évoqué tous les sujets.

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La situation est inquiétante, difficile pour certaines petites entreprises, mais ce n’est pas encore la catastrophe. Tel est en substance le premier message qu’a livré Michel Picon, le président de l’U2P lors du point presse de rentrée, organisé ce jeudi 5 septembre. Évoquant l’actualité des Jeux Olympiques et Paralympiques, il s’est déclaré « satisfait de l’organisation et du succès, d’un grand moment de fraternité faisant chaud au cœur, d’images fortes qui donnent le frisson et montrent un pays capable de se rassembler ». Mais une fois cet événement mondial passé, il faudra faire les comptes. Et tout le monde ne s’y retrouvera pas, notamment certaines entreprises du bâtiment (couvreurs, façadiers) empêchées d’intervenir dans le centre de la capitale et qui ont enregistré une moindre activité… « Une commission d’indemnisation se réunira au début de 2025 : il faudra prouver la causalité entre baisse d’activité et la tenue des JO. Mais l’U2P soutiendra les entreprises qui sont en difficulté, malgré le report de charges qui a été accordé ».

Enfin un pilote à bord ?

Malgré la nomination tardive d’un Premier ministre, la situation politique reste également préoccupante, en particulier pour les TPE. En cause, le manque de visibilité (et d’interlocuteurs) et l’incapacité des élus à se mettre d’accord pour travailler ensemble… Pourtant, deux sujets pourraient faire l’objet d’un consensus selon Michel Picon : « La sécurité qui impacte les petites entreprises, notamment les artisans qui se font voler du matériel dans leurs camionnettes. C’est un sujet qui pèse sur les plus faibles. Et le pouvoir d’achat et la rémunération qui nous préoccupent aussi ». Pour le président de l’U2P, le dialogue social se poursuit sans hystérie dans les PME, directement entre patrons et employés. Mais pas question d’envisager une augmentation brutale du SMIC qui ferait exploser la masse salariale des entreprises, et qui créerait un effet d’accordéon préjudiciable avec les salaires légèrement supérieurs au minima social. Quid de l’évolution de MaPrimeRénov’ ou du soutien à l’apprentissage ? « Est-ce que ça va continuer ? On ne sait pas. Il y a une forme d’attentisme qu’il est urgent de quitter, il faut trouver une solution ». Des milliards d’économies seraient à trouver pour équilibrer le budget 2025. Mais où raboter ? Sur les aides aux entreprises ? Sur le soutien à la consommation ?

L’environnement économique reste, lui aussi, compliqué. « En volume d’activité nous avons -1,4 % au 1er semestre 2024. Les carnets de commandes se tassent, et selon la Banque de France, il y a eu +22 % d’entreprises défaillantes entre juin 2023 et juin 2024, et ce sont en majorité des petites entreprises qui partent au tapis », avance Michel Picon. Or, ces TPE/PME ne peuvent pas faire ce que font les grands groupes : ni optimisation fiscale, ni délocalisation à l’étranger ! Pour le président de l’U2P, « il faut aider les PME en les laissant travailler avec moins de contraintes, pas besoin d’argent public ». Parmi les pistes évoquées, celle d’une baisse des charges sur les salaires, d’une TVA ciblée et d’un relèvement de la CSG. Autre possibilité pour faire des économies : limiter les aides à l’apprentissage (6 000 €/an) aux TPE et PME, pour éviter de verser 1,5 Mrds € aux ETI et grands groupes.

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Repon Picon U2P Capeb

Petite pique à la FFB

Jean-Christophe Repon, 3e vice-président de l’U2P et président de la Capeb, est intervenu sur la situation du BTP : « Sur l’activité du bâtiment, contrairement à d’autres organisations patronales, la Capeb ne crie pas au loup. Elle est en recul (-3 %) à cause du neuf (-6 %) mais la base de notre activité, en entretien-rénovation, reste stable (-0,5 %) ». En revanche, déception sur le segment de la rénovation énergétique (-1,5 %). « Nous avons œuvré avec Christophe Béchu, ex-ministre de la Transition écologique, sur la simplification de RGE, des CEE… pour ouvrir le marché. Nous espérons une loi trans-partisane qui permettrait de réengager rapidement une activité ». Pour le responsable de la Capeb, impossible d’envisager une baisse des aides à la rénovation pour les particuliers. « La décarbonation est une priorité pour la France. Le futur gouvernement doit être engagé fortement ».

Dernier combat pour l’U2P (et la Capeb), la question de la représentativité. Michel Picon refuse d’y voir une « simple chicaya » entre organisations patronales. Et Jean-Christophe Repon insiste : « Les entreprises de proximité ont une importance socio-économique sur l’ensemble du territoire. Notre voix doit être portée davantage, face au grand patronat ». Car lors de négociations, l’U2P ne dispose que d’un représentant, face à 4 ou 5 du Medef et de la CPME. Difficile dès lors de se faire entendre.

Grégoire Noble
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